Communiqué final

Président : M. G. Martino et Lord Ismay

  • 02 May. 1957 - 03 May. 1957
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  • Mis à jour le: 03 Nov. 2008 15:09

<p>Réaffirmation du droit de l'Alliance de posséder des armes atomiques - Décision d'intensifier les efforts en vue de réunifier l'Allemagne au moyen d'élections libres - Sécurité au Moyen-Orient. </p>

  1. Le Conseil de l'Atlantique Nord a tenu sa session ministérielle régulière à Bonn les 2 et 3 mai 1957, sous la présidence de M. Gaetano Martino, Ministre des Affaires étrangères d'Italie. Les débats ont été dirigés par Lord Ismay, Secrétaire Général de l'Organisation.
  2. L'Alliance atlantique est et demeure une alliance défensive. Elle a été créée pour protéger contre toute possibilité d'agression les nations qui y ont adhéré. Elle a réussi, mais il est certain que ce danger subsiste et que les puissances atlantiques doivent donc rester unies pour pouvoir continuer à se défendre.

    Le Conseil a noté que depuis sa dernière session, les dirigeants soviétiques ont entrepris une campagne qui tout en s'efforçant de faire oublier la répression soviétique en Hongrie, a pour but de pousser l'opinion publique dans divers pays de l'Alliance à s'opposer à la modernisation de leurs forces militaires et d'affaiblir le principe de la sécurité collective fondé sur l'OTAN.

    Le Conseil a constaté que l'un des objectifs d'une telle campagne serait d'assurer aux forces soviétiques le monopole de l'armement nucléaire sur le continent européen. Une pareille situation serait évidemment tout à fait inacceptable. Le Conseil a noté avec satisfaction la fermeté des réponses faites à ces manœuvres soviétiques.

  3. L'Alliance atlantique doit être en mesure de répondre par tous les moyens dont elle peut disposer à toute attaque qui serait déclenchée contre elle. C'est parce qu'elle disposera des instruments de défense les plus modernes qu'elle découragera toute tentation de lancer pareille attaque contre elle. En attendant la conclusion d'un accord acceptable sur le désarmement, aucune puissance ne peut prétendre lui interdire la possession des armes modernes nécessaires à sa défense. Toutefois si les craintes manifestées par l'Union soviétique sont sincères, elles peuvent être aisément dissipées. Il lui suffit d'accepter un accord général de désarmement comportant des mesures efficaces de contrôle et d'inspection dans le cadre des propositions plusieurs fois répétées par les puissances occidentales et qui restent un des fondements essentiels de leur politique.
  4. Dans le cadre de ses discussions sur le problème de la sécurité, le Conseil a évoqué le problème de l'équilibre entre les armes modernes et les armes classiques. Le Conseil attendra les résultats des études commencées à ce sujet par les autorités militaires de l'Alliance afin de permettre aux Etats membres de prendre en commun les décisions nécessaires concernant le développement et l'équilibre des diverses catégories de forces. Le Conseil reste convaincu que ces décisions communes doivent tenir compte de la nécessité pour l'OTAN d'avoir les moyens efficaces pour décourager une agression, y compris un bouclier puissant de forces terrestres, navales et aériennes, pour être à même de protéger les territoires des Etats membres.
  5. Les événements récents de Hongrie ont confirmé que la liberté ne compte pas aux yeux des Soviets et que l'URSS est prête à employer la force pour briser les légitimes aspirations des nations. Le Conseil a été d'accord pour estimer que la répression brutale de la lutte héroïque des Hongrois pour leur liberté demeure une réelle difficulté pour l'amélioration des relations entre l'Est et l'Ouest.
  6. Le Conseil a examiné les effets que les événements politiques de ces derniers mois ont eus sur la question de la réunification de l'Allemagne. Il a résolu de poursuivre de toutes ses forces les tentatives qui ont été faites pour décider le Gouvernement soviétique à respecter l'accord qu'il a donné concernant la réunification de l'Allemagne par des élections libres. Dans la conviction que la prolongation de la division de l'Allemagne et de la situation anormale de Berlin constitue un danger permanent pour la paix mondiale, les Ministres ont confirmé leur résolution de poursuivre par des moyens pacifiques et de renforcer leur politique commune pour la restauration d'un Etat allemand uni et libre dans le cadre d'un système de sécurité garantissant la paix de l'Europe. Leur attention s'est particulièrement attachée au caractère inhumain de la division persistante du peuple allemand.
  7. Le Conseil a examiné les récents développements de la situation dans le Moyen-Orient. Il a conclu que si les dangers pour la paix restent sérieux, il existe cependant certains éléments nouveaux qui permettent d'espérer une limitation des possibilités d'expansion et de subversion communistes. Le Conseil a souligné l'intérêt des initiatives récentes qui renforcent les efforts déjà faits pour assurer la sécurité et l'intégrité des pays du Moyen-Orient.
  8. Les Ministres ont examiné l'état de l'Alliance à la lumière des développements politiques qui se sont déroulés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la région atlantique depuis leur dernière réunion. A cette occasion, ils ont passé en revue les progrès réalisés dans le domaine des consultations politiques conformément aux nouvelles procédures instituées à la suite des recommandations du Rapport des Trois approuvé en décembre dernier. Ils sont arrivés à la conclusion que des résultats concrets et utiles ont été obtenus et que l'Alliance acquiert ainsi à la fois plus de maturité et plus de cohésion.
  9. Le Conseil a pris note du rapport que lui a présenté Lord Ismay. Il lui a manifesté ses sentiments de gratitude et l'a remercié des incomparables services que pendant cinq ans il a rendus à la cause de l'Alliance.