L’OTAN et l’Ukraine renforcent leur coopération scientifique
L’actuelle crise sécuritaire en Ukraine influe sur la sécurité régionale et euro-atlantique, mais elle affecte également l’infrastructure scientifique et les établissements d’enseignement du pays. Dans le cadre du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), l’Alliance permet à des scientifiques et à des experts des pays de l’Alliance et de l’Ukraine d’engager une coopération pratique, établit des réseaux de recherche et soutient la mise en place de capacités dans le pays. Lors de sa réunion du 18 septembre 2015 au siège de l’OTAN, le Groupe de travail conjoint OTAN-Ukraine sur la coopération scientifique et environnementale s’est intéressé aux moyens de renforcer l’aide apportée.

La crise actuelle n’a pas épargné l’infrastructure scientifique nationale et les réseaux de recherche en Ukraine : 26 universités ou instituts, de même que 12 000 professeurs d’université et chercheurs, ont été forcés de quitter les territoires occupés pour s’établir dans d’autres régions d’Ukraine. Par ailleurs, la plupart des infrastructures, y compris les bibliothèques et les laboratoires, demeurent inaccessibles dans certaines zones de l’est de l’Ukraine. Ainsi, selon le vice-président de l’Académie nationale des sciences d’Ukraine, M. Serhiï Komissarenko, rien qu’en Crimée, l’Ukraine a perdu neuf grands instituts de recherche, dont une importante flotte de recherche située à Sébastopol.
« Seule la coopération internationale pourra nous aider à résoudre ces problèmes », déclare M. Maksym Strikha, le vice-ministre ukrainien de la Science et de l’Éducation, qui a emmené la délégation de haut niveau ukrainienne et coprésidé la réunion du Groupe de travail conjoint avec la conseillère sénior SPS et coopération avec les partenaires, Mme Deniz Beten. « Nous sommes très reconnaissants du soutien réel et pratique apporté par l’OTAN, et nous sommes fiers d’être maintenant au premier rang des bénéficiaires du programme SPS », a ajouté M. Strikha.
L’Ukraine participe au programme SPS depuis le milieu des années 1990. La coopération scientifique et technologique avec ce pays a été considérablement renforcée en réponse à la crise ukrainienne et suite aux orientations données en avril 2014 par les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Alliance. Grâce à seize nouvelles activités SPS lancées en 2014 et neuf projets et ateliers approuvés jusqu’à présent en 2015, l’Ukraine est devenue de loin le principal bénéficiaire du programme SPS.
Faire face aux menaces actuelles

Aujourd’hui, la coopération concerne un large éventail de questions de sécurité, notamment les nouvelles menaces. « Nous avons des projets dans les domaines de la cyberdéfense, de la sécurité énergétique et de la défense contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires », explique le secrétaire général adjoint de l'OTAN pour les défis de sécurité émergents, M. Sorin Ducaru. Et de préciser : « Les activités SPS ont trait à des domaines prioritaires dans le cadre de la coopération avec l’Ukraine et aident notre partenaire à faire face aux retombées de la crise actuelle. Parmi ces activités figurent un stage pratique de formation à la cyberdéfense, qui a eu lieu cette année, ainsi qu’un projet visant à fournir des formations et des équipements à l’appui du déminage humanitaire dans l’est de l’Ukraine. »
Ce projet, qui a été mis au point en coordination avec le Service d'État des situations d'urgence de l'Ukraine, a été lancé en juin dernier et permettra d’apporter équipements et formations aux démineurs ukrainiens. L’Ukraine sera ainsi en mesure de détecter et d’éliminer les mines et autres dispositifs piégés dans certaines zones de l’est de son territoire, pour permettre aux habitants de ces zones de rentrer chez eux en toute sécurité.
Par ailleurs, l’Ukraine a récemment rejoint un grand projet SPS visant à développer un système multinational de télémédecine pour les situations d'urgence. Une fois opérationnel, ce système permettra à des équipes médicales spécialisées d’intervenir lors de catastrophes et d’incidents majeurs, de nature tant militaire que civile, qui nécessitent une expertise médicale particulière. Le secrétaire général de l’OTAN, M. Jens Stoltenberg, a participé à une démonstration de cette capacité le 21 septembre 2015, lors d’un exercice sur le terrain organisé à Lviv, en Ukraine, par le Centre euro‑atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe.
La réunion du Groupe de travail conjoint a permis de recenser un certain nombre de domaines propices à une future coopération dans le cadre du programme SPS.
Créé en mai 2000, ce groupe se réunit régulièrement depuis lors. Cette année, en plus du vice-ministre de la Science et de l’Éducation et du vice-président de l’Académie nationale des sciences, la délégation ukrainienne était composée des présidentes des commissions parlementaires pour la science et l’éducation et pour les soins de santé et de la conseillère du président ukrainien chargée des questions humanitaires.