Communiqué
Président: Lord Carrington
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- Le Comité des plans de défense de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord s'est réuni en session ministérielle à Bruxelles les 26 et 27 mai 1987.
- Nous avons confirmé que la paix et la sécurité de l'Alliance dépendent du maintien d'un potentiel militaire adéquat et de l'établissement de relations plus constructives entre l'Est et l'Ouest, particulièrement dans le domaine de la maîtrise des armements. Nous nous félicitons de cette évolution et mettrons tout en oeuvre pour faire en sorte qu'elle conduise à une sécurité et à une stabilité améliorées; il faut pour cela traiter les disparités et les asymétries qui conditionnent nos relations actuelles avec l'Est. Notre objectif est de parvenir à une sécurité accrue à des niveaux de forces moins élevés. Comme dans le passé, la cohésion de l'Alliance, la solidarité et la consultation entre ses membres seront indispensables pour progresser dans ce sens.
- Examinant cette évolution, nous avons rappelé la réalité de l'expansion de la puissance militaire soviétique ainsi que de la diversité et des capacités offensives des forces du Pacte de Varsovie déployées face à l'Alliance. Dans cette situation, la stratégie alliée, de nature défensive, qui repose sur la riposte graduée et la défense en avant demeure à la fois valable et nécessaire et reste la base de la planification de la défense de l'OTAN. Nous avons réaffirmé qu'il n'existe pas dans l'avenir prévisible d'autre solution pour prévenir la guerre que le concept de l'OTAN, qui doit continuer de s'appuyer sur une combinaison appropriée de forces classiques et nucléaires; les unes et les autres sont indispensables pour assurer une dissuasion crédible contre toute forme d'agression.
- Nous avons réaffirmé que la défense de l'Europe et de l'Amérique du Nord est indivisible. L'engagement de forces nucléaires américaines en Europe (1) reste indispensable à la sécurité de l'Alliance tout entière. La présence continue en Europe de forces canadiennes et américaines, aux niveaux existants, joue un rôle irremplaçable pour la propre défense de l'Amérique du Nord aussi bien que pour celle de l'Europe. Nous avons aussi réaffirmé qu'il importe de maintenir l'engagement des pays à l'égard du déploiement de forces en avant et de leur renforcement dans le cadre du programme d'amélioration de la défense classique (CDI).
- Ces considérations ont été prises en compte lors de l'élaboration de la directive ministérielle 1987, que nous avons approuvée. La directive ministérielle constitue le principal document spécifiant l'orientation politique des plans de défense à établir tant par les pays membres que par les autorités militaires de l'OTAN; elle fixe les grands principes directeurs à suivre pour définir les besoins de la dissuasion et de la défense de l'OTAN, et elle guidera en particulier la préparation de la prochaine série d'objectifs de forces de l'OTAN. Nous reconnaissons que l'affectation à la défense de ressources suffisantes pour répondre à nos besoins continuera d'imposer un effort considérable à tous les pays. A cet égard, nous avons réaffirmé que l'objectif d'un accroissement réel de 3 % des dépenses de défense a valeur d'orientation générale, et qu'il est nécessaire de tirer le meilleur parti des ressources disponibles.
- L'adoption en mai 1985 du plan d'action pour l'amélioration de la défense classique (CDI) a été une étape importante dans la recherche d'une plus grande efficacité des forces classiques. La CDI nous a permis de recenser les principales insuffisances et les secteurs prioritaires pour lesquels nous nous accordons tous à considérer qu'un effort spécial aura l'effet le plus bénéfique pour notre défense collective. Jusqu'ici, nous avons bien progressé, et des améliorations de forces nombreuses et sensibles ont été réalisées ou amorcées. Il n'en subsiste pas moins des insuffisances graves dans les domaines importants, comme les Grands commandements de l'OTAN l'ont signalé dans leurs évaluations. Par conséquent, la dynamique de la CDI doit être maintenue, et accentuée là où il y a lieu.
- Nous avons pris note d'un certain nombre d'éléments positifs qui tendent à renforcer les mécanismes de planification de la défense de l'Alliance, particulièrement pour le long terme. C'est ainsi que le processus d'affinement du cadre conceptuel militaire s'est poursuivi et qu'une place plus large est accordée à l'élaboration de concepts et de directives de planification à long terme. Toute cette évolution facilitera un resserrement de la coordination entre les plans nationaux et les plans de l'Alliance.
- Nous nous sommes félicités des progrès réalisés par le Comité OTAN de défense aérienne dans ses travaux sur la défense contre les missiles balistiques tactiques et la défense aérienne élargie; nous avons pris note des travaux poursuivis afin d'évaluer la menace et de déterminer les possibilités d'y parer et nous avons approuvé une méthode et un programme pour la suite des travaux.
