Des forces d'opérations spéciales polyvalentes pour faire face aux nouvelles menaces
Après avoir défoncé une porte, un membre des forces d'opérations spéciales (SOF) roumaines extrait un otage détenu par un groupe de combattants ennemis qui vient de se disloquer sous le feu d'embarcations d'assaut. Il rejoint rapidement ses camarades danois et norvégiens à bord d'une embarcation et tous se dirigent vers les hélicoptères Blackhawk qui les attendent pour les mettre en sûreté.
L'objectif de cette démonstration de force, organisée dans le cadre d'une conférence internationale à Tampa (Floride) en mai, était de mettre en avant les capacités SOF multinationales. Cela aurait pu être le début d'un film d'action ou un reportage sur une action de combat qui correspond bien à l'idée que souvent le public se fait des forces spéciales. Lors de cette conférence, les experts ont toutefois voulu souligner que les SOF sont plus que des « défonceurs de portes ».
Un mélange de force brute et d'apprentissage patient
« Je dirais que moins de dix pour cent de nos opérations sont des opérations de combat et c'est une bonne chose, mais ce n'est pas ce que l'on entend habituellement. Ceux dont on entend toujours parler sont ceux qui vont au feu pour des actions coup de poing de haute intensité, » dit Stu Bradin, PDG de Global Special Operations Forces Foundation, une organisation à but non lucratif qui vise à mieux faire connaître le travail des SOF.
Alors que les médias internationaux font leurs gros titres sur des opérations comme la mission de capture d'Oussama Ben Laden au Pakistan, la majeure partie des SOF donnent la priorité aux missions d'entraînement dans les pays alliés et les pays partenaires. Vivant et opérant aux côtés des forces locales, de petites équipes de soldats très bien entraînés, parlant souvent couramment la langue du pays, sont déployés par plusieurs pays pour aider les pays hôtes à perfectionner leurs forces militaires et policières. Ils transmettent leurs compétences dans plusieurs domaines : médecine, analyse du renseignement, aide humanitaire, en même temps que les techniques de combat qui ont fait leur réputation.
Après plus de dix ans d'opérations de contre-insurrection en Afghanistan et en Iraq, les SOF des pays alliés ont acquis une vaste expérience de la coopération avec les partenaires, selon le commandant du Quartier général des opérations spéciales de l'OTAN, le vice-amiral Sean Pybus.
« L'interopérabilité avec les partenaires est un acquis majeur que nous exploiterons à l'avenir ; il s'agit d'avoir un langage commun, une tactique, des techniques et des procédures communes et une bonne compréhension de notre action et de notre stratégie communes, » explique-t-il.
Des forces adaptées aux nouvelles menaces
L'interopérabilité est un mot à la mode, mais ce que recouvre ce terme va au-delà du simple jargon. Les menaces qui pèsent actuellement sur la sécurité mondiale, y compris la présence tentaculaire du réseau al Qaida sur plusieurs continents, requièrent un modèle différent pour le déploiement d'envergure de troupes sur le long terme. Les SOF sont un moyen de lutter contre ces menaces, même en ces temps de coupes budgétaires, selon Stu Bradin.
« Chaque pays a les moyens d'avoir au moins 500 soldats bien entraînés, bien équipés et aguerris, dotés des capacités nécessaires pour être projetés rapidement, non pas en quelques mois, en quelques semaines ou en quelques jours, mais bien en quelques heures. Des soldats capables d'évoluer dans un environnement incertain et souvent hostile, » dit-il.
Que ce soit en Afrique, en Asie ou même en Europe, une petite unité n'est pas simplement moins chère, sa présence sur le terrain est plus discrète et elle est perçue comme moins intrusive par les pays hôtes.
« Là où il faut vraiment faire porter les efforts de nos jours, c'est sur le facteur humain, et je pense que l'on continue à le voir en Afghanistan, et nous nous en inspirons pour l'Ukraine. Je pense que c'est le rôle des opérations spéciales de l'OTAN dans leur ensemble, c'est une mission que nous pouvons remplir avec succès, » ajoute le vice-amiral Pybus.
Les décideurs présents à cette conférence sur le renforcement du réseau des SOF dans le monde disent qu'il est impensable que les SOF continuent d'opérer avec des effectifs réduits, et de façon réactive plutôt que proactive, comme c'était le cas avant le 11 septembre. Mais cela passera par un partenariat mondial déterminé et inscrit dans la durée si l'on veut maintenir le haut niveau de professionnalisme de ces soldats.