Communiqué final

Président : M. J. Luns

  • 20 Oct. 1981 - 21 Oct. 1981
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  • Mis à jour le: 04 Nov. 2008 17:44

<p>Les armes nucléaires et la limitation des armements - Situation des forces nucléaires - Mise en oeuvre de la double décision de décembre 1979 - Forces nucléaires stratégiques - Engagement visant à la réalisation des réductions substantielles, équilibr

Le Groupe des plans nucléaires (NPG) de l'OTAN a tenu sa trentième réunion ministérielle à Gleneagles, en Ecosse, les 20 et 21 octobre 1981. Les Ministres ont examiné un ensemble de questions de sécurité en rapport avec les armes nucléaires et la limitation des armements, y compris la situation des forces nucléaires de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, le dispositif des forces nucléaires de théâtre de l'OTAN et l'état d'avancement de la mise en de la double décision de décembre 1979 sur la modernisation des forces nucléaires de théâtre à longue portée et la limitation des armements.

Les Ministres ont affirmé que la stratégie de dissuasion constitue le plus sûr moyen de préserver la paix. Cette stratégie se révèle aujourd'hui aussi efficace qu'elle l'a été pendant les trente-six dernières années. Les Ministres ont rappelé que cette stratégie est fondée sur le maintien de forces suffisantes pour convaincre tout adversaire potentiel que les risques que comporterait le lancement d'une agression contre l'OTAN seraient sans commune mesure avec quelque avantage qu'il pourrait en escompter. Pour être efficace, un dispositif de dissuasion doit être crédible; en conséquence, il doit apparaître clairement que l'OTAN a, à la fois, les moyens de réagir efficacement et la volonté de les utiliser. Etant donné la menace soviétique, ainsi que la nécessité d'éviter le danger d'une erreur d'appréciation de la part de l'Union soviétique, un ensemble crédible de forces - classiques, nucléaires de théâtre et stratégiques - est indispensable pour assurer la dissuasion. Les forces nucléaires de théâtre en Europe OTAN constituent le lien essentiel entre la défense classique de l'Europe OTAN et les forces nucléaires stratégiques des Etats-Unis, lesquelles sont l'ultime garant de la sécurité occidentale.

Les Ministres ont noté que l'évolution de l'armement soviétique est étudiée dans un rapport très complet intitulé "La puissance militaire soviétique" et publié récemment par les Etats-Unis. Ils ont accueilli avec satisfaction ce rapport, qui fait suite à la demande formulée par les Ministres à la réunion du NPG d'avril 1981, afin que davantage d'informations soient mises à la disposition du public. C'est là une contribution utile pour informer le public des réalités du potentiel nucléaire et classique de l'Union soviétique. Dans le même ordre d'idées, les Ministres ont également noté avec satisfaction que, pour l'information du public, une étude comparative des forces de l'OTAN et du Pacte de Varsovie sera établie le plus tôt possible au sein de l'Alliance.

Les Ministres ont noté avec préoccupation que le déséquilibre dans le domaine des forces nucléaires de théâtre à longue portée s'est non seulement maintenu, mais s'est aggravé. Dans ce contexte, ils ont souligné que l'OTAN continuera à mettre en oeuvre la double décision de décembre 1979 sur la modernisation des forces nucléaires de théâtre à longue portée et la limitation des armements, et ont fait le point des progrès accomplis dans la mise en des deux éléments de cette décision.

En ce qui concerne la modernisation, les Ministres on pris note des importants progrès enregistrés à la fois dans le développement des missiles Pershing II et des missiles de croisière lancés du sol et dans la préparation de leur mise en place en Europe. Ils ont souligné que ces déploiements visent à maintenir un potentiel crédible de l'OTAN dans ce domaine essentiel de sa stratégie de dissuasion face aux déploiements massifs, par l'Union soviétique, de nouvelles forces nucléaires de théâtre, mobiles, d'une portée, et d'une précision accrues. Les Ministres ont réaffirmé que les déploiements prévus par l'OTAN (qui ne commenceront pas avant la fin de 1983 et qui ne visent pas à créer une égalité arme pour arme avec l'Union soviétique) n'accroîtront pas la dépendance de l'Alliance à l'égard des armes nucléaires et ne modifieront en rien la stratégie de l'OTAN. Les Ministres ont de plus insisté sur le fait que l'OTAN ne recherche pas la supériorité militaire, mais que pour maintenir la dissuasion, elle doit disposer de moyens nucléaires crédibles et efficaces. Le déploiement de forces nucléaires moderne à longue portée par l'OTAN doit lui permettre de s'assurer que l'Union soviétique ne puisse présumer qu'elle pourra régionaliser un conflit en Europe de façon à en exclure son territoire, ou ébranler l'unité stratégique de l'Alliance. Les Ministres ont conclu leur débat sur ce point en soulignant une nouvelle fois que l'armement nucléaire de l'OTAN est et restera essentiellement destiné à jouer un rôle dissuasif.

Les Ministres ont réaffirmé l'importance qu'ils attachent à ce que le Groupe de haut niveau poursuive l'exécution de son mandat, qui consiste à déterminer la nature, l'étendue et les bases précises des ajustements qu'entraîneraient les déploiements de forces nucléaires de théâtre à longue portée, ainsi que les incidences possibles de ces déploiements sur l'équilibre des rôles et des systèmes dans l'ensemble de l'armement nucléaire de l'OTAN.

