Communiqué final

Président : M. J. Luns

  • 12 May. 1981 - 13 May. 1981
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  • Mis à jour le: 04 Nov. 2008 17:35

<p>Menaces pour la sécurité et la stabilité internationale - Renforcement militaire soviétique en forces stratégiques, nucléaires de théâtre et forces classiques - Perspectives de préservation de la paix et de stabilité des relations politiques entre l'E

  1. Le Comité des plans de défense de l'OTAN s'est réuni en session ministérielle à Bruxelles les 12 et 13 mai 1981.
  2. Les Ministres de la défense ont réaffirmé les positions exprimées à Rome par les pays membres de l'Alliance atlantique à la réunion du Conseil de l'OTAN des 4 et 5 mai 1981. Ils partagent leurs graves préoccupations devant les menaces qui continuent de peser sur la sécurité et sur la stabilité internationale. La force et la cohésion de l'Alliance demeurent indispensables pour garantir la sécurité de ses membres et contribuer à la stabilité des relations internationales. Cette stabilité ne sera assurée que si tous les pays agissent avec modération et sens des responsabilités, afin de promouvoir une détente authentique ainsi que de développer les relations Est-Ouest chaque fois que le comportement de l'Union soviétique le permettra. Cette dernière affirme qu'elle souscrit elle aussi à ces principes, mais ses actes, tels que l'invasion et l'occupation de l'Afghanistan, ne viennent pas confirmer ses affirmations. Les efforts accomplis pour établir des relations Est Ouest plus constructives sont fortement contrecarrés par l'emploi ou la menace de la force aux fins d'intervention dans les affaires d'autres pays. La Pologne doit être laissée libre de résoudre ses propres problèmes. Les relations Est-Ouest plus constructives que recherchent les Alliés exigent que par des signes tangibles l'Union soviétique montre qu'elle est prête à mettre fin à l'accroissement préoccupant de son potentiel militaire, à renoncer au recours à la force et à l'intimidation et à cesser de créer ou d'exploiter des situations de crise et d'instabilité dans le tiers-monde. Les pays de l'Alliance ont exprimé leur détermination de faire face à la menace qui continue de peser sur la sécurité et sur la stabilité internationale par des mesures efficaces, notamment en faisant preuve de fermeté dans la défense et de persévérance dans la recherche de solutions pacifiques.
  3. Pour leur part, les Ministres de la défense ont reconnu que ces dix dernières années ont vu un renforcement incessant de la puissance militaire soviétique dans toute la gamme des moyens englobant les aspects stratégiques, nucléaires de théâtre et classiques qui contraste avec les nombreuses prises de position des Soviétiques en faveur de la paix et du désarmement. Ce renforcement préoccupant permet à l'URSS d'exercer des pressions dans de nombreuses régions du globe, en particulier grâce à l'augmentation de la mobilité de ses forces dans le monde et au développement d'un important potentiel naval. Tout cela a été mené parallèlement à l'amélioration ininterrompue des forces qui font face à l'Alliance en Europe et dans l'Atlantique. Cette progression régulière de la puissance militaire soviétique au cours des dix dernières années, alors que l'Alliance faisait preuve de modération unilatéralement, a créé pour l'OTAN une situation qui exige d'intensifier les mesures pour assurer une dissuasion adéquate dans l'avenir. Les perspectives de préservation de la paix et de stabilité des relations politiques entre l'Est et l'Ouest dépendent du renforcement requis des forces de dissuasion et de défense de l'OTAN, ainsi que du maintien d'un équilibre militaire global, si possible à un niveau moindre, entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie.
  4. Devant l'accroissement continu du potentiel soviétique, les pays ont apporté des améliorations considérables aux forces qu'ils destinent à l'Alliance. Mais l'exécution de ces améliorations n'a pas suivi le rythme élevé de la croissance des forces de l'URSS et des autres pays du Pacte. L'évaluation de l'équilibre militaire pose une équation complexe qui ne saurait être résolue par un simple décompte d'hommes, de navires et d'aéronefs. Il n'en est pas moins clair que le rapport de forces penche de façon inquiétante en faveur de l'Est, particulièrement en Europe.
