Les 20 ans de la Déclaration de Londres, qui a marqué la naissance d'une nouvelle OTAN

  • 05 Jul. 2010 - 06 Jul. 2010
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  • Mis à jour le: 09 Jul. 2010 16:04

« Aujourd'hui, notre Alliance amorce une profonde transformation. De concert avec tous les pays d'Europe, nous sommes déterminés à créer un état de paix durable sur ce continent. » La publication de la Déclaration de l'OTAN sur une Alliance de l'Atlantique Nord rénovée, au sommet de Londres des 5 et 6 juillet 1990, est un moment marquant dans l'histoire de l'Alliance.

À l'ouverture de cette réunion historique, le secrétaire général de l'OTAN de l'époque, Manfred Wörner, souligne l'importance de ce moment : « La Guerre froide appartient désormais au passé. Laissant derrière elle une période d'affrontement, notre Alliance s'engage sur la voie de la coopération. […] Jamais l'Europe n'a eu une occasion aussi réelle de dépasser le cycle de la guerre et de la paix qui a empoisonné son histoire. »

Avec la Déclaration de Londres, les dirigeants des pays alliés apportent une réponse aux changements radicaux intervenus dans l'environnement de sécurité peu après la chute du Mur de Berlin en novembre 1989. Cette déclaration crée les conditions préalables à la transformation de l'OTAN de l'époque de la Guerre froide, et elle jette les bases qui permettront à l’Alliance de devenir ce qu’elle est aujourd'hui.

« L'Europe est entrée dans une ère nouvelle. […] Les peuples d'Europe déterminent leur propre destin. Il font le choix de la liberté, du libéralisme économique, de la paix. Ils font le choix d'une Europe entière et libre. Il faut donc que notre Alliance s'adapte à la situation, et elle ne manquera pas de le faire. »

« Plus que jamais, l'Alliance doit susciter le changement. Nous pouvons aider à l'édification des structures d'une Europe plus unie, en mettant au service de la sécurité et de la stabilité la force que nous donne notre foi commune dans la démocratie, le respect des droits de l'individu et le règlement pacifique des différends. »

(Déclaration de Londres, juillet 1990)

L'approche nouvelle et plus large de la sécurité adoptée par l'OTAN se concrétise par la publication, en novembre 1991, d'un nouveau concept stratégique pour l'Alliance. Les Alliés réexamineront à nouveau le concept stratégique en 1999, pour tenir compte de la nécessité pour l'Alliance de s'adapter aux nouveaux changements intervenus dans l'environnement de sécurité.

Aujourd'hui, à la veille du sommet de Lisbonne qui se tiendra en novembre 2010, les Alliés mènent des débats approfondis sur l'élaboration d'un nouveau concept stratégique pour l'Alliance. Le moment est bien choisi pour jeter un regard rétrospectif sur le processus de transformation qui fut lancé au sommet de Londres, et se remémorer les principes essentiels sur lesquels l'Alliance repose et qui sont à la base de son aptitude à la continuité mais aussi au changement.

Partenariats

En 1990, à la conférence de Londres, les Alliés reconnaissent que « dans l'Europe nouvelle, la sécurité de chaque État est indissociablement liée à celle de ses voisins. » Ils tendent la « main de l’amitié » au-delà du traditionnel clivage Est-Ouest et proposent d'établir de nouvelles relations en coopération avec tous les pays d'Europe centrale et orientale.

La Déclaration de Londres présente des propositions visant à développer la coopération avec les anciens adversaires de l'OTAN du temps de la Guerre froide, grâce à toute une gamme d'activités à caractère politique et militaire. Elle souligne qu'il est important de promouvoir la maîtrise des armements et les mesures de confiance, et propose d'établir des contacts diplomatiques et militaires réguliers.

Ces différents éléments ouvrent la voie à la création, en décembre 1991, du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA), cadre réunissant l'OTAN et ses nouveaux pays partenaires pour des discussions sur des sujets d'intérêt commun – il s'agit là du premier instrument officiel de l'OTAN au service de la coopération avec les pays non membres. (Le CCNA deviendra en 1997 le Conseil de partenariat euro-atlantique.)

À cette époque, l'Europe vit des changements tels que la réunion inaugurale du CCNA est elle-même le théâtre d'un événement historique. En effet, au moment de l'approbation du communiqué final, l'Ambassadeur de l’Union soviétique annonce que l'Union a été dissoute et qu'il ne représente plus désormais que la Fédération de Russie.

