Détection des attentats suicide - de la recherche à la réalité

  • 30 Oct. 2013 -
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  • Mis à jour le: 29 Oct. 2013 16:37

C'est une première mondiale : une technologie de détection à distance et en temps réel d'explosifs a été testée en conditions réelles dans une station de métro d'une grande ville européenne. Les résultats sont concluants, ouvrant ainsi la voie à une utilisation plus répandue de cette technologie. Cela marque l'achèvement de la phase de développement et de tests du programme de détection à distance des explosifs, connu sous le nom de STANDEX, résultat de quatre ans de travail en commun entre des experts de l'OTAN et des experts russes.

Une étape importante a été franchie dans la coopération entre l'OTAN et la Russie concernant la lutte contre le terrorisme dans les réseaux de transports en commun. Au cours des essais en conditions réelles qui ont eu lieu en juin dernier dans le métro d'une capitale européenne, le projet STANDEX a permis – en temps réel – non seulement d'identifier un suspect, mais aussi de détecter les explosifs que ce suspect dissimulait sur lui. L'alerte a été activée par un système novateur, qui a également fourni une analyse de toutes les données recueillies par les différents détecteurs.

Le projet pourrait aider les pays de l'OTAN et la Russie à prévenir des attentats terroristes tels que ceux perpétrés dans les transports en commun de Londres, Madrid et Moscou.

Détection sans perturbation

STANDEX est un programme unique et novateur qui intègre différentes technologies, mises en commun et testées pour la première fois. Il permet de détecter des explosifs à distance, en temps réel et sans perturber le flux des passagers. Il est ainsi possible d'identifier, de suivre et de localiser tout objet suspect ou tout individu porteur d'explosifs, et de gérer le déclenchement de l'alarme.

« Les deux premières technologies s'appuient sur le balayage hyperfréquences », déclare Dmitry Vakhtine, chercheur à l'Institut du radium Khlopine, basé à Saint-Pétersbourg (Russie). « Le système détecte des explosifs dissimulés sur un individu », explique-t-il. Des anomalies dans la composition moléculaire des objets ou des personnes surveillés peuvent ainsi être vues immédiatement.

Le système de contrôle commande tous les capteurs ; en outre, il centralise et fusionne toutes les données. Si quelque chose d'anormal est détecté, il déclenche le système de surveillance vidéo et affine la sensibilité des capteurs suivants.

« La technique de spectroscopie est très puissante », indique un représentant italien de l'Agence nationale pour les nouvelles technologies, l'énergie et le développement économique durable (ENEA), basée à Rome. « Elle détecte des traces d'explosifs partout sur des individus. Cette technologie unique peut être utilisée dans les transports en commun et est sans danger pour les yeux ; elle est donc pleinement conforme aux règlements en matière de sécurité internationale », ajoute-t-il.

De nouveaux essais sont prévus, ainsi que le transfert de cette technologie vers l'industrie

Ce projet devrait comprendre une deuxième phase, qui sera axée sur la gestion des situations d'urgence, c'est-à-dire sur les mesures à prendre une fois qu'un terroriste a été identifié. De nouveaux essais sont prévus, cette fois-ci en Russie.

« À ce jour, les résultats du projet STANDEX sont probants. Nous souhaiterions tester cette technologie dans notre réseau de métro, puis, en fonction des résultats, décider de quelle manière nous pourrions l'introduire dans le système de sécurité du métro de Saint‑Pétersbourg », précise Mikhail Korolev, ingénieur en chef du métro de Saint-Pétersbourg.

L'un des grands avantages de STANDEX, c'est sa flexibilité. La technologie peut s'adapter à tout type d'environnement, qu'il s'agisse d'une station de métro, d'un aéroport ou d'un stade.

« On n'est pas obligé de repenser complètement le système afin de l'adapter à ses besoins, et c'est vraiment ce qui fait la force de la technologie STANDEX, » explique Pierre Charrue, directeur du projet STANDEX.

Des pourparlers avec l'industrie sont déjà en cours, l'objectif étant de transférer cette technologie vers le secteur industriel d'ici à la fin octobre 2015, à des fins de commercialisation.

« Nous montrerons à l'industrie que notre produit est viable. De son côté, l'industrie pourra observer ce que l'OTAN a accompli et déterminer ce qu'elle-même doit donc faire pour commercialiser ce produit et le rendre exploitable. Ce produit doit être abordable », déclare Jamie Shea, secrétaire général adjoint délégué de la Division Défis de sécurité émergents de l'OTAN.

Mutualisation des compétences et du savoir-faire

« Le programme STANDEX est le résultat d'une réelle volonté commune et forte, de la part des pays de l'OTAN et de la Fédération de Russie, de contrecarrer les tentatives d'attentats contre les infrastructures critiques, en particulier les transports en commun », précise Pierre Charrue.

Pour l'OTAN comme pour la Russie, STANDEX a surtout été un défi humain avant d'être un défi technologique ou politique : en effet, il a fallu associer des compétences et des cultures très diverses afin de former une équipe soudée et déterminée.

« STANDEX est notre projet commun », déclare Vladimir Dyakov, conseiller à la Mission de la Russie auprès de l'OTAN. « C'est le fruit de la coopération entre des États différents, mais aussi entre des entités différentes ». Il souligne qu'il s'agit d'une première étape vers une plus grande coopération. « Ce n'est pas le point final pour STANDEX, mais simplement le temps de la réflexion, pour voir comment trouver les moyens d'aller de l'avant, et de mieux exploiter ce que nous avons créé ensemble ».

L'importance de la contribution russe à la réussite du programme est largement reconnue. « L'une des technologies les plus importantes que nous utilisons a été inventée par les Russes », précise Jamie Shea.

« La technologie russe est fortement utilisée dans ce projet », ajoute Alain Coursaget, directeur d'ACCES2S, société de gestion des risques implantée au Chesnay (France).

Une réussite du Conseil OTAN-Russie

Officiellement lancé dans le cadre du Conseil OTAN-Russie en février 2010, le programme STANDEX a été conçu et développé conjointement par un consortium d'entreprises et de laboratoires néerlandais, français, allemands, italiens et russes, qui ont mis en commun leurs compétences et leur savoir-faire.

À ce jour, STANDEX a coûté 4,8 millions d'euros. Le financement est assuré via le programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité et par des contributions nationales des gouvernements britannique, français, italien, russe, turc et américain.