Déclaration à la presse du Secrétaire général de l'OTAN
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Bonjour mesdames et messieurs,
Je suis heureux de vous retrouver tous ici en ces lieux plus familiers de Bruxelles. Nous avons tous beaucoup travaillé, et avec succès, à Washington. Je voudrais vous remercier pour tous les efforts que vous avez consentis.
Ma conférence de presse sera suivie aujourd'hui, à 16h30, de l'habituel exposé militaire qui vous donnera plus d'informations sur les opérations qui se sont déroulées hier.
Je souhaiterais aujourd'hui mettre en perpective les conclusions du Sommet.
Le Sommet de Washington a constitué un tournant dans l'histoire de l'OTAN. Il en ressort que l'OTAN se prépare pour l'avenir et que nous rendons l'Alliance à même d'accomplir, dans le XXIe siècle, un éventail de tâches beaucoup plus vaste en matière de sécurité.
Le nouveau Concept stratégique permettra à l'OTAN d'exercer toute son influence sur les questions de sécurité internationale. L'élargissement demeurera un élément essentiel de l'évolution de l'OTAN. La porte de l'Alliance restera ouverte et nous aiderons les pays candidats à se préparer plus activement pour le jour où ils seront prêts à nous rejoindre. De la même manière, nous voulons promouvoir un très large partenariat avec les autres pays de la région euro-atlantique. Nos réunions avec les Partenaires à Washington, qui ont été couronnées de succès, attestent toute la force de ces liens qui se développent.
A Washington, nous avons également fixé des objectifs pour affirmer l'Identité européenne de sécurité et de défense. Nous avons achevé tous les travaux faisant suite à nos décisions prises à Berlin en 1996. Nous avons également tracé le cadre d'une coopération entre l'OTAN et l'Union européenne pour forger la future Identité européenne de sécurité et de défense dans un contexte transatlantique et en associant tous les Alliés.
J'aborderai maintenant la situation au Kosovo qui a constitué le thème principal de notre réunion à Washington. Le Sommet a montré que l'OTAN est plus unie et plus déterminée que jamais, cinq semaines après le début de l'opération Allied Force. Nous ne nous contentons pas de proclamer nos principes. Nous les défendons également. Nous ne serions pas en mesure, sinon, de donner l'assurance que l'Europe sera stable et en paix à l'aube du XXIe siècle.
Je suis convaincu, plus que jamais, que nous l'emporterons. Nous disposons de trois atouts majeurs.
Tout d'abord, l'Alliance est inébranlable et la communauté internationale nous soutient. Dimanche dernier, nos partenaires au sein du Conseil de partenariat euro-atlantique nous ont rejoints à Washington. Ces pays ont des histoires, des cultures et des religions différentes. Mais ils ont tous déclaré, sans aucune équivoque, au Sommet qu'ils appuient nos objectifs. Ils comprennent les raisons pour lesquelles nous avons été forcés d'agir et ils veulent que nous poursuivions notre action. J'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs des dirigeants de nos pays partenaires à l'occasion d'entretiens bilatéraux, et j'ai perçu directement chez eux la solidarité qu'ils nous manifestent. L'un de ces dirigeants, le Président de la Géorgie, M. Tchevardnadze, a renouvelé publiquement cet appui dans le discours qu'il a prononcé, hier, devant le Conseil de l'Europe.
En plus de la réunion du Conseil de partenariat euro-atlantique, nous avons tenu une très importante réunion au sommet avec les sept pays voisins de la Yougoslavie. Ils nous ont également apporté leur plein appui. Se trouvant à proximité immédiate de la Yougoslavie, ils saisissent mieux que d'autres l'importance de voir l'OTAN s'opposer aux politiques du gouvernement de M. Milosevic. Ils savent que notre succès est vital pour leur sécurité et leur stabilité futures. Ils nous apportent un très appréciable soutien matériel en ce qui concerne, par exemple, les droits de survol, les droits de transit et en acceptant d'accueillir nos forces sur leur territoire. Mais nous apportons aussi notre aide à ces pays. Nos soldats les aident à faire face à la crise provoquée par l'afflux de réfugiés. Les pays de l'OTAN leur fournissent un soutien d'ordre financier et autre. Et l'OTAN leur a donné de nouvelles assurances : elle ne permettra qu'ils soient menacés ou attaqués par la Yougoslavie. La deuxième raison pour laquelle je suis convaincu que nous l'emporterons tient au fait que nous nous sommes fixés des objectifs clairs qui sont les seuls à pouvoir apporter une paix durable à la région. C'est pourquoi nous insistons sur ces objectifs : nous savons que tout autre démarche aurait pour effet de différer le règlement de la crise et de renoncer à l'oeuvre de justice.
