Surveillance des munitions immergées dans la mer Baltique
Au fond de la mer Baltique, une multitude d’armes chimiques et d’explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale constitue une menace importante pour la faune et la flore marines et pour les populations de la région. Une équipe internationale de scientifiques a contribué à la localisation et à la compréhension de cette menace au travers d’un projet de recherche pluriannuel inscrit dans le cadre du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS).
« Ce projet a une forte dimension de coopération régionale : huit pays de la Baltique y prennent part pour, ensemble, traiter un problème auquel ils sont aujourd’hui confrontés », explique M. Eyüp Kuntay Turmuş, conseiller scientifique et gestionnaire de programme SPS.
Les experts estiment que l’écoulement des substances contenues dans un sixième seulement des 50 000 tonnes de munitions bouleverserait l’habitat en mer Baltique pendant une durée de un siècle. Dans la mesure où ce type d’événement, qu’il soit de nature accidentelle ou intentionnelle, ne peut pas être exclu, les armes chimiques immergées en mer constituent une menace réelle pour l’environnement et pour les populations de la région de la mer Baltique. Le projet MODUM sur la surveillance des munitions immergées en mer avait pour but de mettre en place un réseau de surveillance d’un bon rapport coût-efficacité, permettant l’observation des sites d’immersion de munitions de la Baltique au moyen de véhicules sous-marins autonomes (UAV) et de véhicules sous-marins télécommandés (ROV) lancés par les navires de recherche d’institutions partenaires.
« Grâce à cette coopération scientifique, nous pourrons contrôler les menaces que les munitions chimiques immergées dans la Baltique font peser sur la sécurité environnementale et humaine », précise M. Jacek Beldowski de l’Institut d’océanologie de l’Académie des sciences de Pologne, directeur du projet pour les pays de l'OTAN.
Un projet réussi
Lancé en 2013 et récemment terminé, MODUM a été mené à bien dans les délais prévus, avec le concours du Centre OTAN pour la recherche et l'expérimentation maritimes (CMRE) de La Spezia (Italie). Le CMRE a mis à disposition ses compétences techniques en matière de drones sous-marins et, conjointement avec l’équipe de projet MODUM, a organisé un essai à la mer.
Les données collectées pendant la durée du projet serviront de base à l’élaboration d’un outil de management du risque destiné à permettre aux décideurs de déterminer la voie à suivre au sujet des sites d’immersion de munitions. Plus généralement, les recherches effectuées vont aider les pays riverains de la Baltique à bâtir une stratégie à long terme pour lutter contre cette menace.
Une expérience modèle pour jeunes chercheurs
Le projet MODUM a permis à vingt-huit jeunes scientifiques de pratiquer la recherche dans leurs domaines d’intérêt. Il a par ailleurs conduit au dépôt de deux brevets, à la publication de onze articles dans des revues scientifiques et à la rédaction de trois mémoires de maîtrise. Un ouvrage consacré à MODUM est en cours de préparation pour publication dans la série « NATO Science ».
En juin et juillet 2016, en Nouvelle-Écosse (Canada), une université d’été pour jeunes chercheurs a été organisée, dans le cadre de MODUM, sur les armes chimiques immergées en mer. Dix‑neuf étudiants y ont participé à des travaux pratiques sur le terrain et en laboratoire, et s’y sont familiarisés avec la question de l’immersion généralisée d’armes dans les eaux internationales ainsi qu’avec les concepts d’utilisation de véhicules sous-marins pour détecter et cartographier les armes immergées.