Nouveaux défis de sécurité

Au sommet de Londres, le secrétaire général de l'OTAN Manfred Wörner lance cette mise en garde : « Mais l'Europe n'est pas encore à l'abri de tout danger. L'Alliance, qui a tant contribué à l'effacement de la douloureuse division de l'Europe, doit assumer toutes ses responsabilités, aux côtés d'autres institutions occidentales, pour faire profiter chaque nation européenne de la stabilité et de la sécurité dont bénéficient ses propres membres. »

« Il subsiste de nombreux risques d'instabilité, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du continent, et il nous faut aujourd'hui nous prémunir contre ces dangers si nous ne voulons pas en être demain les victimes », prévient-il.

Il explique que l'OTAN va exercer une influence déterminante dans quatre domaines. Il s’agira de liquider l’héritage de la Guerre froide, d’aider à la mise en place d'une nouvelle architecture de sécurité européenne, de faire en sorte que l'Allemagne réunifiée adhère à l'Alliance, et de continuer à prévenir la guerre.

Transformation

La Déclaration de Londres évoque les travaux en cours sur l’adaptation de l’Alliance aux circonstances nouvelles, ces travaux ayant été lancés par les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN à une réunion tenue à Turnberry un mois auparavant, en juin 1990.

La transformation de l'OTAN concerne la révision des plans de défense et des plans de forces, ainsi que la transition vers une présence en avant réduite et vers une dépendance moins grande à l’égard de l’arme nucléaire. La Déclaration en appelle aussi à une restructuration des forces des pays membres de l’OTAN, celles-ci devant être moins nombreuses, plus mobiles et polyvalentes, afin que les dirigeants alliés disposent de la plus grande souplesse pour décider de la conduite à tenir face à une crise.

Les dirigeants des pays alliés réaffirment également que « la sécurité et la stabilité n'ont pas une dimension exclusivement militaire », et ils font part de leur intention de renforcer l’élément politique de l’Alliance, en vertu de l’article 2 du traité fondateur de l’OTAN.

Réexamen du concept stratégique de l'OTAN

S'appuyant sur les décisions prises à la conférence de Londres, le concept stratégique de 1991 reconnaît que si la défense reste un volet indispensable, il est désormais possible d'accorder plus de place aux aspects économiques, sociaux et environnementaux afin de promouvoir la stabilité et la sécurité dans l’ensemble de la région euro-atlantique. Le dialogue et la coopération vont être au cœur de l'approche nécessaire pour faire face à la diversité des défis auxquels l'Alliance se trouve confrontée.

Les principaux objectifs consistent dorénavant à réduire le risque de conflits découlant d'un malentendu ou d'un acte délibéré et à améliorer la gestion de crises qui mettent en cause la sécurité des Alliés, à accroître la compréhension mutuelle et la confiance entre tous les États européens et à étendre les possibilités de créer un partenariat authentique face aux problèmes de sécurité communs.

Dans les années qui suivront, l’intérêt opérationnel des partenariats, qui ont contribué à développer la capacité des forces de l'OTAN à coopérer avec celles des pays non membres, va être mis en évidence par les contributions que des pays non membres vont apporter aux opérations dirigées par l’OTAN dans les Balkans.

Le concept stratégique de l'OTAN sera à nouveau réexaminé en 1999, pour tenir compte de la nécessité de poursuivre la transformation de l’Alliance afin qu'elle puisse s’adapter aux nouveaux changements intervenus dans l'environnement de sécurité et au rôle de plus en plus important qu’elle est amenée à jouer dans les domaines de la gestion des crises et du maintien de la paix. Le concept stratégique de 1999 soulignera l’importance du renforcement des partenariats avec les pays non membres et de la coopération avec les autres organisations internationales.

Aujourd’hui, le nouveau concept stratégique de l'OTAN, qui doit être publié au sommet de Lisbonne en novembre 2010, fait l’objet de consultations et de débats. L’Alliance poursuit son processus de transformation pour pouvoir faire face plus efficacement aux défis de sécurité du XXIe siècle, qui évoluent constamment. Pourtant, les principes essentiels énoncés il y a 20 ans dans la Déclaration de Londres sont encore d’actualité.