Rapport annuel du secrétaire général : l’Alliance intensifie ses efforts
« Dans un monde imprévisible, l’Alliance intensifie ses efforts pour préserver la sécurité de ses membres ». Ainsi s’est exprimé le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, aujourd’hui (jeudi 15 mars) lorsqu’il a présenté son rapport annuel.
Le rapport fait ressortir que les Alliés européens et le Canada ont augmenté leurs dépenses de défense de près de 5 % en 2017 – la troisième année de hausse depuis 2014.
Cette tendance s’observe également dans les investissements que les Alliés ont consacrés aux nouvelles capacités. En 2017, vingt-six pays de l’Alliance ont dépensé plus en valeur réelle pour les équipements majeurs que l’année précédente.
« Tous les pays membres de l’OTAN se sont engagés à continuer d’accroître leurs dépenses de défense en valeur réelle. La majorité d’entre eux ont déjà pris les dispositions nécessaires pour atteindre l’objectif de 2 % du PIB d’ici à 2024. Et nous nous attendons à ce que d’autres fassent de même », a indiqué le secrétaire général.
Le rapport révèle en outre que les Alliés contribuent davantage aux opérations et missions. Fin 2017, plus de 23 000 soldats étaient déployés au service de l’OTAN, alors qu’ils étaient à peine 18 000 en 2014, avant l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie et la montée de l’État islamique en Iraq et au Levant. « C’est un bond d’environ 30 % », a commenté le secrétaire général.
S’exprimant à propos de Resolute Support, la mission de formation de l’OTAN en Afghanistan, M. Stoltenberg a fait savoir qu’avec l’aide de l’Alliance, les forces afghanes avaient accentué la pression militaire sur les talibans en 2017, les empêchant d’atteindre leur objectif stratégique, qui était de s’emparer d’une capitale de province.
« Nous adhérons pleinement à l’idée d’un processus de paix et de réconciliation qui soit dirigé et pris en charge par les Afghans. Je salue le courage et l’esprit de décision dont fait preuve le président Ghani. Son offre aux talibans est la meilleure invitation à la paix qui ait été faite jusqu’à présent. J’appelle donc les talibans à aller s’asseoir à la table des négociations. Il y a une occasion, maintenant, de mettre un terme au conflit », a déclaré le secrétaire général.
M. Stoltenberg a en outre évoqué l’affaire de l’agent innervant qui secoue le Royaume-Uni, notant que c’était « la première fois qu’un agent innervant [était] utilisé à des fins offensives sur le territoire de l’Alliance depuis la création de l’OTAN ». « Tous les pays de l’Alliance sont convenus que l’attaque constitue une violation flagrante des règles et conventions internationales [...] et ont engagé la Russie à répondre aux questions du Royaume-Uni », a-t-il encore dit.
Le secrétaire général a ajouté que l’attaque relevait d’« un comportement irresponsable, observé depuis de nombreuses années, de la part de la Russie ». C’est de ce même comportement que relèvent « l’annexion, illégale, de la Crimée et le soutien militaire apporté aux séparatistes dans l’est de l’Ukraine ; la présence militaire en Moldova et en Géorgie contre la volonté de ces pays ; l’ingérence dans les affaires du Monténégro et d’autres pays des Balkans occidentaux ; les manœuvres visant à perturber le cours des élections et nuire aux institutions des pays démocratiques ; et le renforcement du dispositif militaire depuis le nord de l’Europe jusqu’au Moyen-Orient ». Il a en outre rappelé que le fait que « la frontière » entre guerre nucléaire et guerre conventionnelle « tend à s’estomper » allait de pair avec un « abaissement du seuil d’emploi de l’arme nucléaire par la Russie ».
M. Stoltenberg a expliqué que la posture de l’OTAN à l’égard de la Russie demeurait « ferme, défensive et proportionnée » et que « l’Alliance ne s’engagera[it] pas dans une stratégie du style ‘char pour char, missile pour missile ou drone pour drone’ ». Il a aussi précisé que l’Alliance continuerait d’œuvrer en faveur d’un véritable dialogue avec la Russie, dialogue certes « difficile » mais « essentiel pour une plus grande transparence et la réduction des risques ».