Déclaration
publiée à l'issue de la réunion du Conseil de coopération nord-atlantique
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- Nous, Ministres des affaires étrangères et Représentants des pays membres du Conseil de coopération nord-atlantique, nous sommes réunis aujourd'hui à Athènes afin de poursuivre nos consultations sur des questions de sécurité et des conflits régionaux ayant un caractère d'urgence.
- Notre coopération pratique se développe avec dynamisme, conformément au programme de travail que nous avons approuvé à notre réunion de Bruxelles en décembre dernier. Nous attachons une importance particulière à la mise au point d'instruments efficaces en vue du maintien de la paix et de tâches connexes. A cette fin, nous avons lancé un programme de coopération dans la perspective d'activités conjointes de maintien de la paix menées à l'appui des Nations Unies ou de la CSCE. Nous avons pris note aujourd'hui, avec intérêt, du rapport que nous a soumis le Groupe ad hoc sur la coopération en matière de maintien de la paix, rapport qui donne une définition commune des approches conceptuelles et fixe un programme commun de coopération pratique visant à un partage des informations et de l'expérience, à une formation et à un entraînement communs et à une participation possible à des exercices conjoints. Nous avons rendu ce rapport public aujourd'hui. Nous avons demandé au Groupe ad hoc d'accélérer ses travaux pour faire appliquer ce programme, qui vient compléter les efforts que la CSCE déploie dans ce domaine.
- Nous attachons une grande valeur à nos consultations sur les questions de sécurité régionale. Les tensions et les conflits régionaux et les violences interethniques représentent un danger pour le processus actuel de transition démocratique en Europe. Nous ne saurions admettre les gains de territoire ni les faits accomplis résultant de l'usage de la force. Seules des solutions obtenues par la négociation ou par d'autres moyens pacifiques, conformes aux dispositions de la Charte des Nations Unies, peuvent constituer la base de règlements durables. Nous soutenons les efforts des Nations Unies et de la CSCE à cet égard. Afin d'apporter une contribution plus efficace, nous sommes déterminés à développer nos consultations sur les questions politiques et de sécurité, et sur les moyens propres à résoudre ces questions.
Nous sommes consternés par la crise dans l'ex-Yougoslavie, et en particulier par la guerre en Bosnie-Herzégovine. Malgré tous les efforts déployés en vue de parvenir à un règlement pacifique, le conflit et les tueries continuent. Nous adressons de nouveau un appel urgent à toutes les parties pour qu'elles arrêtent les combats et ouvrent la voie à la paix. Nous condamnons la pratique de la "purification ethnique" et les autres atrocités qui se poursuivent en Bosnie-Herzégovine et dans d'autres parties de l'ex-Yougoslavie. Nous ne cesserons de faire pression pour que prennent fin la violence et la répression brutale et pour que soient rétablis et respectés les droits de l'homme de tous les habitants de l'ex-Yougoslavie. Les crimes de guerre seront portés devant le tribunal international établi par les Nations Unies pour juger de tels crimes.
Nous appelons la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) ainsi que la Croatie à cesser d'encourager de quelque manière que ce soit toute action dirigée contre la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance politique pleines et entières de la République de Bosnie-Herzégovine. L'application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies qui visent à ramener la paix dans l'ancienne Yougoslavie est essentielle.
Nous accueillons aussi avec satisfaction les mesures énoncées dans le programme d'action commun adopté à Washington le 22 mai 1993. Ce sont des mesures temporaires vers l'objectif d'une solution pacifique et équitable du conflit par l'application d'un règlement négocié fondé sur les principes du plan Vance-Owen. Nous souhaitons qu'elles soient mises en oeuvre rapidement. A cet égard, nous saluons la décision prise hier par l'OTAN d'offrir, comme suite à la résolution 836 du Conseil de sécurité des Nations Unies et au mandat élargi de la FORPRONU relatif aux zones de sécurité, ses moyens de protection aériens en cas d'attaque contre la FORPRONU dans l'accomplissement de son mandat global, si elle en fait la demande. Le plein respect des zones de sécurité prévues dans les résolutions 824 et 836 du Conseil de sécurité, ainsi que de toutes les actions de secours humanitaires, est essentiel. Il demeure important de faire pression sur la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) et sur les Serbes de Bosnie, par la stricte application des sanctions des Nations Unies et par d'autres mesures.
