Célébrations à Misrata

  • 03 Nov. 2011 -
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  • Mis à jour le: 15 Nov. 2011 11:19

D'autres villes ont déjà eu l'occasion de célébrer la victoire, et Misrata, meurtrie par des semaines de siège sanglant, n'allait pas demeurer en reste. Sur leur place des Martyrs, les habitants et les combattants de la liberté de la troisième ville de Libye célèbrent la victoire sur Mouammar Kadhafi et se rengorgent du rôle important qu'ils ont joué dans celle-ci.

Victory parade for the liberation of Libya at Misratas own Martyrs Square

La foule emplit les rues et acclame les combattants qui paradent en armes. Parmi ceux qui défilent, certains sont à cheval et revêtus de leur costume traditionnel tandis que la fanfare d'un mouvement de jeunesse local accompagne la parade. Décrivant des cercles dans le ciel, même les hélicoptères sont de la partie.

« Ce que vous voyez-là, c'est l'expression de la joie qu'éprouvent la population et les combattants de la liberté de Misrata après la chute du dictateur, c'est leur façon à eux de la proclamer », affirme Mohammed, un homme d'affaires qui faisait partie du bataillon Hitten. « Nous devons exprimer notre joie et dire au monde que, pour conquérir la liberté et retrouver honneur et dignité, il faut passer par la révolution », déclare un homme dans la foule.

Récemment, Misrata a eu aussi bien bonne que mauvaise presse. Le rôle ultra-médiatisé joué par ses combattants dans la capture de Kadhafi puis sa mort, ainsi que les désaccords avec le Conseil national de transition ont focalisé l'attention sur la ville. Conscients de cela, certains commandants craignaient que le défilé de combattants en armes puisse être interprété, à tort, comme une démonstration de force plutôt que comme une célébration.

Les réjouissances hautes en couleur de ce jour contrastent fortement avec l'état dans lequel la ville se trouve actuellement. À voir la rue de Tripoli, qui traverse le centre de Misrata, on se rend compte de l'ampleur des destructions qu'a entraînées le siège prolongé de la ville par les forces de Kadhafi. Des murs criblés de balles et des bâtiments réduits à l'état de ruines par les bombardements à l'artillerie témoignent de la violence des combats qui se sont déroulés à Misrata. Nombre de ses habitants sont morts en défendant la ville et il ne leur sera pas donné de connaître la Libye nouvelle, pour laquelle ils ont donné leur vie.

Reconstruire Misrata

Les Misratis sont connus pour leur combativité mais, maintenant que la guerre est terminée, ils sont impatients de reconstruire leur ville. « Pendant la libération, nous avions une formule : « On combat en temps de guerre et on construit en temps de paix ». Grâce à Dieu, nous sommes libres, et nous pouvons à présent appliquer pleinement cette formule », affirme un combattant prénommé Ibrahim.

Le nombre de bâtiments irrémédiablement détruits est tel qu'il est établi qu'une bonne partie de la ville devra être entièrement rebâtie. « Il faut que nous repartions sur de bonnes bases », indique Ibrahim. « Mieux vaut ça que de rafistoler les vieux bâtiments, puisque tout a été détruit. Commençons par planifier, et faisons d'emblée les bons choix », explique-t-il.

Les combats qu'elle a endurés ont ravagé la ville, mais ses habitants ont remarqué à quel point les récents événements avaient changé la vie des gens. « La situation a radicalement changé. Mon dernier passage à Misrata remontait à il y a un mois. Aujourd'hui que je suis de retour, je vois les gens rire, ce qui n'était pas le cas auparavant », indique un observateur.

Désarmer les milices de Misrata

Un des problèmes les plus importants est de faire en sorte qu'il n'y ait plus d'armes en circulation dans les rues et la plupart des hommes semblent prêts et disposés à reprendre le travail. Ibrahim nous raconte : « Après la libération, nous comptons bien que chacun rendra ses armes. Je vous assure que nous ne trahirons pas nos martyrs, ceux qui ont versé leur sang pour cette victoire. »

Néanmoins, beaucoup attendent pour cela que leurs commandants parviennent à un accord avec les autres groupes présents dans le pays. La réconciliation de ces groupes sera l'un des principaux défis à relever par Libye nouvelle. « Il est important que je rende mon arme et que je reprenne mon ancien travail, mais je le ferai quand mon chef de bataillon m'en donnera l'ordre. », affirme Mohammed.

Un combattant prénommé Hitem, regardant passer le défilé, résume ainsi la situation : « Misrata a payé un lourd tribut mais, grâce à Dieu, nous avons eu notre victoire », affirme-t-il.