  5. Bien que les politiques que les pays adoptent en dehors de la zone du Traité relèvent de la décision nationale, les Alliés ont reconnu que des situations survenant hors des limites géographiques de l'OTAN peuvent, chaque fois que la paix, l'équilibre international et l'indépendance d'Etats souverains sont impliqués, menacer les intérêts vitaux de l'Ouest et, de ce fait, avoir des conséquences pour la sécurité des membres de l'Alliance. Les Ministres ont reconnu qu'en examinant les politiques propres à protéger ces intérêts vitaux, les pays devraient être préparés à participer pleinement aux consultations menées au sein de l'Alliance pour permettre à leurs gouvernements de mettre en commun et, dans toute la mesure du possible, de coordonner leurs évaluations de la menace et de ses conséquences, et de déterminer des objectifs communs. Il importe particulièrement que de telles consultations soient tenues lorsque les pays en mesure de le faire envisagent de déployer des forces hors zone, pour décourager l'agression et répondre aux demandes d'aide d'autres pays ayant à résister à des menaces pesant sur leur sécurité ou leur indépendance. Les répercussions de tels déploiements sur la sécurité et les moyens de défense de l'Alliance devraient être examinés collectivement par les instances appropriées de l'OTAN. Les Ministres ont aussi reconnu que les objectifs communs déterminés au cours de ces consultations pourraient exiger que des membres de l'Alliance facilitent des déploiements hors zone pour protéger les intérêts vitaux de tous.
  6. Les Etats-Unis et d'autres pays ont déjà fait face à des problèmes provoqués par des événements extérieurs à la zone de l'OTAN. Un déploiement ultérieur de la force à déploiement rapide des Etats-Unis pour décourager l'agression et répondre à des demandes d'aide nationales pourrait entraîner des changements dans la disponibilité des forces de combat et de soutien actuellement destinées à l'OTAN pour des missions de renforcement. Au moment même où les Etats-Unis entreprennent de renforcer leur dispositif de défense dans d'autres parties du monde, il y aurait également lieu de maintenir et de renforcer les moyens dont dispose l'Alliance pour décourager l'agression et défendre l'Europe OTAN. Cette situation ne fait que souligner la nécessité pour tous les Alliés de maintenir, aux niveaux voulus d'effectifs et de qualité, les forces requises pour assurer la dissuasion et la défense dans la zone de l'OTAN.
  7. L'OTAN continuera de chercher à négocier, en matière de limitation des armements, des accords équitables, significatifs sur le plan militaire, contraignants et intégralement vérifiables afin de parvenir à un équilibre à des niveaux moindres de forces et de mieux assurer la sécurité. Les Alliés reconnaissent que des négociations sur le contrôle des armements ne peuvent être fructueuses que dans un climat international de confiance.
  8. C'est en fonction de cet ensemble de considérations politiques et stratégiques qu'a été élaborée la nouvelle directive ministérielle à l'intention des pays ainsi que des autorités militaires de l'OTAN. Cette directive, qui a été approuvée aujourd'hui par les Ministres, porte sur ce qu'il est nécessaire de faire dans la conjoncture politique et économique actuelle pour que la stratégie de dissuasion de l'OTAN reste viable, compte tenu du potentiel militaire du Pacte de Varsovie. Elle donne, en particulier, une orientation pour la préparation des propositions de forces de l'OTAN pour la période 1983-1988 et des indications sur la façon de remédier aux insuffisances les plus graves des forces classiques.
  9. La période de planification sur laquelle porte la directive verra aussi l'entrée en vigueur du plan de renforcement du SACEUR qui facilitera le déploiement rapide et coordonné vers l'Europe d'importants renforts des Etats-Unis, du Royaume-Uni et du Canada en période de tension ou d'hostilités.
