Deux anniversaires marquent des étapes importantes dans les relations OTAN-Russie

  • 27 May. 2012 -
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  • Mis à jour le: 07 Jun. 2012 09:41

Il y a quinze ans, le 27 mai 1997, la signature de l'Acte fondateur OTAN-Russie a constitué le point de départ formel de la coopération bilatérale. Et il y a dix ans, le 28 mai 2002, la création du Conseil OTAN-Russie a offert aux Alliés et à la Russie un forum, où ils se réunissent pour discuter et coopérer d'égal à égal sur des enjeux d'intérêt commun. Animée par un esprit de pragmatisme face aux défis de sécurité partagés, la relation a beaucoup progressé depuis ces deux grandes étapes, mais elle n'a pas encore réalisé tout son potentiel stratégique.

Au récent sommet de Chicago, les dirigeants des pays de l’OTAN ont salué les progrès importants de la coopération enregistrés au fil des ans, et ils ont redit leur souhait de voir s'établir un véritable partenariat stratégique entre l'OTAN et la Russie, comme ils en étaient convenus au sommet du Conseil OTAN-Russie de Lisbonne, en 2010.

Reconnaissant que des divergences subsistent sur des sujets spécifiques – comme la Géorgie, la défense antimissile ou l'intervention menée par l'OTAN en Libye en application de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU –, les Alliés ont souligné la nécessité d'améliorer la confiance, la transparence réciproque et la prévisibilité.

Construire la sécurité ensemble en développant davantage encore la coopération pratique sur des défis de sécurité communs, comme les enjeux liés à l’Afghanistan, le terrorisme, la piraterie et, en particulier, la défense antimissile, est le meilleur moyen d'aller de l'avant.

La relation entre l’OTAN et la Russie a enregistré des progrès remarquables au fil des ans.

Progrès

Le dialogue et le renforcement de la confiance au début des années 90 ont rapidement porté leurs fruits : des soldats russes se sont ainsi déployés aux côtés de leurs homologues alliés dans le cadre de la première opération de maintien de la paix dirigée par l'OTAN en Bosnie-Herzégovine, formant alors le plus gros contingent non OTAN.

La signature de l'Acte fondateur en 1997 a élargi et approfondi le cadre de la coopération.

Malgré des divergences quant à la campagne aérienne menée par l'OTAN au Kosovo au printemps 1999, la Russie a joué par la suite un rôle diplomatique notable dans le règlement de la crise et a déployé des soldats de la paix à l'appui de la Force pour le Kosovo (KFOR).

Au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001, la relation OTAN-Russie a reçu une impulsion et une substance nouvelles. Conscients de la nécessité de mener une action coordonnée face aux menaces communes, les Alliés et la Russie ont décidé, en 2002, de créer le Conseil OTAN-Russie (COR) afin de renforcer le dialogue et la coopération dans les domaines d'intérêt commun.

À la suite de l'action militaire menée par la Russie en Géorgie début août 2008, les Alliés ont suspendu les réunions formelles du COR. Celles-ci ont repris en 2009.

Un Bureau d'information de l'OTAN et une Mission de liaison militaire à Moscou continuent d'aider à promouvoir la coopération et à construire la confiance. La mission diplomatique de Russie auprès de l'OTAN et les antennes militaires ouvertes par la Russie dans les quartiers généraux des deux grands commandements de l'OTAN facilitent également la coopération.

La construction de la confiance par la coopération pratique

Les divergences persistantes sur des sujets clés ne doivent pas pour autant occulter le bilan très positif de la coopération OTAN-Russie sur les préoccupations sécuritaires communes.

