La nouvelle force « fer de lance » de l'OTAN monte en puissance
L'OTAN s'est dotée d'une nouvelle force « fer de lance », dénommée force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) et pour laquelle les tests ont commencé au sein de l'Alliance.
La VJTF est une brigade susceptible d'être déployée dans un délai de 48 heures et qui, à terme, comptera 5 000 hommes. Elle fait partie de la Force de réaction de l'OTAN (NRF), la force à haut niveau de préparation de l'Alliance regroupant des composantes terre, air et mer et des unités de forces spéciales pouvant se déployer rapidement partout où cela est nécessaire. Tant la NRF que sa nouvelle force « fer de lance » visent à renforcer la défense collective de l'Alliance et à garantir que l'OTAN dispose des forces voulues à l'endroit voulu et au moment voulu. Elles constituent une pièce maîtresse du concept baptisé « Plan d'action réactivité » que les dirigeants des pays de l’OTAN ont approuvé au sommet du pays de Galles en septembre 2014.
La VJTF vient à présent d'atteindre sa capacité intérimaire et est engagée dans une série d'activités d'exercice, d'essai et d'évaluation qui se poursuivront tout au long de l'année 2015. La première de ces activités s'est déroulée les 4 et 5 mars en Allemagne, avec la participation du 1er Corps germano-néerlandais. Celui-ci, en tant que quartier général terrestre de réserve de la NRF pour 2015, agit donc aussi comme VJTF intérimaire. Ainsi que l'a déclaré le lieutenant-colonel Paul Kolken, porte-parole du Corps :
« Servir en tant que NRF (...) nous aide à rester affutés et à montrer la norme au sein de l'OTAN plutôt qu'à la suivre. » Et il ajoute : « Nous tirons une fierté particulière de notre capacité de déploiement rapide, de la propension à tester de nouveaux concepts et à interagir, en temps de paix et avant les déploiements, avec les éléments civils que nous aurons le plus probablement comme partenaires de travail sur une zone de mission. »
Il s'agit de la troisième fois que ce QG est en réserve pour la NRF, et il est donc bien adapté aux tâches d'une VJTF. Le lieutenant-colonel Axel Schmettkamp dirige le Centre d'opérations conjoint du 1er Corps germano-néerlandais :
« Tout cela vient s'ajouter à notre calendrier de formations et d'exercices, » explique-t-il. « C'est plutôt lourd, mais on peut voir quotidiennement en regardant le journal du soir que c'est une nécessité. En outre, je trouve personnellement qu'il est plutôt passionnant de jouer un rôle aussi important au service de la sécurité. »
Tout est prêt...
La mise en pratique des procédures d'alerte et la préparation au déploiement rapide étaient au centre de l'exercice qui s'est tenu en mars. À l'aéroport civil de Münster Osnabrück, en Allemagne, un avion de transport C-17 s'est posé. Pouvant accueillir jusqu'à six engins et leur remorque, il a chargé aussitôt les véhicules de l'Équipe de liaison et de reconnaissance opérationnelles (OLRT) conditionnés pour le transport, puis son personnel. Cette opération a exigé une grande précision, et les chefs de soute suédois et américains, soucieux de la sécurité, se sont assurés que l'ensemble de l'équipement était bien arrimé pour le vol.
Toutefois, l'appareil n'a pas repris l'air pour une vraie mission. Pas cette fois.
Et bien rôdé...
La deuxième phase de l'exercice portait sur la mise en place de l'élément de commandement initial.
Opérant sous tentes, il a pour tâche principale d'établir les systèmes de communication et d’information permettant au QG d'assurer efficacement le commandement et le contrôle des forces dans la zone de mission.
« Notre OLRT peut même se déployer dans les 48 heures après que l'OTAN en a donné l'ordre. Elle établira les premiers contacts avec les autorités et entités présentes dans la zone de mission, trouvera un emplacement pour l'élément de commandement initial et préparera son arrivée. Quelques jours après, l'élément arrivera sur place, établira le QG du Corps, absorbera l'OLRT et commencera à diriger l'opération », explique le caporal néerlandais Rick Klein.
Rick est responsable de l'établissement du QG et sera donc parmi les premiers à être déployé. Il possède une grande expérience, après avoir servi dans l'armée de terre des Pays-Bas pendant treize ans, notamment pour deux déploiements en Afghanistan avec son unité précédente, la 43e brigade mécanisée de Havelte. Il a rejoint le quartier général du 1er Corps germano-néerlandais il y a un an, au moment où celui-ci se préparait pour la rotation de la NRF.
« Avant un exercice ou un déploiement, je m'occupe de préparer les cartes nécessaires. Dès que nous sommes dans la zone de mission, je m'occupe de la mise en place de l'élément de commandement initial. Avec mon élévateur, je dispose le revêtement de sol, les tentes et les meubles aussi près que possible du site de mise en place », explique le caporal Rick Klein, ajoutant que « monter rapidement plus d'une vingtaine de tentes est une activité excellente pour renforcer l'esprit d'équipe... au travail ! »
Dans une véritable situation de crise, la troisième et dernière phase consiste à déployer le personnel restant pour atteindre la capacité opérationnelle totale et pouvoir effectivement recevoir les forces de deuxième échelon de l'OTAN et en prendre le commandement.
Rick n'est pas décontenancé par la possibilité d'un déploiement réel : « Je parle des conséquences possibles avec ma petite amie. Elle comprend tout à fait ce que signifie être en alerte NRF, mais en réalité ça n'a rien de différent de mon emploi précédent. C'est ça, la vie d'un soldat. » Ce premier exercice sera suivi par d'autres, en avril et en juin.
« En raison de l'évolution de la situation sécuritaire aux frontières des pays membres à l'est de l'Alliance, l'OTAN s'est adaptée rapidement et a chargé sa Force de réaction - la NRF - d'effectuer un exercice d'alerte en avril et un exercice de déploiement en juin », explique le lieutenant-colonel allemand Axel Schmettkamp.
La VJTF devrait être pleinement opérationnelle à partir de 2016 et prête à répondre où et quand cela sera nécessaire à tout défi susceptible d'apparaître à la périphérie de l'OTAN.
Informations générales
- Le plan d’action « réactivité » est la réponse de l'OTAN à l'évolution de l'environnement de sécurité, en particulier à la périphérie est et sud de son territoire. Il vise à faire en sorte que l'Alliance soit prête à répondre rapidement et fermement à tout défi de sécurité.
- Le plan d'action « réactivité » est une série de mesures agréées lors du sommet du pays de Galles, en 2014. On peut notamment citer la Force de réaction de l'OTAN (NRF) renforcée, et la création d'une force « fer de lance », ou Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF).
- La VJTF comprendra une brigade multinationale (environ 5 000 hommes) et jusqu'à cinq bataillons, appuyés par des unités aériennes et maritimes et des forces spéciales. Certaines unités pourront être prêtes à se déplacer dans un délai de deux à trois jours. L'OTAN s'emploie à mettre en place la nouvelle force pour 2016.
- L'élaboration et les tests du concept de VJTF avancent comme prévu. La composante terrestre de l'actuelle NRF tient pour l'instant le rôle de VJTF intérimaire, et constitue la base du développement de la VJTF. Les effectifs de la NRF 2015 sont fournis par l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et d'autres pays.
- Un programme d'exercices, d'essais et d'évaluations sera mené tout au long de 2015 pour développer, affiner et mettre en œuvre le concept de VJTF.