Communiqué final
Président : M. D.U. Stikker
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<p>La question allemande, en particulier celle de Berlin après l'érection du Mur - Regret après le refus soviétique d'engager des négociations sur le désarmement - L'OTAN ne menace personne - Les programmes de développement grec et turc.</p>
- Le Conseil de l'Atlantique Nord s'est réuni en session ministérielle à Paris du 13 au 15 décembre 1961. Les Ministres ont examiné de fa篮 approfondie les problèmes auxquels l'Alliance doit faire face. La menace communiste contre la liberté dans le monde entier, le problème des relations entre l'Alliance Atlantique et le Bloc Soviétique, la question de Berlin en particulier, ont occupé la première place dans leurs délibérations.
- Le but poursuivi par les peuples de la Communauté Atlantique est l'établissement d'un ordre dans lequel aucun homme, aucun pays n'aura de raison de craindre pour son existence, sa liberté ou son avenir. La paix du monde ne peut être durablement assurée sur la base d'un équilibre précaire fondé sur la terreur réciproque.
- L'Alliance veut la paix et le désarmement; mais le Bloc Soviétique a jusqu'ici fait échec à ses efforts. Les Puissances occidentales ont présenté une série de plans de désarmement général et complet. Cependant, le Gouvernement soviétique a toujours refusé d'accepter un système de contrôle international efficace et d'application universelle, sans lequel aucun pays ne pourrait faire confiance à un accord de désarmement. Il envisage seulement une vérification des armes détruites et rejette tout contrôle des armements subsistants. Cependant, l'Alliance souhaite vivement qu'en dépit des déceptions antérieures, les négociations sur le désarmement, quand elles seront reprises, conduisent à des résultats utiles.
- En ce qui concerne l'interdiction des essais nucléaires, l'Union Soviétique a argumenté, éludé toute discussion véritable et fait obstacle à tout accord pendant près de trois années et durant plus de trois cents réunions. L'Union Soviétique, tout en se donnant l'apparence de la bonne foi, a certainement pendant de nombreux mois poursuivi en secret la préparation de la plus longue série d'essais nucléaires qui ait jamais eu lieu, couronnée par la plus puissante explosion enregistrée jusqu'à présent.
- Tout en cherchant à intimider les peuples libres par l'étalage de sa puissance nucléaire, l'Union Soviétique accentue ses efforts pour réduire à sa merci l'ensemble de Berlin, pour imposer un statut discriminatoire à une Allemagne qu'elle veut maintenir définitivement divisée, et pour dissocier l'Alliance Atlantique. Tel est le but ultime qu'elle cherche à atteindre dans la crise qu'elle a artificiellement provoquée à Berlin. Violant les obligations qu'elle a souscrites, l'Union Soviétique a coupé la ville en deux. En emmurant les populations qu'elle domine, I'URSS a montré une fois de plus au monde la véritable nature du système communiste et l'attrait irrésistible exercé par une société libre. Les Ministres ont exprimé leur sympathie à l'égard de tous ceux que l'édification du mur de Berlin a séparés de leurs familles et privés de la possibilité de chercher refuge en Occident; ils ont également exprimé leur admiration pour le courage et l'attachement à la liberté que manifeste la population de Berlin. Ils ont réaffirmé leur conviction qu'une solution juste et pacifique du problème allemand, y compris Berlin, devrait être trouvée sur la base de l'auto-détermination.
- Dans l'esprit de la politique adoptée par l'Alliance, les Ministres ont rappelé leur déclaration du 16 décembre 1958 sur Berlin et réaffirmé leur détermination de protéger et de se défendre les libertés de Berlin-Ouest ainsi que d'assurer à ses habitants les conditions d'une vie prospère et libre.