- Le problème de la corrélation à établir entre les ressources disponibles et nos besoins vient souligner encore plus fortement la nécessité de mener à bien la CDI. Face aux nombreuses sollicitations dont nos ressources font l'objet, nous devons rechercher et examiner des voies et des idées nouvelles, mais en le faisant de manière collective. De même, s'il est entendu que les pays s'efforceront au maximum d'éviter des réductions de leurs contributions au dispositif de défense, les changements et ajustements qui se révéleraient nécessaires s'opéreront dans le cadre des plans de l'Alliance et tiendront compte des intérêts collectifs de l'Alliance tout entière. La solidarité et l'acceptation d'un partage équitable des risques et des charges de la défense, au même titre que des avantages qu'elle comporte, ont toujours constitué un principe fondamental de la politique de l'Alliance; il doit en demeurer ainsi.
- Nous avons souligné la nécessité d'accorder une aide plus large à la Grèce, au Portugal et à la Turquie afin de leur permettre de renforcer leurs moyens de défense classiques, et ainsi de remplir plus efficacement les rôles qui leur sont assignés dans la défense collective de l'Alliance. Nous avons également exprimé un intérêt particulier pour les travaux poursuivis par le Groupe européen indépendant de programme sur l'aide à fournir à ces pays pour qu'ils puissent participer plus pleinement aux programmes de coopération en matière d'armements avec leurs alliés de l'OTAN.
- Evoquant les efforts menés dans le cadre de la CDI, nous nous sommes déclarés très favorables à l'amélioration de la planification des armements qui permettra aux pays de mieux connaître les besoins de l'OTAN, et a l'OTAN d'être mieux informée de la façon dont les pays pourraient y répondre. Au même titre que l'amélioration de la planification des armements, le resserrement de la coopération en matière d'équipement, la normalisation et le partage des technologies entre les partenaires européens et nord-américains, et entre les membres de l'Alliance qui ont des niveaux de développement différents, sont d'importantes conditions pour utiliser au mieux les ressources, tout comme la protection permanente des technologies susceptibles d'applications militaires.
- Nous avons pris note avec satisfaction de l'avancement de projets en coopération, notamment ceux qu'a permis de lancer la législation adoptée aux Etats-Unis, et nous avons réaffirmé la nécessité de mettre l'accent sur l'exploitation des technologies naissantes dans nos programmes d'équipement de défense. S'inspirant de l'expérience acquise, les pays faisant partie du Groupe Européen indépendant de programme ont énoncé un certain nombre de "principes de collaboration" relatifs à la gestion des programmes, qui ont été accueillis favorablement par leurs alliés d'Amérique du Nord. Nous continuerons de nous attacher à faire en sorte qu'une meilleure coopération interalliée en matière d'armements nous aide à déployer les matériels dont l'OTAN a besoin pour maintenir des forces classiques crédibles.
- Les efforts visant à parvenir à des réductions équitables et effectivement vérifiables des forces armées, tant classiques que nucléaires, font partie intégrante de notre politique de sécurité et ont pour but de créer un contexte plus stable et plus sûr, avec des arsenaux réduits. Poursuivant nos consultations sur la maîtrise des armements des FNI, nous avons rappelé la position que nous avions exposée à Stavanger. Nous nous sommes réjouis que les chances se soient améliorées de voir les Etats-Unis et l'Union soviétique conclure des accords de maîtrise des armements nucléaires et nous cherchons à faire des progrès dans d'autres domaines de la maîtrise des armements, étant donné notamment que des réductions des armements nucléaires conféreraient une importance accrue à l'élimination des disparités entre les forces classiques.Nous avons souligné que nous visons une interdiction complète et vérifiable des armes chimiques. Nous avons renouvelé notre appel à l'Union soviétique pour qu'elle adopte une attitude constructive à l'égard de modalités de vérification efficaces.
- Dans le domaine de la maîtrise des armements classiques, l'objectif de l'Alliance est de renforcer la stabilité et la sécurité dans l'ensemble de l'Europe, en instaurant une plus grande transparence et en établissant un équilibre stable, complet et vérifiable des forces classiques à des niveaux moins élevés. Nous avons souligné la nécessité de négocier étape par étape, de façon à garantir à chaque stade le maintien de leur sécurité à toutes les parties intéressées. En procédant ainsi, nous devons nous attacher tout particulièrement à éliminer le déséquilibre grave des forces et des potentiels de combat classiques qui est en faveur du Pacte de Varsovie, et les moyens dont il dispose pour lancer une attaque-surprise et une action offensive de grande envergure.
- En conclusion, nous avons réaffirmé que notre première mission est de prévenir la guerre et de préserver la paix et la liberté de nos pays. Il faut pour cela que nous maintenions un potentiel militaire adéquat, ce que nous sommes résolus à faire. Notre puissance militaire constitue la base sur laquelle se développent des relations pacifiques par le dialogue et la communication couvrant l'ensemble des questions de sécurité qui préoccupent l'Est et l'Ouest.
- La Grèce rappelle sa position sur les questions nucléaires.