Il faut souligner avant tout que l'OTAN et la Russie ont l'une et l'autre intérêt à ce que l'Afghanistan soit stable et sûr, dans une région en paix. Plusieurs initiatives sont en cours pour aider à stabiliser le pays. Un projet OTAN-Russie a pour objet d'aider les forces armées afghanes à exploiter et à maintenir en condition leur flotte d'hélicoptères, à l'heure où le transfert aux Afghans de la responsabilité de la sécurité devient effectif. La formation de techniciens à la maintenance des hélicoptères de l'armée afghane a débuté sur le sol russe en avril 2012. Dans le cadre d'un autre projet, également réussi, quelque 2 000 agents de la lutte antidrogue d'Afghanistan, d'Asie centrale et du Pakistan ont suivi à ce jour une formation, ce qui contribue à développer une capacité régionale face à la menace du trafic de stupéfiants. Les travaux ont également bien avancé sur l'élaboration d'arrangements de transit retour multimodal pour l'acheminement de fret non létal de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS). La Russie, soulignant son engagement partagé en faveur de la sécurisation de l'avenir de l'Afghanistan, a envoyé un représentant spécial à la réunion élargie sur la FIAS qui s'est tenue au sommet de Chicago.

Dans le domaine de la lutte antiterroriste, l'Initiative sur l'espace aérien en coopération (CAI) – qui vise à empêcher les terroristes d'utiliser un avion pour lancer une attaque comme celles du 11‑Septembre – est désormais opérationnelle. Un autre projet porte sur le développement de technologies devant permettre la détection à distance de dispositifs explosifs dans les transports en commun, et des essais sont prévus pour 2013. Le premier exercice civilo-militaire sur table de lutte contre le terrorisme, basé sur un scénario fictif d'incident terroriste en haute mer, s'est déroulé en mars 2012. Il s'est révélé très utile en permettant à l'OTAN et à la Russie de débattre des moyens d'opérer – et de coopérer – si un tel incident devait réellement se produire. Et il a renforcé encore davantage la coopération déjà menée dans la lutte contre le terrorisme. La lutte contre les engins explosifs improvisés constitue également un axe important des travaux en cours.

Des initiatives sont menées pour renforcer la coopération sur la lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique, notamment en améliorant les canaux de communication pendant les opérations navales. La coopération entre militaires est également axée sur la logistique, la lutte antiterroriste, la recherche et le sauvetage en mer, la défense contre les missiles de théâtre et les échanges entre académies militaires.

Au sommet de l’OTAN, tenu à Lisbonne en novembre 2010, l'OTAN a invité la Russie à explorer des possibilités de coopération sur la défense antimissile. Les discussions se poursuivent sur ce thème.

Au sommet de Chicago, les dirigeants des pays de l’OTAN ont souligné que la capacité de défense antimissile prévue par l'OTAN n'était pas dirigée contre la Russie et ne porterait pas atteinte à son potentiel de dissuasion stratégique. Elle est destinée à assurer la défense contre des menaces potentielles venues d'au-delà de la zone euro-atlantique. Bien que regrettant les mesures et les déclarations récurrentes de la Russie dirigées contre le système de défense antimissile de l'OTAN, les Alliés se sont félicités de constater que la Russie était disposée à poursuivre le dialogue afin de trouver un moyen de développer la coopération future sur la défense antimissile.

L'OTAN est déterminée à travailler dans le cadre du Conseil OTAN-Russie pour déterminer la manière dont les systèmes de défense antimissile indépendants de l'OTAN et de la Russie pourraient être associés pour renforcer la sécurité européenne. Les Alliés attendent avec intérêt l'établissement du Centre conjoint OTAN-Russie de fusion des données sur la défense antimissile qu'il est proposé de créer et du Centre conjoint des plans et opérations. Ils ont également proposé d'élaborer un nouveau régime de transparence fondé sur l'échange régulier d'informations concernant les capacités de défense antimissile existantes respectives de l'OTAN et de la Russie.

La coopération sur la défense contre les missiles de théâtre se poursuit, et un exercice assisté par ordinateur s'est déroulé en Allemagne, en mars 2012. Cet exercice a constitué une bonne occasion d'élaborer, d'étudier et d'évaluer différentes options envisageables pour la conduite de la défense antimissile en Europe.

Le développement de la coopération pratique dans ces domaines, et dans d'autres encore – en particulier la défense antimissile –, contribuera à accroître la confiance mutuelle.

C'est le meilleur moyen de concrétiser l'engagement pris à Lisbonne, en novembre 2010, par les dirigeants des États membres du COR d'« œuvrer à conclure un véritable partenariat stratégique modernisé fondé sur les principes de la confiance, de la transparence et de la prévisibilité réciproques, afin de contribuer à la création d’un espace commun de paix, de sécurité et de stabilité ».