Nous demandons que la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) applique rigoureusement l'interdiction annoncée de toutes les fournitures non humanitaires aux Serbes de Bosnie et appuyons une surveillance internationale de cette interdiction. Nous appuyons aussi l'exercice d'une surveillance analogue à la frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine.
Nous sommes profondément préoccupés par le danger croissant d'extension du conflit, en particulier au Kosovo, mais aussi au Sandjak et en Voïvodine. Nous sommes également préoccupés par le risque de voir le conflit s'étendre à des pays voisins. Il faut que tous les intéressés comprennent qu'une extension du conflit aurait de graves conséquences. Nous soutenons le renforcement des mesures préventives contre l'extension du conflit prises par les Nations Unies et la CSCE et, à cet égard, nous sommes favorables à l'accroissement du nombre d'inspecteurs de la CSCE, particulièrement au Kosovo. Nous nous félicitons également de l'offre qu'ont faite les Etats-Unis d'envoyer des troupes en complément du contingent des Nations Unies se trouvant déjà dans l'Ancienne République yougoslave de Macédoine.
Beaucoup d'entre nous collaborent directement à des opérations visant à faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies relatives au conflit dans l'ex-Yougoslavie. Nous réaffirmons l'importance de cette collaboration ainsi que notre détermination à poursuivre nos efforts conjoints à l'appui des Nations Unies. Nous avons discuté des préoccupations de certains des pays directement concernés, qui craignent que leur collaboration à de telles opérations n'ait accru le risque potentiel pour leur sécurité. Nous soulignons que la sécurité de chacun des Etats d'Europe est liée à celle de tous les autres et que, si un pays devait faire l'objet d'un acte d'agression du fait de la part qu'il prend à des opérations des Nations Unies dans l'ex-Yougoslavie, la communauté internationale ne manquerait pas d'y voir un événement de la plus haute gravité.
Regrettant vivement les pertes en vies humaines parmi les membres de la FORPRONU, du HCR et des organisations de secours bénévoles apportant une aide humanitaire en Bosnie-Herzégovine, nous demandons instamment à toutes les parties au conflit de prendre des mesures urgentes afin de garantir la sécurité de ces personnels.
- Le projet de tenir une conférence de la CSCE sur le Haut-Karabakh à Minsk continue d'offrir la meilleure chance de trouver une solution durable à ce conflit et d'établir des relations de bon voisinage entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Nous soutenons fermement la résolution 822 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui doit être appliquée intégralement et sans délai par la totalité des pays et des parties au conflit. Nous appelons à la cessation immédiate des hostilités, au retrait de toutes les forces occupant le district de Kelbadjar et les autres régions de l'Azerbaïdjan récemment occupées, à la levée de toute entrave aux efforts de secours humanitaires internationaux, à la création des conditions nécessaires au retour dans leurs foyers des civils déplacés, ainsi qu'à la reprise des négociations. Nous appuyons l'initiative du président du groupe de Minsk de la CSCE en faveur de l'application d'un plan de paix dans le cadre du processus de Minsk, et nous invitons instamment les parties à y souscrire.
- Nous appelons les parties intéressées à respecter un cessez-le-feu effectif dans la République autonome d'Abkhazie, en Géorgie, et à s'abstenir de tout acte qui pourrait rendre plus difficiles un dialogue constructif et l'obtention d'un règlement durable. Nous les appelons aussi à coopérer avec les représentants de la CSCE et du Secrétaire général des Nations Unies à cette fin. Nous estimons qu'il importe également de rechercher un règlement complet de la question des relations géorgo-ossètes dans la zone de conflit en Géorgie.
