Propos liminaires
de Jean François Bureau, Secrétaire général adjoint de l'OTAN pour la diplomatie publique lors de l'ouverture du Forum des Jeunes - Strasbourg
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Au nom de l’ensemble des organismes associés à la réalisation de cet événement, je souhaite, à toutes et à tous, la bienvenue à ce Forum des Jeunes organisé à l’occasion du 60ème anniversaire du traité fondant l’Alliance atlantique. Je suis très heureux de souligner votre participation nombreuse, mais aussi la diversité de nationalités, d’origines et d’activités que vous représentez.
Je voudrais d’abord vous présenter celles et ceux qui sont à côté de moi à cette tribune et qui co-organisent, avec la Division de la Diplomatie publique de l’OTAN, cet événement. Je les remercie toutes et tous pour l’intérêt qu’ils ont porté à cette initiative, et l’implication qui a été la leur pour son organisation.
Dr. Karl Lamers, président de l’Association du Traité de l’Atlantique (ATA), membre éminent de la Commission de la Défense du Bundestag et Vice-Président de l’Assemblée parlementaire du Traité de l’Atlantique nord. L’ATA est un partenaire de longue date, et estimé de la Division de la Diplomatie publique. Cette organisation contribue à développer les relations transatlantiques en promouvant les valeurs du Traité de l’Atlantique Nord – démocratie, liberté, paix, sécurité et le respect du Droit. Ainsi, depuis 54 années, cette ONG sert de vecteur transatlantique avec 42 conseils atlantiques nationaux des pays membres de l’OTAN et partenaires. Pour la première fois cette année, l’ATA tiendra son Congrès annuel dans un pays partenaire, à Kiev, démontrant ainsi son rayonnement.
Je poursuis avec la communauté transatlantique et j’accueille avec grand plaisir Fran Burwell qui représente le Conseil atlantique des Etats-Unis (ACUS) dans ses fonctions de Vice-Présidente. L’ACUS est également un partenaire de longue date avec qui nous collaborons très régulièrement non seulement dans ses activités aux Etats-Unis mais aussi au Canada, en Europe et dans les pays partenaires de l’OTAN.
L’ATA et l’ACUS unissent donc conjointement leurs efforts et attachent une grande importance à promouvoir les valeurs de l’Alliance notamment au sein de la jeune génération, celle qui a vingt ans cette année, et qui est donc née depuis la fin de la Guerre froide. L’ATA et L’ACUS conduisent de nombreux programmes d’échanges ouverts aux jeunes intéressés par les questions de sécurité, et ont identifié plus de 60 jeunes membres des associations des jeunes du Traité de l’Atlantique pour participer à cet événement. A toutes et à tous, je souhaite la bienvenue.
Dr. Eva Kuntz est Secrétaire général de l’Office franco-allemand de la Jeunesse (OFAJ). L’OFAJ est une organisation internationale qui œuvre depuis sa création en 1963 au développement de la coopération franco-allemande entre les jeunes. L’OFAJ aide à l’apprentissage de l’allemand et du français en promouvant notamment les échanges culturels, professionnels et sportifs. L’OFAJ exprime ainsi parfaitement l’esprit de cette rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OTAN organisé sur les deux rives du Rhin mais je reviendrai dans quelques instants à la symbolique du Sommet. Près d’une cinquantaine d’entre vous, allemands et français ont été sélectionnés par l’intermédiaire de l’OFAJ. Je remercie donc l’OFAJ de nous avoir rejoint dans ce projet et vous souhaite également la bienvenue !
Notre quatrième partenaire, l’Ecole nationale d’Administration tient une place originale dans ce projet, d’abord parce qu’elle est installée à Strasbourg depuis 1991. Ensuite, parce que son qualificatif de « nationale » ne l’empêche pas d’être également une institution très internationale, non seulement en raison d’un grand nombre de cursus qui attirent de jeunes hauts fonctionnaires étrangers dans ses murs (des fonctionnaires de 120 pays y ont suivi des enseignements), mais aussi parce que le cursus des élèves français est également ouvert aux élèves étrangers. C'est dire si cette école attache une grande importance aux questions internationales, et je remercie son directeur, Bernard Boucault, ainsi que Philippe Bastellica et son équipe de l'intérêt qu'ils ont porté à ce projet dont ils auraient évidemment voulu qu'il puisse avoir lieu dans leurs murs ! Cela n'a pas été possible pour des raisons d'organisation et de sécurité mais nous serons très heureux d'accueillir la centaine de jeunes hauts fonctionnaires participant au séminaire demain matin.
