OTAN-UE : essayer de combler les lacunes en matière de capacités de défense

  • 13 Aug. 2012 -
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  • Mis à jour le: 20 Aug. 2012 10:56

Les relations de l’OTAN avec l’Union européenne remontent à vingt ans : le Traité de Maastricht de 1992 était le premier traité de l’UE à mentionner l’OTAN. Aujourd’hui, dans un contexte de crise financière et de réduction des budgets de défense, il est plus important que jamais pour les deux organisations de renforcer leur coopération, de dépenser plus intelligemment et d’accroître la complémentarité de leurs capacités de défense pour faire face aux défis de sécurité communs.

Centre to right: Baroness Catherine Ashton (EU High Representative for Foreign Affairs and Security Policy) walking towards the meeting room with NATO Secretary General, Anders Fogh Rasmussen

Au sommet de Lisbonne, en novembre 2010, les Alliés ont souligné qu’ils étaient déterminés à renforcer le partenariat stratégique OTAN–UE. Le nouveau concept stratégique de l'OTAN stipule par ailleurs qu’une « Union européenne active et efficace contribue à la sécurité globale de la zone euro-atlantique. C'est pourquoi l'UE est un partenaire unique et essentiel pour l'OTAN. »

La coopération s’exerce dans de nombreux endroits différents. Au Kosovo, la force de maintien de la paix dirigée par l’OTAN travaille en étroite coopération avec la mission « État de droit » de l’UE afin d’assurer la sécurité et la stabilité dans la région. En Afghanistan, une mission de police de l’UE travaille main dans la main avec la mission de formation de l’OTAN. Au large des côtes somaliennes, les forces de l’OTAN et de l’UE sont déployées côte à côte pour lutter contre la piraterie.

Mais la coopération ne se limite pas aux opérations. Elle s’est accrue considérablement dans le cadre du développement capacitaire, en particulier grâce aux liens étroits entre les secrétariats des deux institutions.

L’Alliance et l’UE ont 21 membres en commun. Mais tous ces pays, qu’ils soient membres de l’OTANT ou de l’UE, ne disposent que de forces militaires et de capacités limitées ; il est en effet de plus en plus difficile pour les pays, dans un contexte de crise financière, de se permettre l’acquisition de matériel militaire de pointe.

Depuis quelques années déjà, l'Alliance et l'Union européenne sont préoccupées par les lacunes des pays européens en matière de capacités essentielles. L’opération en Libye a démontré notamment des besoins criants en ce qui concerne les munitions intelligentes, le ravitaillement en vol, la surveillance, le renseignement et la reconnaissance.

En coopérant, en mettant leurs ressources en commun, en optant pour des solutions multinationales et en se spécialisant, l’OTAN et l’UE ont davantage de chances d’acquérir les capacités militaires nécessaires à leurs opérations.

« Défense intelligente » et « mutualisation et partage »

L’initiative de défense intelligente de l’OTAN est une nouvelle approche qui cherche à mieux aligner les exigences collectives avec les priorités nationales des États membres. Au lieu de chercher des solutions purement nationales, les Alliés ont décidé que lorsque ce serait efficient et rentable, ils essaient de recourir à davantage de solutions multinationales, y compris pour l’acquisition, la formation et le soutien logistique.

Pour sa part, l’UE, via son Agence européenne de défense, a fortement progressé dans son initiative de mutualisation et de partage, notamment en matière d’avions ravitailleurs, d’hôpitaux modulaires de campagne, de stages d’entraînement des pilotes d’hélicoptères ou de surveillance maritime. Les avions ravitailleurs en particulier sont une capacité critique. Ils constituent un investissement onéreux, mais ils sont essentiels au déploiement des forces à longue distance, en guise de soutien à d'autres aéronefs.

Les services de l’OTAN et de l’UE travaillent en étroite coordination afin d’éviter tout double emploi entre les initiatives de « défense intelligente » et de « mutualisation et partage ».

« La crise financière est une raison de plus pour s’efforcer d’accroître la coopération entre l’Union européenne et l’OTAN. Les avantages sont évidents. Si nous travaillons ensemble, alors nos deux institutions peuvent sortir renforcées de cette période de difficultés économiques », a expliqué le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, lors de la conférence des présidents des commissions des affaires étrangères des parlements des pays membres de l’UE en mars 2012.

La Haute représentante de l’Union européenne, Catherine Ashton, a également souligné la nécessité de poursuivre la coopération dans ce domaine. « La relation de l’UE avec l’OTAN est essentielle. La diversité des instruments de l’UE peut être combinée utilement avec l’ampleur du rôle de l’OTAN en matière de défense. Les deux organisations doivent continuer de s’appuyer mutuellement dans leurs travaux. La crise en Libye a permis de démontrer encore une fois à quel point cela était nécessaire », a-t-elle déclaré à la conférence annuelle de l’Agence européenne de défense, en janvier 2012. « Pour ce qui est des capacités en particulier, que l’on appelle cela « mutualisation et partage » ou « défense intelligente », nous sommes parvenus à un niveau de coopération sans précédent ».

Renforcer la coopération : une priorité

L’Alliance et l’UE sont deux des institutions les plus importantes au monde, dotées de compétences et de moyens complémentaires. Si le partenariat OTAN-UE doit encore réaliser son potentiel stratégique, il faut cependant reconnaître que des progrès importants ont été accomplis, ces vingt dernières années, en vue de développer un cadre de coopération rapprochée.

Dès le début de son mandat, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a fait de l’approfondissement des relations avec l’UE l’une de ses priorités. Il a fait des propositions concrètes à cet égard lors de la réunion informelle des ministres de la Défense de l’Union Européenne à Palma de Majorque, en février 2010.

Il a des contacts réguliers au plus haut niveau avec l’UE : Herman Van Rompuy, président du Conseil Européen, José Manuel Barroso, président de la Commission Européenne, Martin Schulz, président du Parlement Européen, et, en particulier, Catherine Ashton, haute représentante/vice-présidente de la Commission Européenne.