Renforcement de la coopération scientifique avec l'Ukraine
L'Ukraine est aujourd'hui le premier bénéficiaire du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS). On observe en effet, en réponse à la crise ukrainienne, un net renforcement de la coopération scientifique qui s'exerce concrètement avec ce pays. Auparavant, c'était la Russie qui se voyait octroyer le plus de crédits SPS, mais la coopération avec ce pays est suspendue jusqu'à nouvel ordre.
Comme l'explique M. l'ambassadeur Sorin Ducaru, secrétaire général adjoint de l'OTAN pour les défis de sécurité émergents, « les projets SPS menés avec l'Ukraine ne présentent pas qu'un intérêt scientifique ; ils ont également des retombées significatives sur la sécurité. Le programme SPS est un outil polyvalent : notre coopération avec l'Ukraine nous a ainsi permis de créer un modèle de coopération pratique. »
Le programme SPS amène des chercheurs et des experts d'Ukraine et de divers pays membres de l'OTAN à traiter de questions de sécurité dans le cadre d'une coopération scientifique, un travail qui aboutit à des résultats pratiques au profit des populations et qui permet la formation de précieux réseaux.
Dans le droit fil des directives politiques et des décisions adoptées en septembre au sommet du pays de Galles, les crédits SPS initialement alloués aux activités prévues pour la coopération avec l'Ukraine en 2014 ont plus que doublé. Depuis avril 2014, les Alliés ont approuvé quinze nouvelles activités SPS – dont douze projets pluriannuels de grande envergure –, qui portent essentiellement sur des préoccupations majeures en matière de sécurité.
« Nous sommes très satisfaits », indique M. l'ambassadeur Ihor Dolhov, chef de la mission d'Ukraine auprès de l'OTAN qui se félicite de ces « nombreux projets d'une portée pratique qui déboucheront sur des résultats concrets. »
Réponse aux menaces non conventionnelles pesant sur la sécurité
Ces derniers mois ont vu le lancement de plusieurs nouvelles activités SPS visant à faire face à un certain nombre de menaces non conventionnelles, qui représentent un danger considérable pour l'Ukraine dans le contexte de sécurité actuel. Les travaux portent sur la défense contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN), sur les technologies de pointe ayant un lien avec la sécurité, sur la sécurité énergétique ainsi que sur la cyberdéfense.
On observe une augmentation massive du nombre de cyberattaques perpétrées contre l'Ukraine, dont une a même rendu le site web de la présidence inaccessible pendant plusieurs heures cet été. Pour contribuer à renforcer le dispositif de cyberdéfense de l'Ukraine, un stage de formation pratique destiné aux administrateurs système et réseau a été conçu sur mesure, en collaboration avec le Service de sécurité ukrainien. Les participants pourront approfondir leur connaissance des protocoles, des services et des technologies de base mis en œuvre pour assurer la cybersécurité. À l'issue du stage, ils seront plus à même de repérer les vulnérabilités d'un système et de surveiller le trafic réseau. Cette initiative vient compléter les travaux menés dans le cadre du fonds d'affectation spéciale OTAN-Ukraine pour la cyberdéfense, dont la création est toute récente.
Les agents CBRN constituent un autre défi de sécurité auquel l'Ukraine pourrait bien être confrontée. Des scientifiques d'Ukraine et de divers pays membres de l'Alliance travaillent en étroite coopération à la mise au point de solutions innovantes, dont certaines sont basées sur les nanotechnologies, qui ont, dans le domaine de la sécurité, des applications nombreuses et prometteuses. Un atelier devant se tenir prochainement donnera aux uns et aux autres l'occasion d'échanger des informations sur les résultats des derniers travaux de recherche ainsi que sur les technologies de pointe en la matière, et plus particulièrement sur les nouvelles technologies de détection des explosifs et des agents CBRN. Enfin, un projet pluriannuel est consacré au développement de nouvelles nanostructures qui, à terme, pourraient trouver des applications dans les équipements de défense, comme les systèmes de détection de tir.
