Déclaration de Washington sur les Relations Est-Ouest
publiée par les Ministres des affaires étrangères à l'issue de la réunion tenue par le Conseil de l'Atlantique Nord
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- A leur réunion de décembre 1983, les Ministres des affaires étrangères des pays membres de l'Alliance, à l'initiative du Ministre des relations extérieures de la Belgique, ont décidé que le conseil procéderait à une évaluation des relations Est-Ouest en vue de parvenir à un dialogue Est-Ouest plus constructif.
- Cette évaluation a confirmé que l'approche équilibrée définie dans le rapport Harmel de 1967 garde toute sa valeur. Pour assurer la sécurité des membres de l'Alliance, les principes directeurs les plus appropriés à long terme sont le maintien d'une puissance militaire et d'une solidarité politique suffisantes et, sur cette base, la recherche de relations plus stables entre les pays de l'Est et de l'Ouest par le dialogue et la coopération. Ces éléments sont complémentaires: le dialogue ne peut être fructueux que si chacun est assuré de sa sécurité et accepte de respecter les intérêts légitimes des autres; la puissance militaire ne saurait, à elle seule, garantir un avenir pacifique. L'expérience montre qu'une exécution intégrale, cohérente et réaliste des deux tâches principales de l'Alliance exposées dans le rapport Harmel reste nécessaire.
- Dans cet esprit, les Alliés ont cherché à réduire les causes de tension et à créer un climat propice au développement de la coopération. Des faits tels que la signature de l'accord quadripartite sur Berlin, les améliorations des rapports entre les deux Etats allemands et leurs résultats positifs pour les personnes, la conclusion des accords résultant de la première série de conversations sur la limitation des armements stratégiques (SALT I), y compris le traité sur les systèmes anti-missiles balistiques (ABM), et l'adoption de l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) sont les fruits de cette politique. Toutefois, les progrès vers le développement des contacts entre les personnes et vers un plus grand respect des libertés demeurent décevants. Des individus ont néanmoins bénéficié d'un accroissement des possibilités de contact et de communication.
- Dans le même temps, I'Union soviétique s'est livrée à un renforcement massif de son potentiel militaire. Il en résulte une menace permanente pour la sécurité de l'Alliance et pour les intérêts vitaux des pays occidentaux. L'URSS a cherche à exploiter tout ce qu'elle a perçu comme une faiblesse de la part de l'Alliance. En outre, à la modération manifestée par les Alliés, les Soviétiques n'ont pas répondu par une modération analogue. Au contraire, ils ont mené une campagne sans répit pour rompre la solidarité de l'Alliance.
Le recours à la menace ou à l'emploi de la force à des fins politiques a été notamment illustré par l'invasion de l'Afghanistan et les pressions exercées sur la Pologne 1.
- En dépit des divergences fondamentales qui subsistent entre les pays de l'Est et de l'Ouest, les Alliés demeurent convaincus qu'existent des domaines où devraient prévaloir des intérêts communs aux uns et aux autres: la nécessaire sauvegarde de la paix, le renforcement de la confiance et de la sécurité, I'amélioration des mécanismes prévus pour faire face aux crises et la recherche de la prospérité. Dans cette perspective, les Alliés restent déterminés à exploiter ces domaines d'intérêt commun, ainsi que d'autres, en poursuivant leurs efforts en faveur d'une coopération et d'un dialogue plus constructifs avec les membres du Pacte de Varsovie en vue de parvenir a une détente authentique.
- Les Alliés sont en faveur de la poursuite et du renforcement du processus de la CSCE, qui représente un moyen important de promouvoir l'instauration de relations Est-Ouest stables et constructives à long terme. Ils soulignent que l'Acte final d'Helsinki et le document de clôture de Madrid doivent être appliqués dans toutes leurs parties. Des accords importants ont été conclus dans le cadre de la CSCE, mais beaucoup reste à faire. Toute amélioration des rapports Est-Ouest serait incomplète si les individus ne pouvaient bénéficier d'un plus grand respect des droits de l'homme et d'un accroissement des contacts entre les personnes.
- La conscience d'une histoire et de traditions communes à tous les peuples européens continuera d'inspirer les Alliés dans leur action. Etant donné la persistance de la division de l'Europe et particulièrement de l'Allemagne, I'Alliance continuera de soutenir la République fédérale d'Allemagne dans son objectif politique qui consiste à oeuvrer à l'instauration d'un état de paix en Europe dans lequel le peuple allemand puisse recouvrer son unité grâce à l'autodétermination.
- Aucune des parties ne doit rechercher un avantage unilatéral, une supériorité militaire ou une domination sur d'autres Etats. Le respect mutuel de la sécurité de chacun sur la base de l'égalité des droits, le non-recours à la force stipulé dans la Charte des Nations Unies et d'autres accords internationaux, la modération et l'observation des règles internationales de conduite sont essentiels au renforcement de la confiance et de la coopération.