- Devant la poursuite de la confrontation politique et armée au Tadjikistan, nous demandons instamment aux parties en cause de régler leurs différends par le dialogue et d'oeuvrer ensemble au développement pacifique et démocratique de leur pays. Nous appuyons les efforts de la communauté internationale dans ce sens.
- Nous nous félicitons de la stabilisation de la situation dans la région moldove de Transnistrie depuis l'accord du 21 juillet 1992. Un règlement permanent est toutefois essentiel. Nous accueillons favorablement tous les efforts voués à la recherche d'une solution durable, en particulier par le dialogue direct établi entre les parties au conflit, et appelons instamment toutes les parties à coopérer avec la mission de la CSCE en Moldova. Nous sommes partisans d'un retrait rapide et complet des troupes étrangères du territoire de la Moldova dans le contexte d'accords bilatéraux appropriés, sans que soit établi de lien supplémentaire avec d'autres problèmes.
- Réaffirmant notre attachement à l'application intégrale des dispositions du paragraphe 15 de la déclaration de clôture du sommet de la CSCE tenu à Helsinki en 1992 et de celles de notre déclaration du 18 décembre dernier, nous soulignons que le prompt achèvement du retrait des troupes étrangères du territoire des Etats baltes est important pour la stabilité régionale et européenne. Prenant note des retraits de troupes déjà opérés, nous mettons l'accent sur la nécessité de conclure, sans délai, les accords bilatéraux appropriés dans chaque cas. Tout en admettant qu'il ne faut pas laisser les difficultés pratiques retarder le processus global, nous reconnaissons que des efforts constructifs et persévérants de toutes les parties en cause sont nécessaires pour resoudre les problèmes qui subsistent, y compris ceux de caractère social, matériel et environnemental. Nous accueillons favorablement toute assistance pratique et toute coopération internationale de nature à faciliter ce processus.
- Nous accueillons avec satisfaction toutes les initiatives pratiques visant à régler les différends qui existent entre la Russie et l'Ukraine, y compris ceux qui concernent la flotte de la mer Noire et les questions nucléaires (à propos desquelles il est fait référence au paragraphe 8). Il conviendrait de trouver des solutions à ces problèmes en conformité avec les principes de l'Acte final d'Helsinki et avec les règles du droit international et dans un esprit de relations de bon voisinage. Nous formulons l'espoir que les contacts de haut niveau qui auront lieu prochainement donneront des résultats positifs.
- Nous saluons la décision de la CSCE de renforcer ses capacités opérationnelles par des reformes structurelles et par la nomination d'un secrétaire général. Nous appuyons le développement de la capacité d'alerte rapide et de prévention des conflits de la CSCE, et nous nous emploierons à établir des contacts de travail plus étroits entre le CCNA et la CSCE. Aussi avons-nous associé la Suède, président en exercice de la CSCE, aux travaux du Groupe ad hoc du CCNA sur la coopération en matière de maintien de la paix.
Nous entendons faire progresser rapidement et concrètement les travaux du Forum de la CSCE pour la coopération en matière de sécurité, de façon que des résultats puissent être obtenus à temps dans tous les domaines requérant une action immédiate selon le mandat du Forum. Nous nous efforcerons de parvenir, d'ici à la réunion du Conseil de la CSCE devant se tenir à Rome en novembre, à un accord sur des questions telles que les transferts d'armes conventionnelles, l'échange d'informations sur les plans de défense, les contacts et la coopération militaires, et les mesures de stabilisation dans des situations de crise. Nous espérons qu'un accord pourra être trouvée d'ici à la cinquième conférence d'examen de la CSCE, devant avoir lieu à Budapest l'an prochain, sur le code de conduite de la CSCE dans le domaine de la sécurité et sur l'harmonisation d'obligations existantes de maîtrise des armements. Nous soulignons la nécessité pour tous les Etats de la CSCE d'être représentés comme il convient aux réunions du Forum.
