La dernière
décennie du siècle commence par des événements qui ne sont pas
moins surprenants que ceux de l'année précédente. En Union soviétique
et en Europe de l'Est, les changements se succèdent. Gorbatchev,
qui jouit d'une grande popularité à l'Ouest mais suscite la
méfiance dans son propre pays, annonce l'introduction du pluralisme
politique et la fin de la suprématie du Parti communiste soviétique.
Les discussions
entre l'Est et l'Ouest ouvrent la voie au Traité Ciel ouvert et
des réductions négociées des forces conventionnelles en Europe.
Les entretiens débouchent sur l'unification de l'Allemagne,
symbole de l'Europe divisée, qui va disparaître rapidement.
Le rythme
effréné du changement ne se ralentit pas. D'autres impossibilités
de l'ancien système deviennent les réalités du nouveau. Les
trois pays baltes, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie, s'engagent
sur la route de l'indépendance. Les citoyens est-allemands
votent massivement en faveur d'une "Alliance pour l'Allemagne" et
leur gouvernement traduit leur volonté dans les faits en se
déclarant lui-même partisan de l'unification et de l'adhésion
de l'ensemble de l'Allemagne à l'OTAN. En Hongrie, la démocratie
remporte une victoire décisive lors des élections libres.
Le point
de non-retour est atteint lorsque les frontières entre la Tchécoslovaquie,
l'Autriche et l'Allemagne sont ouvertes et que les citoyens
tchèques ainsi que leurs voisins de l'Est saisissent cette nouvelle
possibilité qui leur est offerte, la liberté de voyager.
Au printemps
de 1990, le Pacte de Varsovie, mécanisme qui liait l'Europe de
l'Est au bon vouloir des responsables militaires soviétiques,
commence à se démanteler. Le Premier ministre hongrois, Jozsef
Antall, annonce que son gouvernement a décidé de se retirer
du Pacte.
Un autre
événement amène l'Albanie, longtemps tenue à l'écart par son propre
gouvernement des affaires internationales, à se joindre aux
35 pays participant aux travaux de la Conférence sur la sécurité
et la coopération en Europe. Comme s'ils hésitaient à revenir
sur le passé, et sur l'ancienne Europe, les gouvernements occidentaux
observent avec prudence la transformation de la carte géopolitique
européenne. Beaucoup de leurs objectifs politiques les plus
chers prennent forme sous leurs yeux. L'opinion publique elle
aussi est frappée par la rapidité des transformations et se demande
où cet élan s'arrêtera. 1990 (4)
Sous l'effet
du changement et après cinquante ans de statu quo en Europe, les
Ministres des affaires étrangères de l'Alliance saisissent
le moment. Dans une déclaration peu connue mais d'une importance
symbolique considérable, le "Message de Turnberry", l'OTAN
s'adresse à l'Union soviétique et à tous les pays européens,
et leur tend la main de la coopération et de l'amitié. Ce message
qui n'est rien de moins qu'une proposition de laisser de côté
les animosités du passé pour faciliter la coopération future,
contient les germes de bon nombre des développements positifs
qui vont suivre.
En juillet
1990, les progrès sur la voie de l'unification de l'Allemagne deviennent
tangibles. La création de l'Union monétaire en est la première
étape concrète. A l'OTAN, quelques jours seulement avant la
réunion au sommet qui doit avoir lieu à Londres, il règne encore
une certaine incertitude quant à la voie à suivre.
Les rouages
de la diplomatie multinationale, qui tournent régulièrement quand
il n'y a pas de menace de crise immédiate, commencent à s'accélérer.
L'ampleur de la transformation de l'Europe de l'Est appelle
une réponse non moins significative de la part de l'Occident.
Celle-ci se présente sous la forme de la Déclaration de Londres
sur une Alliance nord-atlantique transformée. La déclaration
comporte un plan d'action pour le développement de la coopération
entre l'Est et l'Ouest et prévoit l'établissement de contacts
diplomatiques entre l'OTAN et ses anciens adversaires, premier
pas vers une véritable coopération.
Août 1990
mars 1991. L'actualité mondiale est dominée par l'invasion du
Koweït par l'Irak et les efforts déployés par la communauté
internationale pour tenter de parer au conflit qui semble inévitable.
La responsabilité globale des Nations Unies en matière de maintien
de la paix et de la sécuriét est sérieusement remise en question.
Une coalition des pays opposés à l'agression de l'Irak parvient
à faire appliquer les décisions du Conseil de sécurité des Nations
Unies. L'OTAN n'a pas de rôle officiel mais ses pays membres
font largement appel à son expérience et ses compétences pour
créer une force multinationale. Le monde peut-il tirer les leçons
du conflit et concevoir de nouveaux moyens de sauvegarder la
sécurité des petits Etats?
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