L’accès à Internet introduit de nouvelles méthodes d’enseignement en Afghanistan

  • 08 Jun. 2011 -
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  • Mis à jour le: 14 Jun. 2011 12:11

"À une époque où le monde était bombardé de technologie, ce sont de vraies bombes qui tombaient sur l’Afghanistan," raconte Susan Atai, une étudiante en informatique à l’Université d’Herat. Des décennies de conflit et de mauvaise gouvernance ont empêché les institutions universitaires d’Afghanistan de se doter des moyens adéquats. Mais les choses commencent à changer, grâce à un projet parrainé par l’OTAN qui offre un accès à Internet à plus de 70 000 étudiants des universités de la capitale et des provinces.

Pour les étudiants comme Atai, l’accès à Internet est d’une énorme importance. “Il porte nos études à un autre niveau,” dit-elle, à propos de l’impact du nouveau projet axé sur l’Afghanistan. “Mes exposés se sont améliorés parce que j’ai utilisé des vidéos et cherché davantage d’informations grâce à la liaison Internet à haut débit.”

Ce ne sont pas seulement les étudiants qui bénéficient du projet, puisque les enseignants peuvent aussi utiliser le réseau pour mener leurs recherches et trouver de nouveaux matériels pédagogiques.“Internet a véritablement transformé les méthodes de travail des enseignants et des étudiants,” explique Atai. “Les méthodes anciennes et les matériels dépassés ont été éliminés, et chaque sujet est actualisé grâce aux résultats obtenus chaque jour dans le monde.”

Le projet SOIE-Afghanistan

Ainsi baptisé en référence à la grande route historique de la soie qui reliait l’Asie à l’Europe, favorisant les échanges de biens, de savoirs et d’idées, le projet Route de la voie virtuelle (SOIE) de l’OTAN a été mis en place pour offrir un accès à Internet, abordable et à haut débit, via satellite, aux communautés universitaires du Caucase et de l’Asie centrale.

Le projet SOIE a été d’abord étendu à l’Université de Kaboul, en Afghanistan, en 2004, puis à trois autres universités de la capitale en 2008. Entre 2009 et le début de 2011, il a été élargi à 14 universités provinciales et dessert environ 60 000 étudiants. Alors que le projet Route de la voie virtuelle dans le reste de l’Asie centrale et le Caucase est passé, en 2010, sous le co-parrainage de l’Union européenne, le nouveau projet SOIE-Afghanistan parrainé par l’OTAN et le Département d’État des États-Unis devrait se poursuivre jusqu’à l’été 2013.

Les universités peuvent aussi demander la modernisation de leur connexion à Internet pour disposer d’un accès large bande, ainsi que des subventions OTAN à la constitution d’une infrastructure de réseaux et une aide à la formation de personnel afghan dans le domaine des technologies de l’information. Ainsi, 47 participants ont déjà reçu une formation en matière de cybersécurité et de gestion des réseaux. Parallèlement, un portail d’apprentissage en ligne à distance en matière d’économie et de gestion a été mis en place avec un soutien financier de l’OTAN.

“Il est réellement important, pour le ministère de l’Enseignement supérieur, que les universités disposent d’un accès large bande afin que les étudiants puissent effectuer facilement leur travail universitaire,” déclare Roya Mahboob, Coordinatrice de projet au ministère de l’Enseignement supérieurà Kaboul. “Lorsque les Talibans ont quitté le pays, le système éducatif du pays était dans un état lamentable, mais il s’améliore maintenant de jour en jour. Le ministère de l’Enseignement supérieur a un plan stratégique a cet effet, pour déterminer combien de temps cela prendra et comment atteindre un niveau comparable à celui d’autres pays,” a-t-elle ajouté.

De nouvelles possibilités grâce à l’enseignement à distance

Ce processus s’étalera sans doute sur plusieurs années, mais l’impact du projet SOIE-Afghanistan se fait déjà sentir. “Maintenant, les étudiants et les enseignants peuvent facilement trouver les informations dont ils ont besoin pour étudier et mener des recherches,” poursuite Mme Mahboob. “Ils peuvent aussi étudier grâce à l’enseignement à distance. Personnellement, par exemple, je prépare ma maîtrise grâce à l’enseignement à distance rendu possible par le projet SOIE-Afghanistan.”

Atai confirme cette déclaration et décrit comment, lorsqu’elle étudiait à la faculté d’informatique de l’université de Herat, elle a utilisé le réseau pour entrer en contact avec d’autres personnes, lire des informations plus récentes et améliorer sa performance en cours.

“Les enseignants afghans ont désormais accès aux méthodes pédagogiques les plus efficaces disponibles dans le monde,” explique-t-elle. “D’autres étudiants doivent parfois travailler toute la journée – et il n’existe pas d’écoles du soir – et l’enseignement en ligne constitue par conséquent une excellente possibilité, pour eux,d’améliorer leurs connaissances.”

L’absence d’accès à domicile demeure un problème

Selon Atai, toutefois, des problèmes subsistent en dehors de l’université. En Afghanistan, l’accès à Internet depuis le domicile est médiocre et le citoyen moyen est très peu informé de ce qu’Internet pourrait lui offrir. Des statistiques diffusées par Facebook en août 2010 montrent que le réseau compte seulement 52 980 utilisateurs basés en Afghanistan ; un rapport publié en juin 2010 par le Fonds monétaire international révèle que 3,4% seulement de la population du pays, qui compte 33 millions d’habitants, est active sur Internet.

“La plupart des Afghans sont aujourd’hui illettrés; comment pourraient-ils utiliser Internet?” demande Atai. “À mon avis, la diffusion de l’Internet doit aller de pair avec des programmes pour en enseigner l’utilisation à la population. L’idéal serait que le programme soit réalisé dans le cadre d’un réseau urbain, afin que les habitants et les étudiants puissent en profiter depuis leur domicile,” explique-t-elle, ajoutant que les étudiants, une fois familiarisés avec l’Internet, peuvent difficilement renoncer à son usage quotidien.

“Il y a aussi un autre problème : pour maintenir le succès de SOIE-Afghanistan, nous avons besoin de sécurité,” dit-elle. “Mais avec l’aide de la communauté internationale et de l’OTAN, la situation s’améliore.”