Mieux qu'une simple collecte d'informations

Donner l'avantage aux commandants

  • 26 May. 2014 -
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  • Mis à jour le: 04 Jun. 2014 10:48

« Monsieur, des centaines de réfugiés franchissent la frontière en ce moment même... » Subitement, la ligne est coupée. Au même moment, vous recevez des rapports faisant état d'une multiplication d'activités terroristes le long de la côte, mais ne donnant aucune coordonnée. Que faites-vous ?

Vous êtes un commandant de l'OTAN. Un afflux de réfugiés provoque une crise humanitaire et, dans un pays voisin, des terroristes alimentent les tensions, créant une situation explosive qui pourrait déstabiliser la région. Des réfugiés ont signalé la présence de troupes non identifiées, et vous vous inquiétez de leurs intentions. Tous les ingrédients d'un conflit sont réunis. Et vous devez décider ce qu'il faut faire. Immédiatement.

Dans le feu de l'action, fournir la bonne information à la bonne personne et au bon moment peut être une question de vie ou de mort. Mais c'est un processus complexe. Cela implique de pouvoir rassembler des informations provenant de différentes plateformes et de les analyser afin de donner un avantage aux commandants, sur le terrain, pour leur permettre de prendre des décisions critiques tout en protégeant leurs troupes et les civils.

Unified Vision 2014

Heureusement, il ne s'agit pas d'une situation réelle - mais ça pourrait l'être. Il s'agit du plus important essai jamais réalisé par l'OTAN en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance interarmées (JISR), avec des satellites, des aéronefs, des véhicules aériens sans pilote, des navires, des capteurs au sol et des moyens de renseignement humain de 18 pays de l'Alliance.

L'essai Unified Vision 2014 (UV14), qui se déroule en Norvège du 18 au 28 mai, a pour objet de tester l'aptitude de l'OTAN à collecter des informations et à fusionner du renseignement de sources multiples - depuis l'espace, dans les airs, sur terre et en mer - à différentes étapes d'une crise. Dans le scénario choisi, la crise est d'abord locale mais dégénère progressivement en un véritable conflit international. Pendant tout ce temps, des moyens ISR très différents devront pouvoir fonctionner dans des situations de test, leur capacité à fonctionner correctement dans des environnements complexes étant mise à l'épreuve.

« C'est l'essai le plus ambitieux que nous ayons jamais réalisé ; il réunit le plus large éventail de technologies, de matériels et de personnels de surveillance pendant une période de 10 jours. Au lieu d'effectuer notre analyse d'interopérabilité en laboratoire, nous avons créé un environnement opérationnel exigeant pour tester la capacité de nos capteurs, de notre architecture et de nos procédures à fournir du renseignement permettant de mener des opérations sur le terrain. Nombre de ces moyens seront affectés à titre permanent à la rotation 2016 de la Force de réaction de l’OTAN (NRF) ; ils permettront à l'Alliance de réagir plus rapidement face à toutes les éventualités », a expliqué le lieutenant-colonel Matt Biewer (forces aériennes des États-Unis), directeur de l'essai UV14.

Les capacités mises à l'épreuve

Après les insuffisances constatées pendant l'opération Unified Protector dirigée par l'OTAN en Libye en 2011, il est crucial d'améliorer l'aptitude de l'OTAN à coordonner et à déployer une capacité ISR alliée. En février 2014, Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN, a déclaré :

« Nos opérations, notamment en Libye et en Afghanistan, nous ont permis de voir dans quels domaines nos capacités ne sont pas suffisamment avancées, et quelles sont les capacités dont trop peu de pays disposent. L'opération en Libye a fait apparaître un manque de munitions à guidage de précision, de moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, ainsi que d'experts capables d'interpréter les données que ces moyens collectent. Des travaux sont en cours, mais la crise économique n'a pas facilité les choses. Nous devons donc prendre le temps de réfléchir à la façon la plus efficace de travailler ensemble pour remédier à ces insuffisances ».

L'essai UV14 servira à tester la doctrine, l'organisation, l'entraînement, les matériels, l'aptitude à diriger, le personnel, les installations et l'interopérabilité, l'objectif étant d'aider l'OTAN à traiter, exploiter et diffuser rapidement l'information aux commandants sur le terrain. Parmi les moyens utilisés figurent des appareils comme les drones Predator, Global Hawk, Hunter et Raven, l'hélicoptère Puma, un avion AWACS de l'OTAN, une corvette et des véhicules de reconnaissance Raccoon.

Des techniques sont également introduites pour fournir encore davantage de renseignement, notamment sur les identités - c'est-à-dire des techniques spéciales permettant de trouver des terroristes dans des zones denses.

L'essai UV14, un tremplin vers une capacité JISR pleinement opérationnelle

L'essai permettra aux analystes de « fusionner » des produits ISR provenant de toutes ces sources, qu'il s'agisse d'imagerie, de communications, d'éléments humains ou même de sources ouvertes, fournis par les 18 pays participants. Les Alliés développent également leurs moyens ISR et, dans le cadre de l'essai UV14, collaborent pour tester leurs équipements et leur capacité à travailler ensemble. Plutôt que d'inonder les commandants d'informations issues de différentes sources, l'objectif est de leur fournir une image commune générée par des moyens multinationaux, afin qu'ils puissent prendre à tout moment des décisions en connaissance de cause.

L'objectif ultime de l'essai est de pouvoir suggérer des améliorations qui permettront à l'Alliance de renforcer l'état de préparation des forces pour la rotation 2016 de la NRF et de progresser dans la mise en place d'une capacité opérationnelle initiale ISR interarmées, qu'elle prévoit d'atteindre d'ici fin 2016.

Quelques faits et chiffres

  • L'essai UV14, tout comme l'édition 2012, se tient sur la base aérienne principale d'Ørland, en Norvège.
  • L'essai rassemble environ 2 000 participants de 18 pays membres : Allemagne, Belgique, Canada, Espagne, Estonie, États-Unis, France, Grèce, Hongrie, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Turquie.
  • L'Australie participe également à l'essai, au sein de l'équipe d'évaluation de l'essai, et la Suède et la Finlande envoient des observateurs.
  • D'autres entités participent également à l’essai : système de recueil et d'exploitation des informations du champ de bataille (BICES) - fourniture d'une infrastructure de réseau d'essai ; Combined Federated Battle Laboratories Network (CFBLNet) – fourniture d'une infrastructure de réseau d'essai ; MAJIIC2 (interopérabilité des capteurs ISR) - fourniture de paquets de capacités JISR et de tactiques, techniques et procédures JISR.