Après ces quelques remarques introductives, je tiens évidemment à remercier très vivement France 3 Alsace qui accueille dans ses locaux pendant deux jours. Ceci nous permet, d’ailleurs, de découvrir ou redécouvrir cette superbe céramique de Gomila inspirée par le peintre Jean Lurçat. Et qui mieux que cette œuvre maîtresse de Lurçat sur le thème de la « Création du monde » pour discuter de la sécurité avec vous tous ? En effet, quelle civilisation peut exister sans paix ? sans sécurité ? sans stabilité ? sans prospérité ? France 3 jouera bien entendu un rôle essentiel pour diffuser nos débats au centre de presse du Sommet, mais sa contribution concernera également la substance de nos thèmes puisqu'en marge de notre séminaire et du Sommet, France 3 Alsace a prévu un nombre important d'émissions et de plateaux abordant nos sujets. Avec France 3, le partenariat est donc «tous azimuts» et j'en remercie vivement sa directrice, Mme Montaldo et son équipe.
Mais la symbolique ne se limite pas seulement à cela. Une seconde symbolique mérite d’être soulignée également. Je l’évoquais il y a quelques instants, ici, Strasbourg-Kehl, ces deux villes revêtent une signification très particulière : juste après ce Forum des Jeunes qui nous réunit aujourd’hui et demain, s’ouvrira, vendredi soir et samedi, le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des membres de l’Alliance pour célébrer le 60ème anniversaire de l’OTAN. Pour la première fois dans l’histoire de l’Alliance, un sommet se tiendra conjointement et sur deux territoires : le territoire français et le territoire allemand.
Cela ne va pas sans rappeler l’Histoire, dans ses heures les plus sombres mais aussi dans ses plus grandes avancées avec notamment la construction et le développement de l'Union européenne. Mais l’Histoire ne s’arrête pas ici à la relation bilatérale, elle va encore plus loin, puisqu’il s’agit bel et bien de l’histoire commune des Européens et des nord-Américains. Bref, à travers la réconciliation franco-allemande, c'est également la réunification de l'Europe et le lien transatlantique dont nous voulons souligner l'importance. La leçon de l'Histoire vaut pour l'avenir : attendre que les peuples soient fatigués des guerres et des affrontements destructifs pour envisager la paix, la stabilité et la sécurité, est toujours un gâchis effroyable. La leçon doit être méditée par tous, car elle vaut partout : bâtir la paix et la stabilité vaut toujours mieux que d'escompter de la violence qu'elle soit accoucheuse de l'Histoire.
La paix et la stabilité, c'est notre mission. Parce que c'est la conviction de nos nations démocratiques, fondées sur le Droit et le respect des Droits de l'Homme. Parce que c'est la raison d'être de l'Alliance, et cela depuis 60 ans, et cela restera le fondement, mais aussi l'identité et l'originalité de cette alliance sans équivalent. Et vous, participants, chers collègues, vous représentez ce lien transatlantique. Allemands, Américains, Canadiens, Croates, Italiens, Danois, Français, Polonais, Slovaques …c’est vous tous aujourd’hui qui représentez l’OTAN non seulement d’aujourd’hui mais aussi de demain.
Le Secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, vos nations, nos partenaires et nous-mêmes, division de l’OTAN, nous avons voulu, alors que nous célébrons le 60ème anniversaire de l’OTAN vous associer, et à travers vous, la nouvelle génération, à cette commémoration. Mais pourquoi, me direz-vous ? Pourquoi associer des jeunes à un tel événement ? Pourquoi avoir organisé cette rencontre mêlant des jeunes de toutes origines et nationalités pour aborder des thèmes aussi vastes que ceux que nous allons traiter aujourd'hui et demain, non pas d'un point de vue de spécialiste ou d'expert, mais au contraire du point de vue des citoyens, de l'homme de la rue comme l'on dit ? Pour une raison simple, parce que nous sommes convaincus que les enjeux de la paix, de la sécurité, de la stabilité sont précisément ceux qui concernent chacun, dans sa vie quotidienne, et sur lesquels son point de vue, son opinion compte.
C'est cette conviction qui a guidé la conception de ce séminaire. La paix et la stabilité ne peuvent pas être uniquement des affaires laissées aux experts car elles nous concernent toutes et tous. Voila pourquoi des philosophes, des journalistes, des écrivains, des responsables d'ONG ont, selon nous, également beaucoup à nous dire, même si ce ne sont pas nécessairement des experts de la sécurité comme pourraient l'être un chercheur, un responsable politique, un diplomate et, last but not least, un militaire.
