« Un nouveau chapitre dans les relations Afghanistan-OTAN »
Tribune libre de M. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, pour le Pajhwok Afghan News
Alors que s’achève notre mission internationale de combat en cette fin 2014, nous ouvrons un nouveau chapitre dans les relations entre l’OTAN et l’Afghanistan.
La sécurité de l'Afghanistan sera totalement entre les mains des 350 000 soldats et policiers afghans. Mais les pays membres de l'OTAN, de même que les nombreux partenaires, vont rester sur place pour leur dispenser formation, conseils et assistance. Nous n’allons pas nous en aller.
Cette transition est telle qu’elle a été convenue d'un commun accord entre les dirigeants des pays de l'OTAN et de l'Afghanistan. Elle a été possible grâce au courage et aux compétences des forces de sécurité nationales afghanes, et aussi au dévouement des forces internationales qui ont contribué à leur formation au cours de ces dernières années.
D’horribles attentats ont été perpétrés ces dernières semaines à Kaboul, à Paktika et dans d’autres régions d’Afghanistan, faisant de nombreuses victimes parmi la population civile afghane, y compris des enfants. De courageux soldats et policiers afghans ont perdu la vie afin de garantir la sécurité de leur pays. Nous condamnons ces actes inhumains avec la plus grande fermeté. Que ceux qui en sont les auteurs sachent bien qu’ils n’arriveront à rien.
Les forces de sécurité afghanes sont la fierté et la protection de l’Afghanistan. Elles sont au service de tous les Afghans, et tous les Afghans peuvent en être fiers. Nous sommes à leurs côtés.
Il subsiste certes de nombreux défis, et beaucoup de travail reste à accomplir. Les forces de sécurité afghanes auront encore besoin de notre aide à mesure qu'elles se développeront. Et nous continuerons de leur apporter cette aide.
Notre nouvelle mission, « Resolute Support », rassemblera environ 12 000 hommes et femmes provenant de nombreux pays du monde. Les 28 pays de l'Alliance y contribueront de diverses manières, et 14 pays partenaires se joindront à eux. Les États-Unis seront aux commandes s’agissant de dispenser formation, conseils et assistance dans le sud et dans l’est de l’Afghanistan. L’Allemagne jouera un rôle identique dans le nord, l’Italie dans l’ouest, et la Turquie dans la capitale.
Notre mission a pour base une demande du gouvernement afghan et la Convention sur le statut des forces conclue entre l'OTAN et l'Afghanistan. En outre, le Conseil de sécurité de l'ONU a salué à l'unanimité l'accord conclu entre les deux parties en vue de l'établissement de cette mission, et il a souligné l'importance d'un soutien international continu en faveur de la stabilité de l'Afghanistan.
Nous allons également contribuer au financement des forces de sécurité afghanes. Le président Ashraf Ghani et le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah ont promis que l’aide financière internationale serait gérée de manière efficace, transparente et responsable. C’est important pour nos contribuables, et nous comptons sur le gouvernement d’unité nationale pour tenir cette promesse.
Au-delà des forces et du financement, l’OTAN et l'Afghanistan vont bâtir quelque chose de plus solide encore : un partenariat durable qui reflètera nos intérêts communs, façonnera notre coopération et favorisera notre sécurité commune. Nous renforcerons la coopération pratique, notamment par un développement des capacités des institutions de sécurité afghanes, et nous mènerons un dialogue politique et des consultations régulières sur une série de questions d’intérêt commun.
Nous en avons parlé avec MM. Ghani et Abdullah à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN tenue à Bruxelles début décembre. Ensemble, nous avons décidé de charger une équipe spéciale conjointe d’entamer la mise en pratique de notre partenariat, qui sera bénéfique à nos pays.
Alors que nous commençons à écrire ce nouveau chapitre de notre partenariat, l’heure est également au bilan. Pendant plus de dix ans, l'OTAN et ses partenaires ont été aux côtés de l'Afghanistan. Des contributions ont été fournies par 51 pays, soit plus d'un quart des pays du monde. La Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) représentait la plus vaste coalition militaire de l'histoire récente, mobilisant un effort international sans précédent. Le mandat du Conseil de sécurité de l'ONU consistait à aider les autorités afghanes à assurer la sécurité dans tout le pays et à constituer de nouvelles forces afghanes.
Ce mandat a été exécuté avec grande efficacité, même s'il a fallu payer le prix fort. Nous n'oublierons jamais le sacrifice consenti par les forces internationales et afghanes, qui méritent notre respect et notre gratitude.
Grâce aux efforts remarquables de nos forces, nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé. Nous avons rendu nos pays plus sûrs, en privant les terroristes internationaux d'un sanctuaire. Nous avons rendu l'Afghanistan plus fort, en mettant en place des forces de sécurité auparavant inexistantes qui comptent à présent 350 000 soldats et policiers. Et ensemble, nous avons créé les conditions d'un avenir meilleur pour des millions d'hommes, de femmes et d'enfants d'Afghanistan.
Je me suis rendu en Afghanistan il y a peu. J’y ai vu des soldats de la FIAS sereins et fiers de ce qui a été accompli, malgré des difficultés très nombreuses. J’y ai vu la ferme détermination des forces afghanes. J’ai aussi conversé avec des jeunes Afghans, qui envisagent leur avenir avec beaucoup d’espoir.
L’Afghanistan est un pays déjà bien différent de celui qu’il était voici 13 ans. Il suffit de se souvenir de la situation telle qu’elle était il y a plus de dix ans, après les jours sombres du régime taliban. Très peu d’institutions en place et très peu de sécurité. À Kaboul, les ministères manquaient de téléphones et d’ordinateurs, mais aussi de bureaux et de chaises.
À présent, on dénombre plus de 350 000 soldats et policiers afghans. L’Afghanistan a accompli plus de progrès que n’importe quel autre pays du monde, mesurés selon des indicateurs de développement et de santé de base. La mortalité maternelle diminue, l’espérance de vie augmente, et les médias sont en plein essor. Cette année, des millions de personnes ont exercé leur droit de vote, et un gouvernement d’unité nationale a été constitué.
Ainsi, malgré toutes les difficultés, les Afghans vivent à présent plus longtemps, ils peuvent plus facilement trouver du travail, et ils ont des perspectives d’avenir meilleures que jamais au cours de leur histoire. Le gouvernement est par ailleurs clairement résolu à poursuivre les réformes essentielles, notamment en ce qui concerne la bonne gouvernance, l’obligation de rendre compte et le respect des droits de l’homme, y compris les droits des femmes.
L’année 2015 toute proche verra une nouvelle responsabilité pour l’Afghanistan, une nouvelle mission pour l’OTAN et un nouveau degré de partenariat entre nous. Nous avons œuvré côte à côte pendant plus de dix ans afin de maintenir et de renforcer la sécurité de la population afghane et de nos citoyens. Nous sommes à présent fiers d’écrire ensemble un nouveau chapitre dans nos relations. Pour la sécurité de l’Afghanistan, et pour notre propre sécurité.
« Article de M. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, pour le Pajhwok Afghan News »