- Nous attachons la plus haute importance à ce que soient intégralement remplis les engagements existants de maîtrise des armements et de désarmement, et en particulier à ce que soient appliquées toutes les dispositions du Traité sur les FCE et de l'Acte de clôture FCE IA, qui sont fondamentaux pour l'accroissement de la sécurité en Europe. A cet égard, nous rappelons l'engagement, pris à la conférence extraordinaire des Etats parties au Traité sur les FCE tenue à Oslo en juin 1992, de s'acquitter des obligations en matière de réduction d'équipements au titre du Traité. Nous soulignons la nécessité, pour les Etats successeurs de l'ex-Union soviétique dans le cadre de ce traité, de fournir le plus tôt possible des données relatives aux obligations de réduction qui tiennent pleinement compte des obligations de réduction de l'ex-Union soviétique conformément au document final d'Oslo.
- Nous réaffirmons l'importance des efforts déployés à l'échelle mondiale pour prévenir la prolifération des armes nucléaires, des autres armes de destruction massive et des technologies connexes. Nous attachons la plus haute importance à l'entrée en vigueur et à l'application rapides des accords START I et II. Dans ce contexte, nous saluons la ratification récente de START I par le Bélarus. Nous appelons l'Ukraine à ratifier START I et à l'appliquer. Nous réaffirmons notre soutien au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dont nous souhaitons la prorogation inconditionnelle et indéfinie en 1995. Nous nous emploierons à en renforcer le régime de vérification. Nous invitons instamment tous les pays qui n'ont pas encore adhéré au TNP à devenir parties à ce traité en tant qu'Etats non dotés d'armes nucléaires. Conscients des problèmes de sécurité et des incidences financières auxquels les nouveaux Etats non dotés d'armes nucléaires doivent faire face, nous appelons ces Etats à accéder sans retard au TNP conformément à leurs engagements en la matière. Nous notons sur ce dernier point que les assurances de sécurité pertinentes données par les Etats parties dotés d'armes nucléaires s'appliqueront aux nouveaux Etats non nucléaires ayant accédé au Traité. Nous nous félicitons de la décision du Bélarus d'adhérer au Traité en tant qu'Etat non doté d'armes nucléaires. Nous engageons instamment la République populaire démocratique de Corée à revenir sur son intention déclarée de se retirer du TNP et à s'acquitter de ses obligations envers l'AIEA.
- Nous soulignons l'importance primordiale de la ratification rapide de la Convention sur les armes chimiques, signée à Paris le 13 janvier 1993, et du strict respect de ses dispositions. Nous invitons instamment les Etats qui ne l'ont pas encore fait à signer ce texte sans délai.
- Nous nous félicitons qu'un grand nombre des Etats signataires du Traité Ciel ouvert aient déjà ratifié ce traité. Ceux d'entre nous qui ne l'ont pas encore fait demeurent résolus à en promouvoir la ratification rapide, et nous appelons instamment tous les autres signataires à prendre le même engagement. Nous espérons l'adhésion à ce traité des Etats intéressés qui participent au processus de la CSCE mais ne figurent pas au nombre des signataires originaires du traité, conformément aux dispositions de son article XVII et à la Déclaration sur le régime du Ciel ouvert, publiée le 24 mars 1992 par la CSCE.
- Le registre universel des transferts d'armes conventionnelles créé par les Nations Unies est un instrument essentiel pour promouvoir les principes de la transparence, de la responsabilité et de la modération dans le domaine des transferts d'armes conventionnelles. Nous restons pleinement attachés à ces principes et appelons tous les pays qui ne l'ont pas fait à fournir les données pertinentes pour le registre.
- Nous soulignons qu'il est important d'encourager tous les Etats membres à participer de manière plus complète aux réunions et activités du CCNA.
- La Finlande a assisté à notre réunion en qualité d'observateur.
- Nous nous réjouissons à la perspective de nous réunir à nouveau dans le cadre du Conseil de coopération nord-atlantique à Bruxelles en décembre 1993.
- Nous exprimons notre profonde gratitude au gouvernement grec pour la courtoise hospitalité qu'il nous a réservée.