L’OTAN met à l’honneur d’éminentes femmes de science
La Journée internationale des femmes et des filles de science est l’occasion de dresser le portrait de trois scientifiques qui jouent un rôle de premier plan dans des activités relevant du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS).
Mme Zehra Yeğingil
La Journée internationale des femmes et des filles de science, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2015 et célébrée le 11 février, vise à rappeler que les femmes et les filles ont un rôle prépondérant à jouer dans le monde des sciences et des technologies et qu’elles devraient y être plus présentes. Retrouvez ci-dessous les témoignages de trois femmes exceptionnelles qui dirigent d’importants projets de l’OTAN dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM).
Née à Ankara (Turquie), Mme Zehra Yeğingil est physicienne nucléaire. Elle dirige un projet SPS pluriannuel (Détermination de la dose de rayonnement absorbée et identification de la nature de la substance dans des situations d’urgence radiologique) qui vise à développer un petit détecteur portatif capable de mesurer précisément et rapidement la dose de rayonnement absorbée par un individu.
À l’école, Mme Yeğingil était l’une des élèves les plus brillantes de sa classe, surtout en sciences.
« Lorsque je suis entrée au département de physique de l’Université technique du Moyen-Orient, en 1973, nous n’étions que cinq filles sur 40 étudiants. J’adorais les sciences comme d’autres adorent la musique ; c’était une véritable passion. »
C’est en tant que chercheuse postdoctorale qu’elle a participé pour la première fois aux activités du programme SPS, une expérience qui a été décisive pour ses recherches et son développement professionnel. « Lorsque j’étais jeune chercheuse, j’ai été associée à des projets bénéficiant de subventions OTAN. Cela a dopé le volume de mes publications et eu un effet déterminant sur ma carrière professionnelle. »
Mme Yeğingil a dû surmonter plusieurs obstacles en tant que jeune femme travaillant dans les domaines STEM. Elle est convaincue qu’il est important que les femmes participent au progrès scientifique. « Je l’ai moi-même constaté : Les études scientifiques sont ainsi faites qu’elles ne donnent pas aux femmes les orientations et l’encadrement dont elles ont besoin, ce qui sape leur confiance en elles. Sans aide ni accompagnement, il est difficile de prendre des initiatives au labo. »
Elle estime que le mentorat est la chose la plus importante que les scientifiques (tant hommes que femmes) peuvent offrir aux jeunes femmes qui souhaitent faire carrière dans les domaines STEM. « Le mentorat devrait faire partie intégrante des études au sein d’un département ou d'une université, et les horaires du corps professoral devraient être aménagés en conséquence. »
En dehors du travail, Mme Yeğingil aime jardiner pour ainsi s’aérer et profiter du soleil. « Je réalise volontiers des expériences dans le jardin en modifiant les conditions de culture et en faisant pousser toutes sortes de choses : fruits, légumes, herbes aromatiques, olives. Déguster les aliments qu’on a soi-même produits est l’un des aspects les plus gratifiants du jardinage. »

Mme Nadia Boetti, Italienne, est chargée de recherche principale en ingénierie et en architecture. Elle dirige le projet SPS pluriannuel visant à développer une source lidar compacte qui ne présente aucun danger pour l’œil et qui pourrait être utilisée au service de l’imagerie laser aéroportée (projet CALIBER). Il s’agira d’une source d’un genre nouveau et efficace qui sera montée sur un petit drone utilisé pour la protection de frontières, d’infrastructures et de sites stratégiques.
Mme Boetti s’est intéressée très jeune aux domaines STEM et, au collège, ses professeurs l’ont encouragée à poursuivre ses études dans un lycée scientifique.
« Au cours de mes études secondaires, j’ai commencé à m’intéresser davantage aux sciences appliquées, et les mathématiques sont surtout devenues un outil pour comprendre les autres disciplines scientifiques telles que la physique, la chimie et la biologie. À la fin de mes études secondaires, j’ai décidé d’étudier la physique, qui aide à comprendre le monde qui nous entoure, des plus grandes galaxies aux plus petites particules subatomiques .»
