Communiqué final
Président : M. J. Luns
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<p>Situation des forces nucléaires - Conséquences du renforcement et des améliorations soviétiques dans toute la gamme des forces nucléaires - Mesures pour assurer l'équilibre des forces stratégiques - Dissuasion - Accords équilibrés, équitables et vérif
Le Groupe des plans nucléaires (NPG), qui est le principal organe de l'OTAN chargé de l'élaboration de la politique de défense nucléaire de l'Alliance, a tenu sa vingt neuvième réunion ministérielle à Bonn les 7 et 8 avril 1981.
Après avoir entendu le Secrétaire à la Défense des Etats-Unis exposer la situation des forces nucléaires, les Ministres ont souligné les préoccupations que leur inspirent le renforcement et les améliorations menés sans relâche par l'Union soviétique dans toute la gamme de ses forces nucléaires et ils en ont examiné les conséquences pour l'équilibre Est-Ouest. Les Ministres, prenant note des efforts que les Etats-Unis poursuivent et ont encore accru récemment pour renforcer leurs forces stratégiques, ont marqué leur appui sur toutes les mesures nécessaires pour assurer l'équilibre de ces forces de façon adéquate.
La croissance ininterrompue des forces de l'Union soviétique et, plus particulièrement, la prépondérance de ses forces nucléaires de théâtre sont potentiellement des facteurs de déstabilisation. Les Ministres ont regretté, une fois de plus, que l'URSS continue d'accroître sa supériorité dans le domaine des forces nucléaires de théâtre à longue portée en augmentant le nombre, déjà important, des missiles SS-20 à têtes multiples et des bombardiers Backfire dont elle dispose. Etant donné leur plus grande portée - pouvant atteindre 5.000 km - les missiles soviétiques SS-20 déployés dans certains secteurs de la partie non européenne de l'URSS constituent en fait une menace pour l'Europe OTAN. Tout en maintenant encore en service quelque 380 missiles SS-4 et SS-5, l'Union soviétique déploie actuellement environ 220 lanceurs de missiles SS-20 mirvés. Avec ses seuls missiles SS-20, l'Union soviétique a déjà en place environ 660 ogives nucléaires - c'est-à-dire un nombre supérieur à celui que l'OTAN prévoit dans son programme de modernisation des forces nucléaires à longue portée (le déploiement des premiers de ces systèmes ne commencera pas avant la fin de l'année 1983). Les déploiements soviétiques se poursuivent à un rythme rapide.
De plus, les Ministres ont constaté que cette situation avait été exacerbée par la mise au point de plusieurs nouveaux systèmes de missiles à plus courte portée dotés d'ogives nucléaires, et encore par le fait que les forces aériennes tactiques à capacité nucléaire faisaient l'objet d'une modernisation considérable, avec la production pendant la seule année 1980 de plus de 1.000 appareils des nouveaux types SU-17, SU-24, MIG-23 et MIG-25.
Les Ministres ont reconnu qu'il est indispensable de rétablir et de maintenir un équilibre militaire global entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie, ce qui est fondamental pour la sécurité de l'Alliance et la préservation de la paix. La politique de l'OTAN en matière de TNF a pour objectif premier de pourvoir à une dissuasion et à une stabilité fondées sur la triade des forces, sur le lien entre ses éléments et sur l'important principe politique de l'unité stratégique de l'Alliance. Les Ministres ont rappelé la. nécessité pour l'OTAN de maintenir des forces nucléaires de théâtre puissantes, diversifiées et souples dans le cadre de cette triade de façon à assurer la dissuasion.
Les Ministres ont souligné que l'OTAN poursuivra son plan de modernisation des forces nucléaires de théâtre à longue portée selon le calendrier prévu, tout en s'efforçant de parvenir à des accords équilibrés, équitables et vérifiables de limitation de ces forces, conformément à la décision du 12 décembre 1979. Ils ont exprimé l'espoir que l'équilibre pourra être réalisé à des niveaux moindres d'armement. Les Ministres ont insisté sur l'importance que revêtent de véritables limitations des armements stratégiques et ils ont, de même, réaffirmé la valeur deconsultations étroites et continues au sein de l'OTAN, et entre autres au Groupe consultatif spécial qui s'est réuni récemment à Bruxelles. Cette réunion s'inscrivait dans le processus de mise en oeuvre de la décision du 12 décembre, constituant ainsi un pas vers de nouveaux échanges de vues entre les Etats-Unis et l'Union soviétique sur les LRTNF.
Les Ministres ont souligné que la proposition de moratoire récemment avancée par les Soviétiques n'aborderait pas les problèmes fondamentaux provoqués par le considérable renforcement de leurs armements, les forces nucléaires de théâtre à longue portée en particulier; cela est encore plus vrai aujourd'hui qu'en 1979. Tout en reconnaissant que les Soviétiques ont exprimé de l'intérêt pour une limitation des armements, les Ministres ont noté que cette proposition ne pourrait que perpétuer un déséquilibre inacceptable pour l'Alliance, en contradiction avec le principe d'égalité posé dans la décision de décembre comme essentiel pour une limitation des LRTNF.>
Les Ministres ont examiné les travaux poursuivis par le Groupe de haut niveau, qui est chargé par le Groupe des plans nucléaires d'étudier les aspects nucléaires du Programme de défense à long terme. Ils ont rappelé l'importance des travaux du Groupe de haut niveau dans la tâche visant à déterminer la nature, l'étendue et les bases précises des ajustements qu'entraîneraient les déploiements de LRTNF, ainsi que leurs incidences possibles sur l'équilibre des rôles et les systèmes dans l'arsenal nucléaire de l'OTAN en général.
Les Ministres ont reçu avec plaisir l'invitation que leur a faite M. John Nott, Secrétaire d'Etat à la Défense, de tenir la 30ème réunion du Groupe des plans nucléaires au Royaume-Uni dans le courant de l'automne 1981.