Le rôle des femmes dans le conflit militaire en Ukraine
Tandis que les combats sévissent dans l'est de l'Ukraine, la violence sexiste dont il est fait état, actes de violence sexuelle compris, reste élevée dans la zone de conflit. Par ailleurs, en Ukraine, les femmes ne sont guère représentées ni dans les instances de décision, ni dans la réponse militaire apportée à la crise.
Sensibiliser davantage
Un atelier consacré à cette problématique s'est tenu à Kiev les 21 et 22 septembre 2015 avec le soutien du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS). Les participants, parmi lesquels des hauts responsables, des experts de renom et des personnalités d'Ukraine et d'ailleurs, ont analysé le déficit de participation et de protection des femmes et des petites filles face à la crise actuelle. Cet atelier était destiné à faire connaître la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU (sur les femmes, la paix et la sécurité) et à explorer les possibilités de participation accrue des femmes. Les débats ont notamment porté sur les lacunes de la législation ukrainienne quant à la question d'une égale participation des femmes aux processus de paix et de résolution du conflit.
L'atelier était animé par des directeurs de projet de l'Istituto Affari Internazionali (IAI – Italie) et du Democracy Development Centre (DDC – Ukraine). Gianni Bonvicini, vice‑président exécutif de l'IAI, s'est exprimé en ces termes : « Nous connaissons les grandes difficultés économiques et les défis de taille auxquels ce pays est confronté au plan de la sécurité, et nous comprenons combien il peut être difficile, dans ces circonstances, d'œuvrer à l'exécution d'un plan d'action national mettant en application la résolution 1325 et de faire en sorte que les femmes participent pleinement à la promotion de la paix et de la sécurité. Il reste que, période de crise ou non, la résolution 1325 est un vecteur de civilisation, de progrès social et de normalisation politique pour tous les pays – et c'est en cela que l'atelier d'aujourd'hui est important. »

L'atelier a réuni plus de 110 participants, dont des représentants des autorités, des forces armées et de la société civile du pays, ainsi que des spécialistes de renommée internationale pour les questions d'égalité hommes‑femmes. Michael Gaul, conseiller sénior (projets et stratégie) au sein de la Division Défis de sécurité émergents de l'OTAN, a déclaré pour sa part : « Le rôle de la société civile dans la mise en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU est primordial. La société civile prend une part active à l'évaluation et à l'exécution des plans d'action de nombreux pays membres de l'Alliance et pays partenaires, et elle continue de montrer sa détermination et d'exercer une force mobilisatrice dans ce domaine. »
Associer davantage les femmes
Iryna Loutsenko, députée ukrainienne, a fait part de l'expérience de femmes parlementaires qui sont engagées personnellement sur le front, où elles apportent leur aide aux volontaires et aux hôpitaux, et qui mobilisent les Ukrainiens en levant des fonds en faveur des personnes déplacées à l'intérieur du pays, pour la plupart des femmes et des enfants. « Nous [Les femmes] ne sommes que 12 % au Parlement et nous avons pu en faire beaucoup pour nos soldats et nos volontaires, ainsi que pour la population vivant sur le front. Songez à tout ce que nous pourrions faire de plus si nous étions ne fût‑ce que 30 %. Les femmes ne sont pas passives. Elles ont la capacité et la volonté d'agir, et elles agissent. »
Le rôle important que les femmes jouent dans l'armée, la plupart à titre volontaire, a été amplement débattu au cours de l'atelier, qui a aussi permis de mettre le doigt sur plusieurs problèmes : stéréotypes, défaut d'institutionnalisation de l'enjeu, inadéquation des salaires et manque d'adhésion de la société, ou encore nombre limité de programmes de réhabilitation. Il s'agit de quelques‑uns des principaux défis à relever sur la voie de l'approbation et de l'exécution d'un plan d'action national relatif à la résolution 1325.
« Nous nous efforçons de prendre en compte l'égalité hommes‑femmes dans tous nos travaux et d'en faire un domaine d'action. Nous entendons en faire l'une des cinq premières priorités de notre pays en ces temps difficiles. Je remercie l'IAI et le DDC d'avoir organisé cet atelier avec le concours de l'OTAN. Cette activité donnera une nouvelle impulsion à notre travail » a précisé Serhiï Oustymenko, premier vice‑ministre de l'Intégration européenne au ministère ukrainien de la Politique sociale.
Les femmes continuent de jouer un rôle actif dans le conflit militaire en Ukraine. Bien qu'il reste beaucoup à faire, l'engagement d'un dialogue et d'un échange ouvert sur les nombreux obstacles que rencontrent aujourd'hui les femmes en Ukraine est une première étape importante sur la voie de la résolution de ces problèmes.