Désert égyptien : nouvelles technologies de détection des mines terrestres

  • 03 Apr. 2014 -
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  • Mis à jour le: 08 Apr. 2014 14:22

L'Égypte est considérée comme un des pays les plus contaminés au monde pour ce qui est des mines et des restes explosifs de guerre éparpillés sur son territoire. Cette situation pose un grave problème de sécurité pour les populations locales et entrave le développement économique et les investissements. De vastes étendues sont en effet inutilisables du fait de leur dangerosité.

L'OTAN et l'Égypte ont coordonné leurs efforts pour s'attaquer à ce problème et ont récemment achevé un projet lancé il y a deux ans portant sur la mise en service de systèmes avancés de détection adaptés au déminage dans le désert égyptien.

Les défis

La majorité des mines terrestres en Égypte sont des restes des combats de la Seconde Guerre mondiale. Ces engins, vieux de plusieurs dizaines d'années, peuvent être extrêmement difficiles à localiser et à détecter. « L'extrême complexité de la détection des mines terrestres en Égypte est principalement liée au terrain, mais aussi au fait qu'avec le temps, le mouvement des sables a fini par enfouir profondément un grand nombre de ces mines, ce qui rend les méthodes de détection classiques inefficaces  », déclare M. Eyup Turmus, conseiller scientifique à l'OTAN.

Aujourd'hui, on estime qu'au moins dix pour cent des mines terrestres et des restes explosifs de guerre dans toute l'Égypte sont enfouis à des profondeurs de plus d'un mètre et demi. Un autre gros problème est que ces engins se trouvent souvent dans des endroits contaminés par des fragments métalliques provenant d'anciens champs de bataille. La difficulté vient du fait que les détecteurs de métaux à commande manuelle, largement utilisés, ne peuvent faire la distinction entre des mines et d'inoffensifs fragments de métal, ce qui donne lieu à de fausses alertes. Et comme chaque alerte doit faire l'objet d'une enquête par les autorités égyptiennes, les opérations de déminage s'en trouvent considérablement ralenties.

Mise au point de détecteurs intelligents

Lancé en 2012, ce projet vise à aider les démineurs égyptiens à développer une capacité opérationnelle pour les détecteurs à double capteur comme pour les détecteurs grande profondeur.

La phase du projet visait à mettre au point des techniques à double capteur avec un radar de sondage terrestre (GPR) pour qu'il soit ainsi possible non seulement de détecter la présence d'objets métalliques, mais aussi d'en déterminer le volume, et donc de faire la différence entre des fragments métalliques et des mines. La technologie GPR, capable de détecter des objets, des volumes et des zones aux propriétés électromagnétiques différentes, facilite aussi les opérations de détection des mines en ce sens qu'elle permet d'établir une cartographie du sol.

Comme les détecteurs à double capteur ne peuvent trouver des mines et des restes explosifs que jusqu'à une profondeur de 0,5 à 1 mètre, des détecteurs grande profondeur spécifiques ont été utilisés durant la deuxième phase du projet. Ce projet étant désormais achevé, les militaires du Génie égyptien vont maintenant pouvoir bénéficier de ce matériel de détection avancé, qui rendra le déminage plus efficace, plus sûr et plus rapide.

Explorer de nouvelles possibilités de collaboration

« Avec plus de 20 millions de mines terrestres éparpillées sur tout son territoire, l'Égypte est face à un immense un défi. Ce projet en collaboration répond à un problème de sécurité majeur mais comporte également une dimension humanitaire importante qui promeut l'image de l'OTAN en Égypte et dans la région » , déclarait feu le général de brigade Maged Ahmed Saleh, ancien chef du Génie militaire au ministère de la Défense, qui a perdu la vie peu de temps après l'interview.

Ce projet ayant été mené à bien, des discussions sont en cours sur le suivi possible, notamment pour la détection de munitions non explosées.

« Ce projet constitue une des activités phares de la coopération entre l'OTAN et l'Égypte, et il offre une base solide pour de nouvelles possibilités de collaboration à l'avenir, » déclare le secrétaire général adjoint de la Division Défis de sécurité émergents de l'OTAN, l'ambassadeur Sorin Ducaru.

Le projet a été mis au point au titre du programme de l'OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), un outil de partenariat de la Division Défis de sécurité émergents.