- Les Alliés respectent la souveraineté et l'indépendance des Etats partout dans le monde ainsi que le non-alignement authentique, comme en témoignent les relations qu'ils entretiennent aux plans politique et économique, et en matière d'aide, avec les autres pays. Un comportement responsable de la part de l'Union soviétique dans le monde représenterait une contribution importante à une amélioration durable des relations Est-Ouest
- Les Alliés reconnaissent que leurs intérêts vitaux de sécurité en tant que membres de l'Alliance peuvent être affectés par des événements se produisant en dehors de la zone du Traité. Ils organiseront des consultations en temps opportun sur de tels événements. Ils soulignent qu'il incombe à tous les Etats d'empêcher le transfert des différends Est-Ouest aux régions du tiers-monde. Ils souhaiteraient que les avantages de la paix, de la stabilité, du respect des droits de l'homme et du droit d'être à I'abri de toute ingérence, dont ils jouissent eux-mêmes depuis plus de trente-cinq ans, soient également assurés dans les autres régions du monde.
- Sur la base de leur détermination commune et d'une sécurité assurée, les Alliés réitèrent leurs offres d'amélioration des relations Est-Ouest, dont la plus récente a été faite dans la déclaration de Bruxelles du 9 décembre 1983. Ils proposent de faire porter des efforts particuliers sur les points suivants:
- un dialogue, une coopération et des contacts à tous les niveaux sur l'ensemble des questions intéressant les relations Est-Ouest - y compris les problèmes politiques et de sécurité, les droits de l'homme et les questions bilatérales - afin d'accroître la compréhension mutuelle, d'identifier les intérêts communs, de déterminer clairement les objectifs, d'élargir les terrains d'entente et d'éliminer ou d'isoler les sujets de désaccord;
- des échanges et une coopération économique menés sur une base commercialement saine et mutuellement avantageuse avec les membres du Pacte de Varsovie, qui soient compatible avec les préoccupations générales des Alliés en matière de sécurité, ce qui comporte la nécessité d'éviter de contribuer au potentiel militaire de l'URSS;
- l'établissement de la sécurité au niveau; de forces le plus bas possible par des accords équilibrés, équitables et vérifiables sur des mesures concrètes de maîtrise des armements et de désarmement et sur des mesures de confiance.
A cet effet, les Alliés concernés continueront en particulier:
- de souligner que les Etats-Unis sont prêts à reprendre les négociations bilatérales avec l'Union soviétique sur les armements nucléaires à portée intermédiaire (FNI et stratégiques (START) à n'importe quel moment et sans y mettre de préalable, et d'appeler l'Union soviétique à retourner à la table de négociation 2;
- de s'employer à faire progresser les négociations sur les réductions mutuelles et équilibrées de forces (MBFR), dans le cadre desquelles ils ont récemment avancé de nouvelles propositions pour sortir de l'impasse à propos des réductions des forces classiques;
- de demander instamment l'élimination des armes chimiques au niveau mondial, à laquelle tend le projet de traité soumis par les Etats-Unis à la Conférence du désarmement;
- de rechercher activement à la Conférence de Stockholm (CDE) un accord sur des mesures concrètes - telles qu'en ont proposé les Alliés - destinées à renforcer la confiance et à donner un caractère ouvert aux activités militaires dans l'ensemble de l'Europe et à réduire ainsi le risque d'attaque par surprise et la menace de guerre. Dans le but de doner davantage effet et expression au devoir déjà existant qu'ont tou les Etats participants de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force dans leurs relations mutuelles, un accord serait nécessaire sur de telles mesures concrètes en conformité avec le mandat de Madrid.
- La vocation de l'Alliance est exclusivement défensive: aucune de ses armes ne sera jamais utilisée autrement que pour répondre à une agression. Elle ne recherche pas la supériorité, mais un équilibre stable des forces. La défense et la maîtrise des armements sont partie intégrante de la politique de sécurité de l'Alliance. Les intérêts légitimes de tous les pays en matière de sécurité doivent être respectés sur la base de la réciprocité. La cohésion et la sécurité de l'Alliance, qui s'appuient sur un ferme lien entre ses membres européens et nord-américains et sont renforcées par des consultations étroites, restent le fondement de la protection des intérêts et des valeurs qu'ils ont en commun. En menant leur évaluation, les Alliés ont confirmé leur communauté de vues sur la conduite des relations Est-Ouest et leur attachement à un dialogue Est-Ouest constructif.
- La paix et la stabilité exigent l'unité dans l'effort; les Alliés attendent de l'Union soviétique et des autres pays du Pacte de Varsovie qu'ils s'associent à une entreprise qui aurait des effets bénéfiques pour l'ensemble du monde. Ils sont prêts à y jouer leur rôle et à examiner toute proposition raisonnable. Il est possible dans ces conditions d'établir des relations constructives et réalistes à long terme.
- La Grèce et l'Espagne réservent leurs positions sur ce paragraphe.
- La Grèce réserve sa position sur cet alinéa.