L’OTAN parraine un projet visant à sécuriser les dépôts de munitions dangereux au Tadjikistan

  • 31 Jan. 2012 -
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  • Mis à jour le: 09 Feb. 2012 11:55

Quinze ans après la fin de la guerre civile, le Tadjikistan se retrouve avec des milliers de tonnes de munitions entreposées sans aucune mesure de sécurité sur des sites improvisés, disséminés sur tout le territoire. Hormis les nombreuses caches connues, plusieurs autres n’ont pas encore été découvertes et représentent un risque de sécurité majeur pour la population. Un projet financé par un fonds d’affectation spéciale du Partenariat, lancé officiellement le 31 janvier, devrait bientôt aider le pays à faire face à cette menace.

Des risques élevés pour la sécurité

Suite à l’éclatement de l’URSS, l’ancienne République soviétique du Tadjikistan a connu une guerre civile, de 1992 à 1997. Lorsque celle-ci a pris fin, de nombreuses caches d’armes et de munitions ont été laissées sans surveillance et oubliées. Bon nombre de ces stocks abandonnés se détériorent dans des conditions dangereuses et deviennent de plus en plus instables au fil des ans.

« Ces espaces de stockage sont souvent délabrés et trop petits, et on y a mis les unes à côté des autres des munitions qui ne devraient pas être entreposées au même endroit », a déclaréAlexander Griffiths, de la Fondation suisse de déminage (FSD), une ONG spécialisée dans les opérations de déminage et de contrôle des munitions à travers le monde, notamment au Tadjikistan. Et de souligner : « La plupart des sites de stockage sont de simples entrepôts mal entretenus et dangereux. »

Les caches d’armes et de munitions attirent des organisations criminelles en quête de bombes aériennes, d’obus, de mortiers, de mitrailleuses lourdes, de lance‑roquettes et de missiles surface-air tirés à l'épaule.

Un autre danger découle du fait que certains composants se détériorent au fil du temps et deviennent très instables. Dans ce pays aux étés très secs, durant lesquels les températures peuvent atteindre jusqu’à 50°C, les risques d’incendie susceptibles de faire exploser les munitions sont bien réels.

À la recherche de caches d’armes non répertoriées

Les efforts entrepris par des organismes internationaux tels que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et par le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont porté principalement sur le déminage et la sécurisation des stocks de munitions connus. Il reste encore à traiter le problème des stocks cachés. « Jusqu’à présent, nous avons mis au jour environ 30 000 tonnes d’armes et de munitions, mais nous sommes convaincus qu’il en existe beaucoup plus », fait remarquer M. Griffiths.

L’OTAN a accepté de développer, avec le Tadjikistan, un projet financé par un fonds d’affectation spéciale du Partenariat, dans le but d’aider à localiser les caches non répertoriées afin de les sécuriser ou de procéder à leur élimination. Ce projet, dont le coût est estimé à plus de 575 000 euros, a été lancé suite à aux accords officiels signés au siège de l’OTAN, le 31 janvier 2012. Pour l’ambassadeur du Tadjikistan en Belgique, M. Rustamjon Soliev, ces accords constituent « la première étape de la coopération avec les Alliés ».

L’OTAN espère que ce projet, qui vise à sécuriser les stocks non répertoriés, aidera à empêcher le commerce illégal transfrontalier de munitions. La tâche est rendue plus difficile à cause de la frontière méridionale avec l’Afghanistan, où le contrôle de la sécurité devrait être transféré en totalité aux forces de sécurité nationales afghanes d’ici à la fin de 2014.

Portée du projet

Des ingénieurs militaires et des soldats tajik seront recrutés, formés et déployés au sein d’une équipe chargée de la neutralisation des armes et des munitions (WAD), sous la supervision de l’Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement (NAMSA), une fois le financement nécessaire obtenu.

Pendant douze mois, cette équipe travaillera avec les agences gouvernementales et les communautés locales afin de repérer et d’éliminer les stocks de munitions dangereuses, en assurant une coordination avec trois autres groupes WAD gérés par la FSD, qui opère déjà au Tadjikistan selon différents cadres. Les armes et les munitions encore utilisables seront sécurisées et transférées vers des installations de stockage appropriées.

L’équipe, qui sera formée par la FSD, fera également un inventaire des stocks de munitions situés à proximité de la frontière méridionale avec l’Afghanistan, et proposera des méthodes pour améliorer la sûreté et la sécurité. « Les projets de ce type peuvent non seulement aider à sauver des vies, mais aussi à sauvegarder l’environnement », souligne M. Antonios Chatzidakis, directeur général de la NAMSA.

Le Royaume-Uni et le Japon unissent leurs efforts

Les projets financés par un fonds d’affectation spéciale du Partenariat sont conçus pour permettre aux pays contributeurs de mettre en commun leurs ressources afin d’aider les pays partenaires dans leurs projets de démilitarisation et de réforme de la défense. Pour le projet concernant le Tadjikistan, le Royaume-Uni et le Japon sont les deux principaux contributeurs.

Le Royaume-Uni, qui dirige le projet, a fourni une contribution de 100 000 livres sterling. « Nous sommes très heureux d’être à la tête du premier projet de ce type mené au Tadjikistan », a déclaré l’ambassadeur du Royaume-Uni auprès de l’OTAN, M. Mariot Leslie. Et d’ajouter : « En sécurisant les sites et en détruisant les surplus de munitions, le Royaume-Uni, les autres pays contributeurs et l’OTAN concourent de façon significative à garantir la sécurité de la région. »

Le Japon a fourni une contribution initiale de 100 000 euros, ce qui a permis de financer l’étude de faisabilité du projet, présentée aux pays de l’OTAN en mars 2011. « Le Tadjikistan n’est qu’un aspect de la coopération entre le Japon et l’OTAN en matière de sécurité régionale », a déclaré M. Kurato Shiraishi, premier secrétaire de l’ambassade de son pays en Belgique. « La sécurité de la région et de la communauté internationale fait partie de nos préoccupations car il y va de notre intérêt », a-t-il ajouté. Le Japon a déjà aidé à financer des projets similaires dans d’autres pays, notamment en Afghanistan, en Azerbaïdjan et en Géorgie.

Grâce à la signature du mémorandum d’entente, ce 31 janvier, il sera plus aisé de persuader d’autres pays de contribuer sur une base volontaire à cet important projet.