« Le droit de choisir »

Tribune libre du secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, à l'occasion des anniversaires des élargissements

  • 01 Apr. 2014 -
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  • Mis à jour le: 01 Apr. 2014 15:07

NATO Secretary General Anders Fogh Rasmussen

La crise en Ukraine remet en question les principes mêmes sur lesquels nous avons bâti l'Europe moderne.

Les actions de la Russie en Crimée sont une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine. Elles sapent l'état de droit international. Et elles foulent aux pieds le principe selon lequel chaque État est souverain, et libre de choisir son propre destin.

C'est le principe même qui nous a permis de réduire les fractures imposées par la tyrannie après la Seconde Guerre mondiale, et de nous rapprocher sans cesse d'une Europe entière, libre et en paix.

Cette année, nous célébrons les nombreux acquis que ce principe nous a permis d'engranger – même si la crise en Ukraine vient nous rappeler à tous que nous devons continuer de le défendre. Et c'est précisément ce que fait l'OTAN.   

L'année 2014 marque un certain nombre d'anniversaires importants pour la famille euro-atlantique. Pour l'OTAN, elle marque le quinzième anniversaire de l'adhésion de la Hongrie, de la Pologne et  de la République tchèque, le dixième anniversaire de l'adhésion de la Bulgarie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie, et le cinquième anniversaire de l'adhésion de l'Albanie et de la Croatie.

Cette année marque également le dixième anniversaire de l'adhésion de dix de ces pays à l'Union européenne.

En tant que Premier ministre du Danemark, j'ai assisté au sommet qui a conduit à l'élargissement de l'OTAN en 2004. J'ai aussi présidé, à Copenhague, le sommet qui a débouché sur l'élargissement de l'Union européenne. Et en tant que secrétaire général de l'OTAN, j'ai eu le privilège de travailler au quotidien avec les nouveaux membres de notre Alliance.

Dans ces deux fonctions, j'ai pu constater par moi-même les énormes bienfaits que l'arrivée de nouveaux membres a apportés aux deux principales organisations euro-atlantiques.

En choisissant d'adopter les normes et les principes de l'OTAN et de l'Union européenne, ces pays ont doté leurs démocraties du plus solide des ancrages. Ils ont rejoint la famille des pays occidentaux. Et en prenant l'engagement de défendre et de protéger l'OTAN, ils ont reçu la promesse que l'OTAN les défendrait et les protégerait.

Dans le même temps, leur adhésion a également été bénéfique pour l'OTAN, qui y a gagné des alliés solides et dévoués, qui jouent un rôle important dans ses opérations et ses exercices, et qui enrichissent le débat par la diversité de leurs expériences et de leurs réflexions.
De plus, l'Europe et le monde ont bénéficié de leur choix de rejoindre nos organisations, car par leur adhésion, ils ont élargi l'espace de liberté, de démocratie, de sécurité et de stabilité bien au-delà des limites de ce continent autrefois divisé.

Leur adhésion à l'OTAN et à l'UE est l'une des plus belles réussites de notre époque. La paix et la prospérité qu'elle a apportées illustrent on ne peut mieux le bien-fondé de notre principe fondateur.

Mais la tâche n'est pas encore achevée. Il y a encore des pays qui souhaitent intégrer les organisations euro-atlantiques.

La position de l'OTAN est claire. Elle est énoncée dans l'article 10 de notre charte fondatrice, le Traité de l'Atlantique Nord : tout État européen susceptible de favoriser le développement des principes de l'Alliance et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique Nord peut demander à devenir membre de l'Alliance.

Nous restons fidèles à ce principe. Au moment où nous parlons, la Bosnie-Herzégovine, l'ex-République yougoslave de Macédoine, la Géorgie et le Monténégro aspirent tous à rejoindre l'Alliance. C'est là leur choix souverain.

Adhérer à l'OTAN est un choix libre : ce n'est pas une obligation, mais cela comporte des obligations. Comme les membres de l'Alliance le savent tous, cela passe par des réformes déterminées et des années de travail. Mais la règle est inscrite dans le marbre : la porte de l'OTAN est ouverte à ceux qui sont prêts à faire cet effort.

Tous ces pays ont engagé les réformes nécessaires. L'OTAN les soutient. Et une fois qu'ils auront fait tout ce qu'il faut, nous prendrons les décisions qui s'imposent.

La politique ukrainienne d'intégration euro-atlantique a évolué ces dix dernières années, mais à chaque inflexion, l'OTAN a respecté le choix de son partenaire, et notre coopération avec l'Ukraine n'a fait que se renforcer.

Cette politique de l'Alliance, faite de respect et de soutien aux réformes, a clairement servi la paix et la stabilité en Europe. Elle a rendu l'OTAN plus forte, elle a rendu chaque pays plus fort, et elle a fortement motivé les pays candidats à l'adhésion à poursuivre leurs réformes.

Ce sont cette politique et le principe évoqué plus haut qui ont permis à la paix et à la stabilité de gagner du terrain en Europe. Et de réduire les fractures du passé, de surmonter les conflits vieux de plusieurs générations, et de bâtir une communauté fondée sur l'inclusivité, la démocratie et la coopération.

Le droit des États souverains de choisir leur propre voie est l'une des pierres angulaires de l'Europe moderne. Ce principe a toujours prévalu depuis la fondation de l'OTAN. Aujourd'hui, nous devons tous y rester fidèles.

  1. La Turquie reconnaît la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.