Mettre au point des robots radiocommandés pour neutraliser les bombes placées en bord de route

  • 18 Jan. 2013 -
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  • Mis à jour le: 29 Jan. 2013 13:13

Des routes sécurisées, des lignes de communication sûres et une libre circulation sont essentielles à la sécurité tant des soldats que des civils en Afghanistan. Plusieurs Alliés collaborent en vue de déterminer le meilleur matériel pour les opérations de dégagement d'itinéraires, y compris des robots radiocommandés. C'est l'un des éléments d'un paquet de projets multinationaux de défense intelligente lancé au sommet de Chicago en 2012.

Les engins explosifs improvisés (EEI) sont l'arme de prédilection des insurgés. Selon la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), en Afghanistan, les EEI sont responsables de plus de 70 % des victimes civiles enregistrées entre janvier et novembre 2012.

« En Afghanistan, nous avons appris combien il est important de protéger nos forces contre les bombes placées en bord de route », a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen, à une conférence de presse tenue à Chicago. « C'est pourquoi un certain nombre d'Alliés vont acquérir conjointement des robots radiocommandés capables de neutraliser de telles bombes – et de protéger ainsi nos forces, ainsi que les civils ».

Une mission exigeante

« Les risques liés aux missions de dégagement d'itinéraires sont énormes », explique M. Franco Fiore, chef du Groupe Capteurs ISR auprès de l'Agence OTAN d'information et de communication (NCIA).

Non seulement les missions de dégagement d’itinéraires s'emploient à neutraliser les mines le long des routes et des pistes, mais elles doivent aussi souvent faire face à des embuscades tendues par des insurgés à proximité des sites où des EEI ont été placés. Il est fréquent que des unités soient appelées pour exécuter la tâche beaucoup plus complexe qui consiste à dégager les zones aux alentours, d'où l'ennemi doit être délogé avant que l'opération de dégagement d'itinéraires puisse être menée.

Le dégagement d'itinéraires exige mobilité et manœuvrabilité, ainsi que des efforts conjoints des experts en lutte contre les EEI, en neutralisation des explosifs et munitions (NEM), et en défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN).

Du matériel de détection, comme des détecteurs de métaux, des caméras vidéo installées sur des véhicules ou encore des véhicules sans pilote, est régulièrement utilisé, de même que des chiens. Des capacités permettant d'identifier plus précisément et de confirmer la menace – notamment des robots TALON et des bras hydrauliques installés sur des véhicules blindés Buffalo – sont également requis.

D'autres facteurs doivent également être pris en compte lors de l'acquisition de matériel, notamment le terrain, les conditions météorologiques saisonnières, le niveau d'infrastructure, les menaces posées par les insurgés, et le type d'EEI.

Transition vers la prise en charge par les Afghans de la responsabilité en matière de sécurité

La FIAS se concentre de plus en plus sur la formation, le conseil et l'assistance des forces de sécurité nationales afghanes, qui devraient assumer l'entière responsabilité de la sécurité de leur population et de leur territoire d'ici à la fin de 2014.

Le dégagement d'itinéraires est l'un des nombreux domaines dans lesquels la FIAS et des pays à titre individuel proposent des formations. Toutefois, les opérations de dégagement d'itinéraires induisent des coûts, qui doivent être supportés par un pays ou par un groupe de pays. Un autre grand défi est la nécessité de mettre à la disposition des forces de sécurité afghanes le renseignement essentiel et les analyses portant sur la menace EEI.

« Pendant cette période de transition, l'une des premières étapes serait que le gouvernement afghan et plusieurs pays de l'OTAN signent des accords permettant un tel soutien sur une base bilatérale », explique M. Cristian Coman, scientifique principal adjoint à la NCI.

Opter pour des acquisitions intelligentes

Les opérations de dégagement d'itinéraires varient d'un pays à l'autre. Certaines d'entre elles impliquent des équipes de fouille opérationnelle, des troupes du Génie de combat, des équipes de neutralisation des explosifs et munitions, tandis que d'autres font appel à des équipes spécialisées dans le dégagement d'itinéraires. Mais les approches non spécialisées constituent un risque élevé pour les troupes sur le terrain.

« C'est pourquoi nous avons besoin d'un paquet « dégagement d'itinéraires », qui est un ensemble spécifique de matériel du génie et de véhicules conçus pour mener des missions de dégagement d'itinéraires », conclut Franco Fiore. C'est là l'objet du projet de défense intelligente pour l'acquisition de robots, entériné au sommet de Chicago en 2012.

Ce projet permettra d'identifier, en fonction du retour d'expérience d'Afghanistan, les robots radiocommandés les mieux adaptés au dégagement d'itinéraires, afin d'éviter d'exposer le personnel militaire à des engins explosifs. Il favorisera également l'acquisition conjointe de matériel de pointe et facilitera la coopération multinationale en matière de déploiement.

Cette approche de mise en commun et de partage des ressources – « défense intelligente » – est cruciale pour contrer les effets des coupes opérées dans les budgets de défense nationaux en ces temps d'austérité budgétaire.