Après avoir servi du lait et du pain, il sert maintenant comme expert en transport militaire
Lorsqu'un ami de sa mère lui a proposé une expérience de travail dans une compagnie maritime danoise il y a 50 ans, Ole Juul Hansen ne s'attendait pas à finalement y passer toute sa carrière. Il n'aurait jamais pensé non plus mettre à profit ces connaissances en transport maritime et son expérience acquise dans les guerres du Golfe pour aider l'OTAN dans ses opérations. Pourtant, c'est exactement ce qui s'est passé.
« Quand j'avais 6-7 ans, j'apportais le lait et le pain aux clients dans le magasin de ma mère, » dit-il. « L'un d'eux était un haut responsable à la DFDS, un opérateur de ferry. Ma mère pensait que grâce à ce gars, je pourrais bien démarrer dans la vie. »
Une expérience riche
Cette impression s’est révélée vraie. Ayant travaillé à mi-temps pour la DFDS en tant que militaire, puis lors des deux guerres du Golfe, pendant la Guerre froide et pendant des dizaines d'années d'exercices opérationnels le long de la côte norvégienne, Juul Hansen a accumulé une somme d'expériences considérable. Aujourd'hui, il la met à profit pour aider les pays membres de l'OTAN et les conseiller sur les meilleures méthodes de transport maritime dans le monde entier.
« Je me suis spécialisé dans les navires rouliers, qui permettent aux militaires de se rendre rapidement sur une zone d'opérations, d'y décharger le fret et de partir en très peu de temps, » explique-t-il. « Nous pouvons charger environ 3 000 véhicules en moins de quatre heures et les décharger en deux heures, deux heures et demie. »
En 1975, il a commencé à travailler avec les militaires lors d'exercices de transport. Dans les dix ans qui ont suivi pratiquement, il a fourni des bâtiments de transport pour le ministère de la Défense britannique, en particulier lors des guerres du Golfe, mais également pour tous les grands exercices OTAN en Europe. Quelque treize ans plus tard, Juul Hansen a commencé officiellement à travailler avec le Groupe Transports de l'OTAN. Ce Groupe établit des mécanismes de coordination des moyens de transport civil mis à la disposition de l’Alliance par les pays dans des domaines tels que l’évacuation de masse et l’évacuation sanitaire.
« Mon travail au sein du Groupe Transports de l'OTAN et d'autres organismes OTAN consiste essentiellement à informer les pays sur la disponibilité des rouliers, des ferrys et des bateaux de croisière, et sur la manière de les employer en temps de guerre ou de conflit, voire même lors de catastrophes naturelles, » explique-t-il. « Encore aujourd'hui, la partie la plus intéressante de mon travail est de collaborer avec les militaires car je suis associé dès le départ aux travaux de planification visant à résoudre les problèmes de transport ».
Pas toujours une mer d'huile
Parfois pourtant les choses ne se déroulent pas comme prévu. Il est arrivé qu'en raison de l'étroitesse des chenaux, lui et son équipe aient dû improviser et jeter l'ancre au hasard des routes côtières pour décharger des blindés sur un ponton flottant, ou que les choses se soient tellement mal passées que le déchargement ait dû être retardé.
Juul Hansen insiste : ils ont toujours joué la sécurité. Toutefois, il se rappelle que pendant la première guerre du Golfe, il avait affrété un bâtiment pour le ministère de la Défense britannique au départ d'Anvers, en Belgique, pour rejoindre Al Jubail, en Arabie saoudite. Au lieu de suivre le plan de Juul Hansen, les dockers – appelés aussi « débardeurs » – avaient placé des conteneurs en métal trop haut sur les côtés de l'entrepont du navire et avaient ensuite disposé des véhicules au milieu.
« Au moment de traverser le Golfe de Gascogne par gros temps, les gerbes de conteneurs se sont écroulées et ont endommagé pratiquement tous les véhicules, » explique-t-il. « Nous avons dû faire une escale improvisée à Gibraltar pour décharger tout le fret endommagé et charger de nouvelles marchandises avant de pouvoir continuer. »
Exercices d'entraînement
En plus de conseiller les pays sur les meilleures méthodes de transport, Juul Hansen participe également à des exercices d'entraînement pouvant rassembler jusqu'à 50 pays, y compris les pays partenaires de l'OTAN. « Les exercices sont importants pour l'OTAN, et avant tout pour les entreprises civiles, parce que l'on apprend toujours de l'expérience des autres, » explique-t-il. « Il est plus facile d'apprendre en condition d'exercice plutôt qu'en situation de détresse. La durée de l'exercice et sa planification offrent davantage de temps pour apprendre. »
« Les exercices OTAN et les actions réelles montrent au reste du monde que l'Organisation est efficace, forte et prompte à réagir. » dit-il.