Communiqué final
Président : M. J. Luns
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<p>Dispositif de défense de l'Alliance - Evolution générale des moyens stratégiques de l'Union soviétique et des Etats-Unis - Rôle important des accords de contrôle des armements dans le renforcement de la sécurité - Préparation des pourparlers sur la ré
Le Groupe des plans nucléaires de l'OTAN (NPG) a tenu sa réunion ministérielle ordinaire de printemps à Colorado Springs, Etats-Unis, les 23 et 24 mars 1982.
Les Ministres ont examiné un ensemble de questions de sécurité en rapport avec les armes nucléaires et la limitation des armements, y compris l'évolution des forces nucléaires de l'OTAN et du Pacte de Varsovie ainsi que la question importante de l'information claire du public sur les principes fondamentaux de la politique nucléaire de l'OTAN.
Les principes sur lesquels a été fondée l'Alliance Atlantique restent aussi valables aujourd'hui qu'il y a trente ans, quand l'Alliance a été créée. L'OTAN n'a jamais pris et ne prendra jamais l'initiative du recours à la force. Son dispositif de défense est conçu uniquement pour protéger l'intégrité territoriale et l'indépendance des pays membres, en préservant ainsi les valeurs et les libertés qui font la base des sociétés démocratiques.
La stratégie de l'OTAN est celle de la dissuasion et de la défense. Elle est fondée sur une triade: forces nucléaires stratégiques, forces nucléaires à portée intermédiaire et à courte portée (précédemment désignées par le terme général "forces nucléaires de théâtre") et forces classiques. Le but de cet ensemble de forces est de préserver la paix et la liberté en privant un adversaire potentiel de toute perspective réaliste de s'assurer un avantage par voie d'intimidation ou par une action militaire à quelque niveau que ce soit. Les Ministres ont réaffirmé leur détermination de maintenir des forces suffisantes pour atteindre cet objectif.
Les Ministres ont discuté de l'évolution générale des moyens stratégiques de l'Union Soviétique et des Etats-Unis. Ils ont constaté que l'Union Soviétique continue à renforcer ses forces stratégiques et, dans ce contexte, ils ont appuyé la détermination des Etats-Unis et du Royaume-Uni de s'assurer la capacité de dissuasion de leurs forces nucléaires stratégiques, qui est de la plus haute importance pour la stratégie de l'Alliance. Les forces nucléaires stratégiques restent l'ultime garant de la sécurité de l'OTAN.
Les Ministres ont souligné que des accords équilibrés, effectifs et vérifiables de contrôle des armements, fondés sur l'égalité des droits et des limitations, qui conduiraient à une réduction substantielle des niveaux des forces classiques et nucléaires, joueraient un rôle important dans le renforcement de la sécurité et l'établissement de relations stables entre l'Est et l'Ouest. Les Ministres ont réaffirmé que des consultations étroites et complètes au sein de l'Alliance sur tous les aspects de la limitation des armements restent indispensables.
En conséquence, les Ministres ont discuté de l'état de préparation des pourparlers sur la réduction des armes stratégiques (START) et ont déclaré appuyer fermement l'engagement des Etats-Unis de négocier avec l'Union soviétique un accord équitable et vérifiable sur les armes nucléaires stratégiques qui permettrait des réductions substantielles.
Les Ministres ont examiné les importants progrès accomplis dans la mise en oeuvre des deux volets de la double décision prise par l'OTAN le 12 décembre 1979.
Dans ce contexte, les Ministres ont fait le point des négociations de Genève sur la limitation des armements des forces nucléaires à portée intermédiaire. Ils ont réaffirmé leur appui total à la position de négociation adoptée par les Etats-Unis après d'étroites consultations au sein de l'Alliance et exprimée par le Président Reagan: renoncer au déploiement de missiles Pershing II et de missiles de croisière à lanceur terrestre, si l'Union soviétique élimine ses systèmes de missiles SS-20, SS-4 et SS-5 dans le monde entier. Les Ministres ont noté que la résolution dont l'OTAN fait preuve dans la mise en de sa décision du 12 décembre 1979 est le facteur clé qui a permis de persuader l'Union soviétique d'entamer à Genève des négociations sur la limitation des armements et qu'elle demeurera essentielle pour arriver à des résultats concrets. Ils en ont appelé une fois encore à l'Union soviétique pour qu'à l'instar des Etats-Unis, elle négocie de bonne foi. Les Ministres ont souligné que la façon la plus rapide de faire des progrès concrets est de s'occuper essentiellement, dans un premier temps, des systèmes que les deux camps reconnaissent être les plus préoccupants, à savoir les missiles à longue portée basés à terre des forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).
