Communiqué
Président: Lord Carrington
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- Le Comité des plans de défense de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord s'est réuni en session ministérielle à Bruxelles les 1er et 2 décembre 1987.
- Nous avons réaffirmé que l'Alliance a pour objectif de préserver la sécurité de ses membres grâce à un potentiel de défense adéquat et de renforcer la stabilité par l'établissement de relations plus constructives entre l'Est et l'Ouest. Nous nous sommes félicités de la rencontre qui aura bientôt lieu entre le Président Reagan et M. Gorbatchev, et qui marquera une étape importante dans cette voie. Nous avons accueilli avec satisfaction et nous appuyons pleinement l'accord intervenu entre les Etats-Unis et l'Union soviétique en vue de l'élimination totale des missiles des FNI basés à terre dont la portée se situe entre 500 et 5.500 km. Ce résultat a été rendu possible par la détermination et la solidarité qu'ont manifestées sans faillir les gouvernements alliés. Nous nous réjouissons à la perspective de la signature et de la ratification prochaines du traité sur les FNI.
- Nous continuerons de rechercher toutes les possibilités d'accroître la sécurité et la stabilité. L'étendue de la puissance militaire soviétique, son amélioration et sa modernisation constantes, sont une réalité que nous devons affronter. A cet égard, notre stratégie de la riposte graduée et de la défense en avant reste le moyen le plus efficace et le plus approprié de sauvegarder la sécurité de nos pays. Nous sommes résolus à maintenir les niveaux, la qualité et la combinaison de systèmes nucléaires et conventionnels qu'exige la crédibilité de cette stratégie.
- Nous référant à nos récentes discussions de Monterey sur les questions nucléaires, nous avons réaffirmé que l'accord relatif aux FNI constitue un succès majeur pour l'Alliance. A la présente réunion, nous avons axé notre attention sur la situation des forces conventionnelles, où des déséquilibres entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie continuent à nous préoccuper. Nous sommes résolus à améliorer le potentiel conventionnel allié en menant à bien le plan d'action pour l'amélioration de la défense classique (CDI). La CDI permet de fixer l'attention sur les principales insuffisances de notre dispositif de défense et de recenser les secteurs où un effort supplémentaire sera le plus bénéfique. Nous nous félicitons de l'avancement des travaux consacrés à ces insuffisances; nous continuerons d'accorder, dans nos plans nationaux, une importance particulière aux secteurs en cause.
- Tout en gardant bien à l'esprit l'objectif d'amélioration des forces alliées, nous avons discuté du résultat de l'examen de la défense 1987 et adopté le plan de forces de l'OTAN pour 1988-1992. L'examen de la défense a fait apparaître le renforcement continu de la CDI résultant d'un alignement plus étroit des plans nationaux sur des objectifs établis d'un commun accord. L'affectation de ressources suffisantes qu'il conviendra d'utiliser de façon plus rentable, conformément à la directive ministérielle de 1987, continuera d'imposer un effort considérable à tous les pays membres.
- La difficulté d'ajuster les ressources disponibles aux impératifs de forces nous incite à poursuivre plus énergiquement la CDI et à redoubler d'efforts pour en tirer collectivement le meilleur parti possible, par un resserrement de la coopération et de la coordination. Nous avons souligné la nécessité d'initiatives conçues pour trouver les moyens de résoudre en coopération des problèmes potentiels qui peuvent être mieux traités collectivement qu'individuellement par les pays. Nous avons estimé que tout changement ou ajustement des plans nationaux devait continuer de s'opérer dans le cadre global de la planification de l'Alliance.
- Nous avons souligné la nécessité d'une plus large participation des membres de l'Alliance à un effort d'aide accru en faveur de la Grèce, du Portugal et de la Turquie pour leur permettre de renforcer leurs moyens de défense conventionnels, et ainsi de remplir plus efficacement des rôles qui leur sont assignés dans la défense collective de l'Alliance. Nous avons également exprimé un intérêt particulier pour les travaux poursuivis par le Groupe européen indépendant de programme sur l'aide à fournir à ces pays pour qu'ils puissent participer plus pleinement aux programmes de coopération en matière d'armements avec leurs alliés de l'OTAN.
- Nous avons fermement soutenu les propositions visant l'établissement à titre d'essai, à partir du début de 1988, d'un plan d'orientation pour les armements conventionnels (CAPS) de l'OTAN. Ce plan aura pour effet d'améliorer la planification de la défense à l'OTAN en permettant à chaque pays de tirer le meilleur parti des ressources qu'il consacre à la recherche, au développement, à la production et à l'acquisition d'équipements de défense conventionnels, et ainsi de mieux répondre aux besoins de l'Alliance.
- Nous avons pris note des progrès réalisés par la Conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) à l'égard des projets en coopération, notamment ceux qu'a permis de lancer la législation adoptée aux Etats-Unis. Nous avons réaffirmé l'importance que nous continuons d'accorder au partage de technologies entre les membres de l'Alliance et à la protection des technologies susceptibles d'applications militaires.
- Le rapport Harmel, publié il y a vingt ans, reconnaissait que l'Alliance a deux fonctions essentielles. La première consiste à maintenir une puissance militaire et une solidarité politique suffisantes pour décourager l'agression et les autres formes de pression et pour défendre le territoire des pays membres en cas d'agression. La seconde, dans le climat de stabilité, de sécurité et de confiance ainsi créé, consiste à poursuivre les efforts en vue de progresser vers l'établissement de relations plus stables qui permettront de résoudre les problèmes politiques fondamentaux. Les progrès récents illustrent la valeur d'une telle démarche. En poursuivant dans cette voie, nous devons veiller à maintenir l'équilibre entre les composantes militaire et politique de notre stratégie, et à préserver une approche globale et cohérente, prenant en compte tous les éléments 'nucléaires ou non' de la maîtrise des armements et de la sécurité.
- A cet égard, prenant note des possibilités qu'offrent des négociations pour établir un équilibre stable et sûr des forces conventionnelles en Europe à des niveaux réduits, nous nous sommes félicités que des progrès soient faits à Vienne vers l'ouverture de négociations sur la stabilité conventionnelle dans l'ensemble de l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural. La réalisation de notre objectif prioritaire visant l'élimination des moyens dont dispose le Pacte de Varsovie pour lancer une attaque-surprise et une action offensive d'envergure serait un grand pas vers une sécurité et une stabilité accrues. Il importe que les plans de défense et les objectifs de la politique de maîtrise des armements restent en harmonie, et contribuent ainsi, de manière complémentaire, à la politique de sécurité de l'Alliance.