Les Ministres ont apprécié un exposé du Secrétaire à la Défense des Etats-Unis sur les récentes décisions des Etats-Unis ayant pour but de moderniser et de renforcer ses forces nucléaires stratégiques et d'en améliorer l'aptitude à la survie. Ils ont marqué leur appui à l'égard de la détermination des Etats-Unis d'assurer la capacité de dissuasion de leurs forces stratégiques, qui revêtent une importance essentielle pour la défense globale de l'Alliance, puisque la totalité de la puissance militaire des Etats-Unis y est affectée. Les Ministres ont marqué leur appui à l'engagement des Etats-Unis de s'efforcer, dans le domaine de la limitation des armements, de réaliser des réductions substantielles, équilibrées et vérifiables des armements stratégiques. A cet égard, ils ont également noté que les efforts des Etats-Unis visent à maintenir un équilibre de forces adéquat et stable au niveau le plus bas possible et ne constituent pas une tentative de s'assurer la supériorité stratégique.

Les Ministres ont examiné le développement continu de la puissance nucléaire soviétique, qui englobe tous les systèmes d'armes - des missiles stratégiques à l'artillerie nucléaire. Ils ont jugé spécialement préoccupante la rapidité du rythme de déploiement des forces nucléaires soviétiques. En particulier, le déploiement du missile moderne SS-20 a gravement perturbé la situation militaire globale en Europe et créé une source potentielle d'instabilité et de pressions politiques. Les Ministres ont noté que l'Union soviétique a déployé à ce jour plus de 250 missiles SS-20, porteurs de plus de 750 ogives, ainsi qu'environ 350 missiles SS-4 et SS-5, ce qui représente au total plus de 1.100 ogives de missile de théâtre à longue portée. Elle a en outre commencé à mettre en service, dans ses forces opérationnelles, de nouvelles générations de missiles nucléaires à courte et moyenne portée tels que les SS-21 et SS-22, ainsi qu'un grand nombre d'avions à capacité nucléaire plus performants. A l'opposé de cet accroissement général tant qualitatif que quantitatif, des forces nucléaires de théâtre par l'Union soviétique, l'OTAN n'a pas augmenté le nombre de ses ogives; en fait, les Etats-Unis en ont retiré unilatéralement 1.000 de l'Europe, ceci comme partie intégrante de la décision de 1979.

Les Ministres sont convenus que les récentes assertions de l'Union soviétique selon lesquelles il existerait actuellement une parité des forces nucléaires de théâtre à longue portée n'ont en réalité aucun fondement. Les chiffres et les rapports de forces avancés par l'Union soviétique à l'appui de ces assertions résultent d'un choix arbitraire quant aux éléments à prendre en compte ou à exclure. Quels que soient les critères choisis, toute comparaison objective entre systèmes dotés de capacités opérationnelles analogues fait apparaître, pour les systèmes nucléaires présents sur le théâtre européen, une disparité de plus en plus accentuée en faveur de l'Union soviétique.

En ce qui concerne la limitation des armements, les Ministres ont apprécié l'annonce faite récemment par le Secrétaire d'Etat américain et le ministre soviétique des affaires étrangères, de l'ouverture des négociations sur la limitation des forces nucléaires de théâtre qui débuteront à Genève le 30 novembre. Ils ont noté que la fermeté et la détermination maintenues par les gouvernements alliés en ce qui concerne la mise en oeuvre des deux éléments de la décision OTAN du 12 décembre 1979 ont été des facteurs déterminants pour convaincre l'Union soviétique de négocier et resteront des éléments indispensables à la recherche de résultats concrets. Ils ont pris note des progrès substantiels accomplis par les Etats-Unis dans la préparation de ces négociations et ils ont marqué leur plein appui aux étroites consultations qui se déroulent à cet effet au sein de l'Alliance et notamment de son Groupe consultatif spécial. A cet égard, les Ministres ont discuté de deux rapports établis par le Groupe de haut niveau du NPG, comme l'avaient demandé les Ministres des affaires étrangères et les Ministres de la défense de l'OTAN à leurs réunions du printemps de 1981; ces rapports contiennent une évaluation actualisée de la menace à laquelle est confrontée l'OTAN, ainsi qu'une analyse des besoins fonctionnels concernant les forces nucléaires de théâtre. Les Ministres sont convenus que ces documents répondaient à la demande formulée par les Ministres de l'OTAN à leurs réunions de mai et ont été d'avis que les Etats-Unis pourront s'appuyer sur ces documents qui représentent une contribution importante et essentielle aux éléments de base des prochaines négociations avec l'Union soviétique sur la limitation des forces nucléaires de théâtre.

Les Ministres ont apporté leur plein appui à l'engagement des Etats-Unis de parvenir à des accords équitables et vérifiables, dans le cadre des SALT, au sujet des forces nucléaires de théâtre au niveau le plus bas que l'on puisse atteindre. Sur une base de réciprocité, le niveau zéro reste une option possible, dans des conditions idéales. Ils ont fait appel à l'Union soviétique pour qu'elle respecte son engagement de "n'épargner aucun effort afin de parvenir à un accord satisfaisant". Les Ministres ont accueilli avec satisfaction la volonté des Etats-Unis de négocier et d'obtenir des résultats concrets susceptibles d'améliorer la sécurité et de maintenir la paix.