La formation aux armes lourdes atteint son objectif
Il neige sur les monts Darulaman, à l'ouest de Kaboul. Un capitaine de l'armée nationale afghane s'accroupit sur le sol à côté d'un général de brigade britannique, qui guide sa main tandis qu'il pointe un mortier de 60 mm. En lui donnant une tape sur l'épaule, le capitaine Khavani Noori sourit au général de brigade, puis un bruit sec indique que l'obus inerte a été propulsé dans les hauteurs. Tous deux regardent au loin, plaçant leurs mains en visière pour se protéger de la réverbération, au moment où l'obus atteint son objectif.
Ces mortiers flambant neufs ont été donnés à l'armée nationale afghane par la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l'OTAN, en raison de leur maniabilité sur ce type de terrain. Jusque‑là, l'armée afghane utilisait des mortiers de 82 mm hérités de l'époque soviétique. Plus gros, moins précis, ils étaient dépourvus de mécanisme de détente.
« Ces armes sont totalement différentes. Ces nouveaux mortiers sont légers et nous pouvons les déplacer rapidement pendant les combats, » déclare le capitaine Noori à NATO Channel pendant une démonstration, effectuée lors d'une visite de commandants de la FIAS de la mission OTAN de formation en Afghanistan (NTM-A).
La communauté internationale a su fournir l'arme qui convenait dans ce cas précis. En règle générale, la distance à laquelle l'armée nationale engage l'ennemi est nettement inférieure à deux kilomètres. Disposer d'un mortier de plus petit calibre avec une portée utile de 75 à 1 300 mètres est donc idéal.
Le capitaine Noori a suivi un stage de formation de deux semaines, animé par des instructeurs afghans, sur les nouveaux mortiers de 60 mm. Le général de corps d'armée Daniel Bolger, commandant de la NTM-A, juge cet aspect fondamental pour pérenniser la formation.
« Nous nous attachons tout particulièrement à former les instructeurs afghans. Ce n'est donc pas nous qui dispensons l'essentiel de la formation. Notre mission consiste à montrer aux instructeurs comment s'y prendre, » explique le général Bolger.
De la théorie à la pratique
La mise en pratique a lieu à quelque 3 kilomètres à l'est, au Centre d'entraînement militaire de Kaboul (KMTC). À l'école des blindés du KMTC, un officier de l'armée nationale afghane instruit une classe de jeunes soldats sur les tout nouveaux blindés d'intervention rapide (MSFV), dons du gouvernement américain. Ces imposants véhicules formeront l'épine dorsale de la capacité blindée de l'armée nationale afghane.
Aujourd'hui, ils parcourent les pentes du terrain d'entraînement du KMTC à l'occasion d'un exercice réel. Certains sont équipés de rouleaux antimines à l'avant, de grenades fumigènes et de M16 tirant à blanc. Cette scène pourrait se dérouler sur n'importe quel centre d'instruction militaire moderne. Mais les officiers instructeurs afghans sont confrontés à des difficultés inconnues des armées occidentales, comme l'explique le colonel Abdoul Qudous Ghani, commandant de l'école des blindés.
« La majorité des chefs de bord sont illettrés, mais ce sont de bons conducteurs. Le commandant et le mitrailleur sont des soldats instruits, comme les lieutenants, et ils apprennent beaucoup durant leur formation. Au final, tous utiliseront les véhicules comme il se doit. »
Des tremplins pour l'avenir
D'une manière générale, les officiers instructeurs de l'armée afghane estiment qu'ils peuvent combattre l'insurrection avec leur matériel actuel. Dans les rangs de l'armée et du gouvernement, toutefois, certains ont exprimé leurs inquiétudes quant aux capacités futures, des armes plus sophistiquées pouvant s'avérer nécessaires pour protéger les frontières.
« Demain, à mesure qu'elle deviendra plus efficace et polyvalente, l'armée souhaitera probablement se doter de chars et d'artillerie lourde, notamment, indique le général Bolger. Mais aujourd'hui, ce matériel n'est pas adapté à la menace. »
Les dirigeants de la NTM-A n'excluent pas pour autant une évolution future. Les mortiers et les blindés MSFV serviront alors de tremplin à une armée afghane en mutation, appelée – selon la FIAS – à se développer en termes de taille et de capacité.