  10. Etant donné que les pays qui ne font pas face à des situations extérieures à la zone OTAN pourront devoir assumer des taches supplémentaires à l'intérieur de cette zone, les plans de défense des pays devraient prévoir des dispositions visant à compenser des changements dans la disponibilité des forces qui sont destinées à l'OTAN et qui seraient détournées de leur mission initiale ou chargées à titre national de mener des opérations hors de la zone OTAN pour protéger les intérêts vitaux de pays alliés.
  11. Le document constate l'importance stratégique essentielle de la région Sud et de la Méditerranée, ainsi que la nécessité de continuer à soutenir et aider la Grèce, le Portugal et la Turquie où la situation économique ne permet pas de tirer des ressources nationales tous les moyens de défense nécessaires à la mise en oeuvre de la stratégie de l'Alliance.
  12. Il demeure indispensable pour l'OTAN de maintenir des forces nucléaires puissantes, diversifiées et souples dans le cadre de la triade et d'assurer ainsi la dissuasion. L'OTAN poursuivra son plan de modernisation des forces nucléaires de théâtre à longue portée (LRTNF) selon le calendrier prévu, tout en s'efforçant de parvenir à des accords équilibrés, équitables et vérifiables de limitation de ces forces, conformément à la décision du 12 décembre 1979. A cet égard, les Ministres se sont félicités que les Etats-Unis aient l'intention d'engager pour la fin de l'année des négociations avec l'Union soviétique sur une limitation des forces nucléaires de théâtre dans le cadre des SALT, comme il a été déclaré à Rome, et ils ont souscrit aux plans visant à charger le Groupe de haut niveau et le Groupe consultatif spécial d'entreprendre d'urgence les études convenues.
  13. Les Ministres ont examiné l'état d'avancement du Programme de défense à long terme et ont approuvé des recommandations visant à assurer la continuité des progrès dans un certain nombre de secteurs clés.
  14. L'Alliance est engagée dans de multiples activités de planification à long terme. Comme le montre la directive, il s'agit notamment de l'élaboration de concepts et d'orientations pour la planification à long terme dans certains domaines spécifiques. La directive souligne qu'il importe de poursuivre les efforts de coopération dans le domaine des armements, entre autres de continuer à mettre l'accent sur des procédures OTAN de planification et d'appliquer plus largement le concept des familles d'armes. Une attention particulière sera accordée à la planification à long terme des armements, spécialement là où il sera possible de mettre à profit les technologies de pointe et les économies d'énergie. Le document fait observer qu'il faut exercer des contrôles sur le transfert de technologies de pointe aux pays du Pacte de Varsovie dans le cadre des consultations internationales existantes.
  15. L'Alliance consacre actuellement une attention accrue à d'autres questions concernant l'affectation de fonds suffisants à l'infrastructure; les Ministres ont approuvé le financement du programme pour l'année en cours.
  16. Face à ces nombreuses tâches et en dépit des contraintes économiques et financières, les Alliés ont confirmé leur adhésion antérieure à la directive prévoyant la formule des 3%. Compte tenu de l'aggravation de la situation militaire ainsi que de la nécessité nouvelle de faire face aux conséquences d'événements imprévus survenant hors de la zone de l'OTAN, les Alliés sont également convenus de faire tout leur possible pour fournir toutes les ressources nécessaires pour assurer le renforcement requis de leurs forces de dissuasion et de défense. Cette directive générale sur les ressources n'est que l'un des nombreux facteurs qui sont utiles pour déterminer l'effort de défense que les pays devraient entreprendre. Il faudrait donc qu'elle s'accompagne de considérations plus particulières à chaque pays, tenant compte des niveaux qualitatifs et quantitatifs de l'effort de défense passé et présent du pays, des insuffisances les plus critiques de ses forces et des améliorations nécessaires à effectuer le plus rapidement possible au cours de la période. Une plus large part devrait être faite aux réalisations telles qu'elles apparaissent dans l'exécution des améliorations de forces. A cet égard, les Ministres se sont félicités des efforts importants consentis par les Etats-Unis pour renforcer leurs moyens de défense dans l'intérêt de l'Alliance tout entière.