Dans le même temps, le souci de l'OTAN n'est pas seulement de l'emporter dans ce conflit. Nous voulons aussi bâtir, après, une paix et une stabilité durables dans la région.
A Washington, nous avons défini notre vision d'une Europe du sud-est en paix, stable, prospère et de plus en plus intégrée dans le grand ensemble européen. Nous agirons de concert avec les autres institutions pour concrétiser cette vision, mais l'OTAN devra y jouer un rôle important.
- Nous créerons un forum de consultations pour y débattre, avec les pays de la région, des questions de sécurité.
- Nous tiendrons avec eux des réunions à 19+1.
- Nous favoriserons la coopération régionale au sein du Conseil de partenariat euro-atlantique.
- Et nous utiliserons les ressources du Partenariat pour la paix pour leur apporter une aide plus directe et mieux ciblée en réponse à leurs préoccupations de sécurité.
Nous nous félicitons de la proposition, fait par l'Union européenne, de réunir le 27 mai une conférence sur un pacte de stabilité pour l'Europe du sud-est. Les Ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne ont également décidé d'étudier les moyens par lesquels ils pourraient renforcer leurs relations avec l'Albanie et l'ex-République yougoslave de Macédoine.
Il nous faudra jeter un regard prospectif sur le processus de reconstruction qui devra intervenir lorsque la crise du Kosovo sera achevée. Le G7 et les institutions financières telles que la Banque mondiale et le FMI sont prêts à apporter leur aide financière et leurs conseils pratiques aux pays de la région.
Le peuple serbe peut aussi - si tel est son désir - être associé à cette vision. Ce n'est pas à lui que cette querelle nous oppose, mais au gouvernement de Milosevic, un gouvernement qui a ruiné l'économie yougoslave et fait de la Yougoslavie un état paria au sein de la communauté internationale. Le peuple serbe mérite un autre choix, celui d'une Serbie démocratique intégrée au reste de l'Europe et jouissant comme elle des avantages de la coopération et de l'intégration. Nous lui offrirons cette possibilité. J'espère qu'il la saisira.
La troisième et dernière raison de ma confiance est que notre campagne aérienne porte ses fruits. Dans son exposé d'hier, le SACEUR vous a présenté les résultats enregistrés à ce jour dans cette campagne. Je ne répéterai pas ce qu'il a dit. Vous devez vous souvenir que les conditions météorologiques ont été, jusqu'ici, favorables à Milosevic. Les résultats atteints l'ont été en dépit du fait que, deux jours sur trois au cours de la campagne, plus de la moitié des sorties aériennes ont dû être annulées. Mais les conditions météorologiques vont s'améliorer.
Nous avons décidé, au Sommet de Washington, d'intensifier la campagne aérienne. Il y aura davantage de sorties, et davantage d'avions contre davantage de cibles.
Nous continuons, dans le même temps, de faire face à la situation sur le plan humanitaire. Les forces participant à notre opération Allied Harbour commencent à arriver en Albanie. Elles agissent en étroite coopération avec le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et les autres agences internationales. Elles participent au transport des réfugiés à distance des zones frontières, aident à la construction des camps pour les réfugiés et à l'acheminement de l'aide et des fournitures médicales indispensables.
Le message que nous avons lancé à Milosevic depuis Washington est clair et simple. L'OTAN va gagner, et c'est lui qui va perdre. L'issue ne fait pas de doute, et seul le moment n'en est pas fixé. Milosevic peut interrompre notre campagne aérienne, mais seulement en acceptant les objectifs essentiels de la communauté internationale. Entre temps, il assume et il continuera à assumer l'entière responsabilité de ce qui se passe aujourd'hui dans son pays.
C'est unie et forte que l'OTAN est revenue du Sommet de Washington. Cette unité et cette force vont, au cours des prochains jours, se traduire en réalisations concrètes. Et notre pression ne faiblira pas tant que le Kosovo ne sera pas en paix et que la région ne verra pas s'ouvrir devant elle un avenir plus brillant.