La plupart d'entre vous êtes nés après les années de la Guerre froide. Vous ne la connaissez - pour certains d’entre vous – qu'uniquement dans vos manuels d’histoire de collège ou de lycée, ou par le témoignage de vos parents et grand parents. A cette époque, les menaces étaient clairement identifiées, et renvoyaient pour l'essentiel au spectre d'une invasion, d'une occupation étrangère, ou pire d'une destruction totale.
Aujourd’hui, qu’en est-il ?
Vous tous avez vécu le 11 Septembre et assisté à la prolifération des attentats terroristes, vous tous, utilisateurs d’Internet, pouvez être confrontés à des attaques sur le Net, vous tous connaissez la valeur de l’eau, de l’énergie (cet hiver, comme le précédent, beaucoup d'entre nous ont connu le manque de certaines matières premières et énergétiques), avez entendu parler de la prolifération des armes de destruction massive. On peut sans nul doute prévoir que ces risques, ces menaces ne disparaîtront pas de sitôt et donc, nous allons les côtoyer à coup sûr durant les dix ans à venir.
C’est pour cela que nous pensons essentiel d'en débattre avec la génération qui prendra les responsabilités des affaires de nos Etats dans les dix ans à venir, tout d'abord comme citoyens, et ensuite comme acteurs de la société, vous-mêmes.
Il y a vingt années que la Guerre froide est terminée, que les blocs alors antagonistes n'existent plus, que les pays qui étaient ennemis sont aujourd'hui Alliés ou partenaires et collaborent tous pour maintenir la sécurité et la stabilité. Pour autant, la guerre n'a pas disparu et jamais, depuis sa création, l'Alliance n'a eu à s'investir à ce point dans des opérations de stabilisation, comme en Afghanistan, ou de maintien de la paix, comme dans les Balkans. Alors qu’en sera-t-il dans vingt ans ? Quel sera notre environnement sécuritaire en 2020 ? Quels seront les défis de 2020 ? Comment l'Alliance sera-t-elle comprise par les autres acteurs de la société internationale ?
En effet, depuis 1999, le terrorisme global, l’insécurité énergétique, les cyberattaques, le changement climatique et ses conséquences sont autant de nouvelles menaces ou de nouveaux risques. Et ce chantier, ce vaste chantier qui sera à la fin de la semaine le centre des discussions de nos présidents et chefs d’Etat est aussi votre chantier.
Car depuis 1949, l’OTAN n’a plus grand-chose à voir avec ses origines si ce n’est, et ce point est capital, qu’elle réunit toujours des nations démocratiques et solidaires les unes envers les autres. Et c’est pour ces valeurs, qu’il est crucial aujourd’hui que l’Alliance évolue en adéquation avec ces nouvelles menaces afin d’imaginer comment cet acteur pourrait être vecteur de stabilité et de sécurité dans les vingt prochaines années. Il y a quelques années, une très célèbre émission de France 3 était intitulée « Qu'avez-vous fait de vos vingt ans » ? Posez vous la question : que répondrez vous à ceux qui vous demanderont, en 2020, « qu'avez-vous fait de vos vingt ans pour la paix et la stabilité » ?
Vous participez donc à la stabilité, et à la paix sur notre continent, et au-delà. Cette Alliance n'est pas seulement celle de nos politiques qui la dirigent, elle est, avant tout, notre Alliance et vous êtes les acteurs de ce Forum. Alors, encore une fois, je vous souhaite à toutes et à tous, la bienvenue et un Forum des Jeunes animé, très interactif et riche en discussions.
Pour le préparer dans les meilleures conditions, je vous propose, là encore dans une discussion très ouverte, de revenir sur ce qui a été réalisé – ou sur ce qui n'a pas encore été achevé – depuis la dernière rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement lors du Sommet de Bucarest d'avril 2008 et sur ce qui sera non seulement discuté samedi mais aussi ce qui attendra nos représentants nationaux l’année prochaine au Sommet de Lisbonne. Avant de penser 2020, essayons de décrire ce qui peut intervenir d'ici 2010 !
Et pour appréhender ces thèmes cruciaux de l’Alliance, je vous présente le président du Comité militaire de l’OTAN, l’amiral Giampaolo di Paola et le Dr. Jamie Shea, directeur de l’Unité de la planification de la politique qui vont vous présenter les perspectives militaires et politiques de l’agenda de l’OTAN.