Communiqué final

Président: Lord Carrington

  • 11 Oct. 1984 - 12 Oct. 1984
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  • Mis à jour le: 04 Nov. 2008 19:07

<p>Situation des forces nucléaires - Examen d'un large éventail de questions relatives à la doctrine nucléaire - Accroissement continu du potentiel nucléaire à tous les niveaux de l'URSS - Nouvelles bases de SS-20 - Déploiement de SS-21 et SS-22 en RDA e

Le Groupe des plans nucléaires (NPG) de l'OTAN a tenu sa réunion ministérielle ordinaire d'automne à Stresa, en Italie, les 11 et 12 octobre 1984. Tous les membres y ont assisté, I'Espagne siégeant en tant qu'observateur.

Les Ministres ont entendu un exposé fort complet du Secrétaire à la défense des Etats-Unis sur la situation des forces nucléaires. Ils ont indiqué qu'ils appuyaient la détermination des Etats-Unis et du Royaume-Uni de préserver la capacité de dissuasion de leurs forces stratégiques. Ils ont aussi examiné un large éventail de questions relatives à la doctrine nucléaire, notamment l'évolution du rapport des forces nucléaires de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, le maintien de la sécurité et de l'aptitude à la survie des armes nucléaires de l'Alliance et l'éventualité d'une reprise des pourparlers sur les forces nucléaires, dans le cadre des négociations sur la réduction des armements entre les Etats-Unis et l'Union soviétique. Les Ministres se sont félicités de l'entretien utile et très étendu qu'ont eu récemment le Président Reagan et le Ministre soviétique des affaires étrangères, M. Gromyko, au cours duquel le premier a fait part de son profond désir de renouer un dialogueplus fructueux avec l'Union soviétique et de promouvoir les relations avec celle-ci.

Les Ministres ont relevé avec préoccupation que l'Union soviétique persiste à accroître sans répit son potentiel nucléaire à tous les niveaux. Dans le domaine stratégique, elle poursuit activement le développement et l'essai d'une large gamme de nouveaux systèmes, parmi lesquels deux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), un nouveau missile balistique lancé à partir de sous-marins, un nouveau bombardier et une nouvelle génération de missiles de croisière à lanceurs terrestre, aérien et naval qui devraient entrer en service dans le proche avenir. En outre, elle construit actuellement à l'est et l'ouest des monts Oural de nouvelles bases de SS-20, qui, une fois opérationnelles, augmenteront sensiblement le nombre de lanceurs SS-20 déployés. Elle continue également à remplacer des missiles à plus courte portée d'un modèle antérieur par une nouvelle génération de systèmes plus précis. Des missiles modernes de types SS-21 et SS-22 sont en cours de déploiement en République démocratique allemande et en Tchécoslovaquie. Par ailleurs, I'Union soviétique a procédé à la mise au point et aux essais du missile SS-23. L'importance que celle-ci accorde au potentiel nucléaire est aussi attestée par le développement de son artillerie nucléaire en Europe de l'Est. L'Union soviétique a tenté de présenter certaines de ces mesures comme une riposte au déploiement des missiles Pershing 2 et de croisière de l'OTAN: elles sont, en réalité, le fruit de programmes entamés bien avant le début des déploiements de l'OTAN et même avant la double décision de décembre 1979.

Par contraste, l'OTAN ayant pour politique de ne conserver que la quantité d'armes nucléaires strictement nécessaire à la dissuasion, les Ministres ont rappelé la décision prise en 1983 à Montebello, aux termes de laquelle il serait procédé à une réduction substantielle de l'arsenal de têtes nucléaire de l'OTAN en Europe, sur une période de cinq ou six ans. Ce processus a déjà débuté et se poursuivra conformément à la décision de Montebello: ainsi, le stock de ces armes atteindra son niveau le plus bas depuis vingt ans. Dans ce même contexte, les Ministres ont réitéré leur engagement à maintenir une dissuasion efficace et rappelé qu'à Montebello, ils étaient convenus que les systèmes de lanceurs et les têtes de cet arsenal - réduit à son minimum doivent être aptes à la survie, efficaces et capables de réagir rapidement. Des plans détaillés pour l'exécution de cette décision sont actuellement mis au point par les autorités militaires compétentes.

Les Ministres ont réaffirmé leur conviction que, face à la menace croissante que représentent les forces nucléaires et classiques du Pacte de Varsovie, l'Alliance doit maintenir, à l'appui de sa stratégie, un potentiel nucléaire et classique parfaitement crédible. Ils ont souligné que, s'il faut rendre chacun des éléments de la triade crédible par elle-même, ceux-ci n'acquièrent cependant leur pleine efficacité que lorsqu'ils sont considérés globalement, puisqu'ils sont mutuellement complémentaires. Les armes nucléaires sont un instrument vital pour décourager les agressions à tous les niveaux et, par leur seule présence, contribuent à améliorer la dissuasion dans toutes ses composantes. Ainsi, elles rehaussent la valeur de la défense classique de l'Alliance en contrecarrant les plans d'un agresseur qui projetterait de masser des forces en vue d'une attaque.

Les Ministres ont mis l'accent sur le fait qu'en l'absence de résultats concrets obtenus par la négociation et rendant un déploiement inutile, l'OTAN est résolue à poursuivre l'installation de missiles FNI à plus longue portée, selon le calendrier établi. Ils ont passé en revue les progrès réalisés dans les pays intéressés en ce qui concerne le déploiement. Celui-ci respectera la réduction du stock d'armes convenue à Montebello, puisque pour toute tête de Pershing 2 ou de missile de croisière mise en place est retirée une tête existante Les Ministres ont rappelé qu'ils sont disposés à revenir sur leur décision, à arrêter ou à modifier les déploiements de FNI à plus longue portée - et même à retirer et à démonter les missiles déjà en place - dès la conclusion d'un accord équilibré, équitable et vérifiable, prescrivant de telles mesures.

Les Ministres ont une fois encore exprimé le vif souhait que les entretiens sur la réduction des armements nucléaires, qui - comme les Alliés l'ont déploré à maintes reprises - ont été unilatéralement interrompus par l'Union soviétique, reprennent le plus tôt possible. Ils ont renouvelé leur appel à l'adresse de l'URSS pour qu'elle revienne à la table des négociations. Contrairement à l'attitude de l'Union soviétique, les Etats-Unis, qui jouissent en cela du plein appui de leurs alliés, étaient et restent prêts à négocier, à n'importe quel moment et sans poser de préalables, sur ces questions et sur d'autres concernant l'espace extra-atmosphérique.

Les Ministres ont confirmé qu'ils appuyaient énergiquement la position adoptée par les Etats-Unis dans les pourparlers START. En ce qui concerne les forces nucléaires à portée intermédiaire, ils ont renouvelé leur totale adhésion aux propositions américaines, établies à l'issue d'étroites consultations au sein de l'Alliance. Ils ont résolument souscrit à l'approche adoptée par les Etats-Unis vis-à-vis de ces négociations sur la réduction des armements. Ils ont appelé l'attention sur le fait que les propositions de ces derniers concernant les pourparlers START ainsi que ceux sur les FNI ouvrent la voie à des accords équitables et vérifiables, qui abaisseraient fortement le niveau des arsenaux nucléaires sans compromettre les intérêts légitimes des deux camps en matière de sécurité.

Les Ministres ont accepté avec plaisir une invitation de M. M. Fischbach, Ministre de la force publique du Luxembourg, à tenir leur prochaine réunion dans ce pays.

Le point de vue de la Grèce a été formulé dans une déclaration consignée au procès-verbal; le Danemark a réservé sa position sur la partie relative aux FNI.