L'Ukraine bénéficie par ailleurs du soutien d'experts pour la revue générale du secteur de la sécurité et de la défense qu'elle effectue actuellement. Une activité devant se dérouler sur deux journées sous la conduite de l'Estonie et de l'Ukraine réunira d'éminents spécialistes, experts et représentants de la société civile afin qu'ils discutent de toute une série de livres verts consacrés aux priorités de cette revue.
D'autres idées de coopération sont à l'étude. Un projet est par exemple en cours de développement qui vise à fournir équipements et formation à l'appui des opérations de déminage à but humanitaire se déroulant en Ukraine, où les mines terrestres constituent un problème majeur.
« Nous continuerons de travailler en étroite liaison avec nos collègues ukrainiens pour mettre au point de nouvelles activités SPS de qualité, qui favoriseront la coopération scientifique et traiteront de préoccupations de sécurité essentielles en Ukraine tout en apportant un réel changement pour les populations locales », déclare le secrétaire général adjoint de l'OTAN pour les défis de sécurité émergents.
Un long passé de coopération scientifique
Toutes ces initiatives s'appuient sur un long passé de coopération scientifique avec l'Ukraine. La participation de ce pays aux programmes scientifiques de l’OTAN a débuté en 1991 et s’est intensifiée après la signature, en 1999, d’un échange de lettres sur la coopération dans le domaine de la science et de l’environnement.
Les questions environnementales constituent, depuis le départ, un aspect central de la coopération. Un projet SPS a ainsi contribué à la mise en place d'un système moderne et automatique de prévision et de surveillance en temps réel des risques de crue dans le bassin de la rivière Pripiat. La population et l'économie de cette zone située à la frontière entre le Bélarus et l'Ukraine ont souvent à subir les conséquences des graves inondations qui y surviennent. Comme le bassin comprend la zone d'exclusion de Tchernobyl et que l'un des affluents de la Pripiat fournit en eau de refroidissement une centrale nucléaire locale, il est essentiel d'assurer une surveillance efficace.
Lancé l'année dernière, un autre projet de recherche SPS pluriannuel a pour objet de développer les nouvelles technologies qui permettront, après le recueil des données nécessaires, de concevoir des dispositifs propres à éliminer la forte pollution des eaux souterraines causée par les dépôts de carburant d'un site militaire situé à proximité de zones résidentielles à Kiev. Les technologies ainsi mises au point pourront ensuite être utilisées pour l'assainissement d'autres zones polluées en Ukraine.
Selon M. l'ambassadeur Dolhov, ce genre de coopération pratique bénéficiant aux communautés locales a une incidence positive sur l'image de l'OTAN en Ukraine, où, à l'heure actuelle, 52 % de la population est favorable à une adhésion à l'Alliance.
Une coopération gagnant-gagnant
En rapprochant des scientifiques de haut niveau, la coopération qui s'exerce dans le cadre du programme SPS ne profite pas seulement à l'Ukraine, mais elle débouche aussi souvent sur la formation de réseaux scientifiques internationaux et sur la création de synergies qui produisent des effets concrets. La mise au point, au Centre national des Sciences de Kharkiv, d'un générateur de rayons X innovant pour un coût avantageux en est un parfait exemple. Ce projet a favorisé l'émergence d'une nouvelle génération de scientifiques ukrainiens aux avant‑postes de la technologie moderne. À terme, ce générateur produira des rayons X de haute énergie pour utilisation dans des systèmes de détection offrant une qualité d'image haute résolution, des systèmes qui pourront être utilisés à travers le monde entier dans des domaines aussi variés que la médecine, la lutte contre le commerce illicite, la détection d'explosifs, la criminalistique ou encore la sécurité environnementale.
« Ce projet montre en quoi la coopération SPS profite à tous car la constitution de réseaux donne sans cesse lieu à de nouvelles possibilités concrètes de coopération scientifique. Les scientifiques ukrainiens apportent également beaucoup à l'OTAN », souligne M. l'ambassadeur Dolhov.