- Des droits et obligations d établis et solennellement confirmés dans des accords internationaux ne peuvent être annulés unilatéralement d'un trait de plume -- par la signature, par le Gouvernement soviétique, d'un "traité de paix" avec un régime qui ne représente personne d'autre que ses maîtres soviétiques. Les Trois Puissances occidentales qui ont des responsabilités particulières en ce qui concerne Berlin restent fidèles à leur devoir de protéger ceux qui leur ont fait confiance. Agissant en étroite coopération avec leurs partenaires de l'Alliance, elles ont pris les mesures nécessaires pour maintenir leurs droits et remplir leurs obligations. En renouvelant leur complet accord sur cette politique, les Etats membres ont réaffirmé les responsabilités que chacun d'eux a assumées en ce qui concerne tant la sécurité été le bien-être de Berlin que le maintien de la position des trois puissances dans cette ville. Ils ont résolu de poursuivre entre eux sur cette question des consultations approfondies.
- Le Conseil a entendu des déclarations sur Berlin des Ministres des Affaires Etrangères des pays les plus directement intéressés, et a été informé de l'intention de reprendre des contacts diplomatiques avec l'Union Soviétique, conformément aux objectifs que l'Occident cherche à atteindre en vue de maintenir la paix mondiale, et dans l'espoir que ces contacts permettent de déterminer si une base de négociation pourrait être trouvée. Leurs collègues ont approuvé la reprise de contacts diplomatiques et ont exprimé l'espoir qu'il serait possible de parvenir à un règlement négocié. Après un examen approfondi de la situation, le Conseil a convenu que l'Alliance devait rester ferme en conjugant la force et la résolution avec la volonté de rechercher des solutions par des moyens pacifiques.
- Les Ministres ont pris note des améliorations apportées par les pays membres à leurs contributions en forces, en vue notamment de faire face à l'aggravation du risque militaire due à la détérioration de la situation à Berlin. Des unités ont été renforcées et leur degré de préparation a été amélioré. Une force mobile d'intervention a été créée. Des progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre de programmes communs en matière d'études et de fabrication d'armements ainsi que dans les domaines des communications et de l'infrastructure. Les Ministres ont également pris note des progrès accomplis par le Conseil dans l'étude des problèmes à long terme que pose l'accroissement des moyens de dissuasion et de la puissance défensive de l'Alliance. Ils ont chargé le Conseil Permanent de poursuivre très prochainement l'examen de ces questions urgentes.
- L'Alliance atlantique ne menace personne. Dans la conjoncture actuelle, l'Alliance doit plus que jamais veiller à sa défense en raison de l'accroissement constant du potentiel militaire du bloc communiste et de l'intention manifeste qu'a celui-ci d'étendre sa domination. Tant que le Bloc communiste ne consentira pas à un désarmement véritable, les pays de l'Alliance doivent continuer à accroître leurs forces et à moderniser les armements pour être en mesure de faire face à toute forme d'attaque. Ce n'est qu'en augmentant sa capacité de défense que l'Alliance pourra continuer à décourager l'agression communiste. Cette tâche exigera plus d'efforts et d'esprit de sacrifice de la part des Nations de l'OTAN; mais le danger croissant qui manifestement les menace ne laisse pas d'autre choix.
- En examinant la question des Plans Civils d'Urgence, et en particulier la protection de la population civile, le Conseil a reconnu que ces plans constituent un élément essentiel de l'effort de défense des pays de l'OTAN.
- Dans le domaine économique, le Conseil a noté que, conformément à une décision prise à la précédente réunion ministérielle, une mission de hautes personnalités avait été nommée pour étudier les moyens d'aider la Grèce et la Turquie dans leurs efforts pour accélérer la mise en oeuvre de leurs programmes de développement économique et améliorer le niveau de vie de leur population. La mission soumettra son rapport au Conseil avant la fin du mois d'avril 1962.
- Les Ministres ont souligné l'importance qui s'attache pour les pays membres, non seulement à relever leur niveau de vie tout en maintenant une structure économique capable de supporter la charge d'un système efficace de défense, mais encore à élargir l'aide accordée aux pays en voie de développement. L'économie des pays de l'OTAN est beaucoup plus forte aujourd'hui qu'au moment où l'Alliance a été fondée. Pour que ces progrès se poursuivent, les Ministres ont souligné également qu'il conviendrait d'élargir et de renforcer la coopération entre les pays membres.
- La prochaine réunion ministérielle du Conseil aura lieu à Athènes du 3 au 5 mai 1962.