Projets faisant appel à un fonds d’affectation spéciale de l’OTAN consacré à l’élimination de munitions dangereuses en Azerbaïdjan
Jeyranchel, dans le nord-est de l’Azerbaïdjan, s’étend sur environ 62 km2 le long de la frontière avec la Géorgie. C’était l’emplacement d’un polygone de tir réel utilisé de 1955 à 1991 par l’ex-armée soviétique. Aujourd’hui, le polygone, laissé à l’abandon, est jonché de munitions non explosées.
Un projet d’une durée de six ans faisant appel à un fonds d’affectation spéciale de l’OTAN ayant été mené à bien à Saloglu, un projet semblable a été mis en place pour aider l’Azerbaïdjan à poursuivre l’enlèvement d’armes meurtrières, héritage de l’ère soviétique.
Renforcement des moyens déjà en place
La région de Jeyranchel est encore couverte de nombreux projectiles de chars, obus d’artillerie, bombes qui n’ont pas explosé et autres types de munitions explosives non explosées (UXO). Il est possible qu’il y ait encore des mines antichars dotées de simulateurs actifs capables de blesser gravement les personnes qui poseraient le pied dessus, mais aussi des décharges de munitions, d’autres explosifs abandonnés et des mines antipersonnel actives.
La grande quantité d’UXO, dont la plupart sont enfouis, rend leur élimination à la fois complexe et dangereuse. Cette opération nécessite de réelles compétences dans le domaine du déminage.
Pour mener à bien ce projet, l’Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement (NAMSA) fera appel à un organisme sur place qui s’est déjà révélé très utile : l’Agence nationale azerbaïdjanaise de lutte contre les mines (ANAMA). Cette agence, qui a acquis son savoir-faire au cours des dix dernières années et dans le cadre du premier projet qui faisait appel à un fonds d’affectation spéciale à Saloglu (Azerbaïdjan), possède l’expérience nécessaire pour entreprendre cette opération complexe.

« La NAMSA et l’ANAMA comprennent parfaitement les problèmes techniques et de gestion que posent les projets d’élimination de munitions dans la région. Le projet de Jeyranchel permettra à l’ANAMA de continuer à développer ses moyens au niveau de la région », déclare Nazim Ismayilov, directeur de l’ANAMA. « Il importe que l’ANAMA poursuive ses activités afin d’entretenir les compétences de son personnel, qui risque sinon d’être recruté ailleurs dans la région », précise-t-il.
« Ce projet assure le renforcement des compétences de l’ANAMA », souligne Rigo Garza, spécialiste des questions politiques à la Mission des États-Unis auprès de l’OTAN. « L’Azerbaïdjan, qui avait au départ très peu d’expérience dans ce domaine, exporte aujourd’hui ses compétences de déminage vers d’autres pays », ajoute-t-il.
Permettre aux habitants d’utiliser les terrains sécurisés
L’hiver, les agriculteurs de la région font paître leur bétail dans les herbages de Jeyranchel. Mais les UXO constituent une menace pour eux et pour la police des frontières qui effectue des patrouilles dans cette zone éloignée. « Il y a eu plusieurs incidents dans la région dus à des explosions de mines ou d’UXO, » déclare David Towndrow, qui travaille pour la NAMSA. L’instabilité des UXO augmentant au fil des années et leur récupération devenant de plus en plus difficile, elles constituent une menace grave pour les habitants de la région tant du point de vue humanitaire et socio-économique que du point de vue environnemental.
« Ce projet bénéficiera réellement à la population puisqu’il éliminera les dangers que posent les UXO et les mines non explosées et qu’il créera des emplois, » explique Sabina Sarkarova, administratrice principale du département planification et développement à l’ANAMA.
Pour le gouvernement azerbaïdjanais, le nettoyage du terrain contaminé a principalement pour objet de sécuriser l’endroit pour les agriculteurs et pour la police des frontières. « Ce projet de l’OTAN a pour vocation de contribuer aux opérations humanitaires en Azerbaïdjan », précise M. Garza.
Mais l’élimination des UXO ne contribuera pas seulement à la sécurité des habitants, elle permettra aussi aux autorités locales de concrétiser des projets de développement agricole dans la région et d’autoriser l’accès à d’importants sites archéologiques et historiques.
Les autres grandes priorités sont d’assurer la sécurité et de limiter les risques de menace terroriste. Les oléoducs et gazoducs Bakou‑Tbilissi‑Ceyhan passent juste au sud de la région de Jeyranchel. L’élimination des explosifs à l’abandon à proximité de ces pipelines internationaux importants sur le plan stratégique permettra aussi d’accroître la sécurité de l’Azerbaïdjan.
Sécurisation de Jeyranchel

Le coût de ce projet est estimé à un peu plus de 3 millions d’euros. Pays pilote du projet, les États-Unis verseront 270 000 euros par an pendant deux ans, l’Azerbaïdjan, pour sa part, prenant en charge la moitié du coût total du projet. Le reste sera financé par des contributions volontaires de pays membres et non membres de l’OTAN.
Il s’agira pour l’essentiel d’assainir, sur une période de 28 mois, une superficie de 19 km2 dans la partie occidentale de l’ancien polygone d’entraînement de l’armée soviétique. Comme à Saloglu, c’est la NAMSA qui dirige ce projet, l’ANAMA faisant fonction d’agent d’exécution sur place.
Lorsqu’une équipe de 30 artificiers aura été formée et équipée, une zone de sept kilomètres carrés sera nettoyée, cette opération durera 14 mois. Les 14 mois suivants seront consacrés à l’assainissement des 12 km2 restants.
Développement de la coopération
Ce projet n’est pas seulement le gage d’une coopération concrète entre l’OTAN et l’Azerbaïdjan, c’est aussi le signe d’un approfondissement des relations entre les États-Unis et un partenaire estimé.
« Il témoigne d’un plus grand engagement entre l’OTAN et l’Azerbaïdjan », dit M. Garza. Cependant, ce projet est aussi le symbole d’un engagement bilatéral en faveur du développement des relations entre l’Azerbaïdjan et les États-Unis. « Les relations entre l’Azerbaïdjan et les États-Unis se sont considérablement développées ces cinq à dix dernières années, et surtout ces deux dernières années. Ce projet représente un nouveau degré de notre engagement, » ajoute-t-il.