Les Ministres ont noté avec préoccupation que les déploiements opérationnels de SS-20 dans le monde se chiffrent désormais à quelque 300 lanceurs porteurs d'environ 900 têtes nucléaires, alors que des bases additionnelles sont en construction. Cela représente quelque 200 missiles SS-20 de plus qu'au moment ou l'OTAN a pris sa double décision. De ce fait, les différentes propositions soviétiques de gel auraient exactement le même effet; le monopole soviétique en matière de missile FNI à longue portée basés à terre persisterait puisque aucun SS-20 ne devrait être détruit, alors que l'OTAN serait empêchée de déployer un seul missile de type analogue. Il est notoire que ces engins soviétiques, étant donné leur portée et l'aisance avec laquelle ils peuvent être transférés d'un endroit à un autre, constituent une menace pour l'OTAN, où qu'ils soient. Aussi, ces propositions laisseraient-elles à l'Union soviétique toute liberté de se renforcer à l'Est de l'Oural, tenant bel et bien l'Europe OTAN à sa portée (1).
Les Ministres ont noté que, tout en poursuivant le déploiement de leurs SS-20, les Soviétiques remplacent leurs anciens missiles à courte portée Scaleboard par des SS-22 et mettent au point le nouveau SS-23 qui succédera au Scud actuel. Les missiles SS-22 ont une portée qui leur permet de couvrir une grande partie de l'Europe OTAN, même au départ de leur zone de déploiement à l'intérieur du territoire soviétique, ce qui serait également le cas des SS-23 s'ils venaient à être déployés dans des zones de l'avant.
Compte tenu de ces éléments d'appréciation, les Ministres ont réaffirmé l'importance qu'ils attachent à la poursuite des préparatifs de déploiement de missiles de croisière à lanceur terrestre et de missiles Pershing II. Ils ont pris note des progrès que continuent à marquer le développement de ces systèmes et la préparation de leur installation en Europe.
Les Ministres ont insisté sur le fait que le projet de déploiement de 108 missiles balistiques Pershing II et de 464 missiles de croisière à lanceur terrestre ne vise pas à créer une égalité arme pour arme avec le potentiel de missiles FNI du Pacte de Varsovie. Il s'agit plutôt de renforcer la stratégie de riposte graduée de l'OTAN en liant encore plus étroitement les moyens de dissuasion stratégiques des Etats-Unis à la défense de l'Europe OTAN, ce qui traduit bien le postulat essentiel selon lequel la sécurité des Etats-Unis est indissociable de celle de leurs alliés. La dissuasion s'en trouve ainsi renforcée, le risque d'erreur d'appréciation par l'Union soviétique réduit et la possibilité d'une menace nucléaire limitée à l'Europe exclue. Compte tenu du déséquilibre actuel dans le domaine des FNI, notamment provoqué par le déploiement des SS-20, le déploiement en Europe de missiles de croisière à lanceur terrestre et de Pershing II des Etats-Unis qui, de toute évidence, peuvent couvrir des objectifs situés sur le territoire soviétique, doit se poursuivre aussi longtemps qu'il n'y aura pas d'accord complet sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.
Les Ministres ont noté l'importance des travaux du Groupe de haut niveau dans la détermination de la nature, de l'étendue et des bases précises des ajustements qu'entraîneraient les déploiements de FNI à longue portée, ainsi que des incidences possibles de ces déploiements sur l'équilibre des rôles et des systèmes dans l'ensemble de l'armement nucléaire de l'OTAN.
Quant à la situation en Pologne, les Ministres ont rappelé la ferme déclaration des Ministres des Affaires étrangères de l'Alliance du 11 janvier 1982. Ils ont souligné que la persistance de la répression en Pologne sape le fondement politique de tout progrès sur l'ensemble des problèmes qui divisent l'Est et l'Ouest.
Le point de vue de la Grèce sur les questions examinées a été formulé dans une déclaration consignée dans le procès-verbal.
- Considérant que la question est du ressort des Ministres des Affaires étrangères, le Danemark réserve sa position.