Sa participation à un projet SPS lui a donné l’occasion d’évoluer en tant que chercheuse et d’élargir son réseau de contacts au sein de la communauté scientifique. « Mon rôle de directrice du projet a été considéré par l’institut pour lequel je travaille comme une grande réussite, et grâce à cela, mon contrat d’emploi a été transformé en un contrat permanent. »
Mme Boetti considère qu’en suscitant l’intérêt des femmes pour les disciplines STEM et en faisant en sorte qu’elles s’y investissent dans la durée, on favorisera l’émergence de nouvelles idées et de nouvelles perspectives. Elle estime qu’il faut encourager la diversification des approches à partir d’un socle plus large d’expérience. Elle est convaincue que l’on peut faire plus encore pour aider les jeunes femmes à faire carrière dans le domaine scientifique.
« Il est important que les centres de recherche et les sociétés d’ingénierie organisent des journées portes ouvertes au cours desquelles les familles peuvent, avec leurs jeunes enfants ou leurs adolescents, effectuer des visites de laboratoire, rencontrer des chercheurs et se faire une idée de la nature du travail dans les domaines STEM. »
Mener de front une carrière scientifique à temps plein et une vie de famille ne laisse certes pas beaucoup de temps libre à Mme Boetti, mais elle parvient toujours à réserver une place à ses loisirs préférés.
« La lecture est une de mes passions. Comme j’ai très peu de temps libre, j’ai trouvé une solution formidable : j’écoute des livres audio, ce qui me permet de « lire » en conduisant ou en faisant diverses activités. J’aime aussi la montagne : l’été, je fais de la randonnée, et l’hiver, du ski de fond. »
Mme Sofie Pollin est ingénieur et mère de deux enfants. Elle enseigne à la Katholieke Universiteit Leuven, en Belgique. Elle dirige le projet SPS pluriannuel portant sur la détection et la localisation à grande échelle de menaces dans l’espace électromagnétique au moyen de capteurs opérant en collaboration. Ce projet vise à mettre au point un système précis, autonome, rapide et sécurisé qui soit en mesure d’identifier toute intrusion dans l’espace électromagnétique.
« Je me suis tournée vers les disciplines STEM car j’aime les défis, et je voulais apporter une solution à de véritables problèmes de société. J’ai fait mes études secondaires dans une école où il n’y avait que des filles et je n’imaginais pas à quel point le monde des STEM était dominé par des hommes. »

Mme Pollin aime tout particulièrement travailler dans le cadre du programme SPS de l’OTAN car cela lui permet de collaborer et de tisser des réseaux avec des partenaires qui ne sont pas nécessairement basés dans l’Union européenne. « Les chercheurs des États-Unis et les chercheurs du Maroc doivent faire face à des défis très différents, mais cela permet d’envisager des possibilités très différentes. Écouter leur point de vue aide à poser les bonnes questions et à bien cibler les travaux de recherche. »
Mme Pollin a pris modèle sur de nombreuses chercheuses qu’elle a rencontrées dans le cadre de son doctorat. « Grâce à elles, j’ai appris à oser m’exprimer quand je le voulais et aussi à toujours écouter ce que les autres ont à dire. »
Mme Pollin s’efforce autant que possible de faire connaître à ses deux jeunes filles son domaine de recherche. « En tant que présidente de l’association des anciens étudiants de la faculté d’ingénieurs, j’attribue chaque année le prix du meilleur projet conçu par des étudiants. L’an dernier, j’ai emmené mes deux filles à la cérémonie de remise des récompenses aux ingénieurs-architectes. La principale réaction de l’une de mes filles a été la suivante : « Il y a beaucoup de filles dans la salle, mais pourquoi les quatre finalistes sont-ils tous des garçons ? Sont-ils meilleurs que les filles ? » J’ai rapidement expliqué que c’était un pur hasard et que les filles étaient aussi douées que les garçons pour concevoir des bâtiments. »
Selon les chiffres de l’UNESCO, on compte moins de 30 % de femmes parmi les chercheurs dans le monde, et seulement un tiers de femmes parmi les étudiants dans les disciplines STEM. Dans le cadre du programme SPS, des chercheuses dirigent des projets de recherche et développement innovants qui ont un lien avec la sécurité. Leur parcours encourage de jeunes filles à se tourner vers les domaines STEM. L’OTAN met à l’honneur les femmes actives dans le domaine scientifique. L’Organisation est bien consciente des difficultés auxquelles ces femmes doivent faire face et s’efforce de faire tomber les obstacles pour que les femmes puissent participer sur un pied d’égalité avec les hommes aux travaux menés dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.