L'OTAN parraine un projet visant à réduire le risque terroriste en Mauritanie

  • 28 Aug. 2012 -
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  • Mis à jour le: 12 Sep. 2012 17:46

Au cours des ans, la Mauritanie a eu son lot de conflits. De par son histoire mouvementée, elle se retrouve avec une grande quantité de systèmes antiaériens portables (MANPADS), de missiles sol-air d'épaule et de munitions obsolètes, qui pourraient poser un risque de sécurité pour le pays et pour la population. Dans le cadre d'un fonds d'affectation spéciale OTAN, on s'emploie à présent à détruire ces stocks et à éviter qu'ils ne tombent entre les mains des terroristes.

Lutter contre le risque terroriste

Conçus à l'origine dans les années 50 pour offrir aux forces terrestres un moyen de protection contre les avions ennemis, les MANPADS ont vu leur demande augmenter ces trente dernières années.

« On trouve des MANPADS dans de nombreux pays, » fait remarquer M. Frédéric Peugeot, gestionnaire de projets de fonds d’affectation spéciale à l'Agence OTAN de soutien (NSPA). « Ils sont utilisés pour se protéger des attaques aériennes et sont particulièrement prisés dans les pays où les forces aériennes sont embryonnaires ou inexistantes. »

Mais, lorsqu'ils tombent en de mauvaises mains, ils sont aussi utilisés à d'autres fins. « Les MANPADS sont une arme de choix pour les terroristes, qui peuvent les employer pour tirer sur des avions militaires ou civils, » indique Jean-François Devaux, expert en neutralisation des explosifs et des munitions, détaché de Handicap International. « Avec un minimum de formation, ils peuvent être facilement utilisés et dissimulés. »

C'est dans la prévention de ce type d'attaques que le fonds d'affectation spéciale, dirigé par l’Italie, apporte une aide à la Mauritanie. Le projet assure le financement de la destruction d'environ 1 800 tonnes de munitions, y compris 141 MANPADS, stockés dans vingt dépôts disséminés en Mauritanie.

« Il y a là un impact majeur en termes d'antiterrorisme. En détruisant ces armes, nous nous assurons également qu'elles ne peuvent être volées, » dit Fabio Rugge, représentant de l'Italie auprès du Comité politique et des partenariats (PPC) et coordonnateur pour le projet.

Protéger la population

La sécurité publique est un autre axe essentiel du projet. Au-delà de la destruction de munitions obsolètes, le fonds d’affectation spéciale permettra également de garantir que les munitions restantes ne présenteront pas de risque pour la population. « Ces armes, ces explosifs et ces MANPADS sont stockés dans des conditions de sécurité très précaires et dans des zones habitées, et ils pourraient donc entraîner des pertes civiles en cas d'explosion accidentelle, » fait remarquer M. Rugge.

Deux nouveaux dépôts de munitions, pouvant contenir chacun environ 750 tonnes de munitions, seront construits près d'Aleg et d'Akjoujt. Des mesures de sécurité physique seront mises en place pour garantir un stockage sécurisé. Le personnel recevra une formation à la gestion des dépôts de munitions axée sur les procédures pour la manipulation sans risque, le stockage, la distribution et la maintenance.

Avantages concrets du partenariat

La Mauritanie a rejoint le Dialogue méditerranéen de l'OTAN dès son lancement en 1994. Après la Jordanie, la Mauritanie est le deuxième pays du Dialogue méditerranéen à bénéficier de ce type de soutien via un fonds d’affectation spéciale OTAN. « Ce projet s'inscrit au cœur même du Dialogue méditerranéen, qui a toujours associé dialogue politique et coopération pratique, » souligne M. Rugge.

Outre les 300 000 euros versés par le pays pilote, l'Italie, plusieurs autres pays ont donné leur soutien à ce projet, y compris l'Allemagne, le Luxembourg, l'Espagne, la Suisse, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis. L'organisation non gouvernementale Handicap International a détaché un expert en neutralisation des explosifs et des munitions pour aider à la destruction des MANPADS et autres munitions obsolètes. Environ 1,7 million d'euros, sur les 2,25 millions d'euros prévus, ont déjà été promis pour ce projet, qui doit se terminer en décembre 2012.