Logistique

  • Mis à jour le: 05 Aug. 2021 11:07

Même si le terme « logistique » peut avoir diverses significations, il s’agit, fondamentalement, d’avoir ce qu’il faut, là où il faut et au bon moment. L’OTAN définit la logistique comme la science de la planification et de l’exécution de déplacements des forces armées et de leur maintenance. Elle est d’une importance vitale pour toute opération militaire. Sans elle, les opérations ne pourraient être menées et soutenues. La logistique peut être considérée comme une passerelle entre les forces déployées et la base industrielle qui produit le matériel et les armes dont ces forces ont besoin pour accomplir leur mission.

 

  • À l’OTAN, les services et les responsabilités liés à la logistique sont répartis en trois catégories, selon qu’ils relèvent de la logistique de production, de la logistique d’exploitation ou de la logistique de consommation.
  • La logistique multinationale est une composante de la logistique collective, qui vise à réduire les coûts, à harmoniser les processus du cycle de vie et à accroître en permanence l’efficacité du soutien logistique.
  • La logistique OTAN peut également se définir au travers de ses fonctions essentielles, qui incluent, entre autres, l’approvisionnement, la maintenance, les mouvements et les transports, le soutien pétrolier, l’appui général à la force et le soutien médical.
  • À l’OTAN, l’un des grands principes directeurs du soutien logistique est la responsabilité collective, en vertu de laquelle les pays et l’OTAN sont encouragés à coopérer pour la mise à disposition et l’utilisation des capacités et des ressources logistiques.
  • Le Comité de la logistique est le principal organe exerçant, à l’appui du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité militaire, un pouvoir de coordination pour l’ensemble des fonctions logistiques au sein de l’OTAN.
  • Suite au conflit qui a éclaté en 2014 entre la Russie et l’Ukraine, la vision et les objectifs logistiques de l’OTAN ont été actualisés en tenant compte du concept stratégique de 2010, de la directive politique de 2015 et du plan d’action « réactivité ».

  • Définitions

    Compte tenu de la définition de la logistique agréée par l’OTAN – science de la planification et de l’exécution de déplacements des forces armées et de leur maintenance –, la logistique couvre les domaines suivants :

    • conception et mise au point, acquisition, entreposage, transport, distribution, maintenance, évacuation et élimination de matériels ;
    • transport du personnel ;
    • acquisition, construction, maintenance, utilisation et déclassement d’installations ;
    • achat de prestation de services ;
    • soutien et soins médicaux.

    Ces services et responsabilités sont répartis en trois catégories, selon qu’ils relèvent de :

    • la logistique de production ;
    • la logistique d’exploitation ;
    • la logistique de consommation.

    Logistique de production

    La logistique de production, ou logistique d’acquisition, relève essentiellement du secteur industriel. Elle concerne la planification, la conception, le développement et l’acquisition d’équipements et couvre donc la normalisation et l’interopérabilité, la passation de marchés, l’assurance de la qualité, l’acquisition de pièces de rechange, l’analyse de la fiabilité et de la maintenabilité, les normes de sécurité pour les équipements, les spécifications et les procédés de fabrication, les essais et mises à l’épreuve, la codification, la rédaction des documents relatifs aux matériels, ainsi que le contrôle et les modifications de la configuration.

    S’il est vrai que la responsabilité en matière d’équipement et d’entretien des forces armées incombe en premier lieu aux pays, il n’en demeure pas moins que de nombreux domaines se prêtent à une coopération au sein de l’OTAN. Cette coopération est essentiellement menée sous les auspices de la Conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) et de ses organes subordonnés.

    Logistique d’exploitation

    La logistique d’exploitation fait le lien entre logistique de production et logistique de consommation. Elle englobe les fonctions associées à l’acquisition, à la réception, au stockage, à la distribution et à l’élimination des matériels indispensables pour maintenir l’équipement militaire en état et pour approvisionner les forces.

    Le maintien en condition opérationnelle ne se limite pas à faire en sorte que les systèmes d’armes soient disponibles et en bon état de fonctionnement, il démarre dès qu’intervient la décision d’inclure un système dans l’inventaire. L’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) est le principal organe responsable dans ce domaine.

    Logistique de consommation

    La logistique de consommation, ou logistique opérationnelle, porte sur les fonctions « approvisionnement » et « soutien » des forces. Elle concerne la réception du produit initial, le stockage, le transport, la maintenance, l’utilisation et l’élimination des matériels. Par conséquent, la logistique de consommation couvre le contrôle des stocks, la fourniture ou la construction d’installations, le contrôle des mouvements, la remontée d’information sur la fiabilité et les défaillances, les normes de sécurité pour le stockage, le transport et la manutention, ainsi que la formation qui s’y rapporte.

    Ces tâches relèvent principalement de la responsabilité du Comité de la logistique et du Comité des produits pétroliers. D’autres organismes, tels que le Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN (COMEDS), donnent des avis au Comité militaire sur des questions logistiques dans leurs domaines de responsabilité spécifiques.

    Modes de soutien logistique multinational

    En matière de soutien logistique, les options dont dispose un commandant de forces interarmées vont d’une prise en charge multinationale totalement intégrée à un soutien purement national. Il existe quatre types de soutien logistique multinational pouvant être mis en œuvre pour renforcer le soutien logistique purement national, alléger la charge pesant sur chaque pays à titre individuel et réaliser de plus grandes économies d’échelle, à savoir :

    • le soutien mutuel préalablement planifié, qui consiste en des accords de soutien mutuel (MSA) et une coopération entre les éléments de soutien nationaux (NSE), dont les modalités sont fixées de manière bilatérale ou multilatérale par l’OTAN ou les pays ;
    • l’engagement officiel d’un pays, agissant en qualité de pays chef de file en matière de logistique (LLN) ou de pays prestataire spécialisé en matière de logistique (LRSN), à fournir un soutien ou des services à tout ou partie de la force multinationale ;
    • l’engagement officiel d’un ou de plusieurs pays à fournir un soutien à tout ou partie de la force multinationale sous le contrôle opérationnel du commandant de forces interarmées ;
    • l’engagement d’un ou de plusieurs pays à fournir un soutien à tout ou partie de la force multinationale en constituant une unité logistique multinationale (MLU) ou une unité de soutien médical multinational (MMU).

    Les définitions ci-dessus sont issues de la publication interalliée interarmées n° 4.9 (AJP‑4.9), qui décrit également les avantages, les limites et les contraintes du soutien logistique multinational.

  • Fonctions essentielles

    Les fonctions essentielles de la logistique permettent aussi de comprendre les responsabilités de l’Alliance dans ce domaine. L’OTAN est chargée d’assumer un certain nombre de ces fonctions, qui peuvent parfois se chevaucher. Certaines d’entre elles sont décrites ci-après.

    Approvisionnement

    L’approvisionnement englobe tous les matériels et articles utilisés pour l’équipement, le soutien et la maintenance des forces militaires. La fonction « approvisionnement » couvre la détermination des niveaux de stocks, la prévision d'approvisionnement, la distribution, et la reconstitution des stocks.

    Maintenance

    Le terme « maintenance » désigne toutes les mesures qui sont prises, réparations comprises, afin de garder ou remettre du matériel dans un état spécifié. La disponibilité opérationnelle des forces terrestres, navales et aériennes dépend, dans une large mesure, de la présence en temps de paix d’une maintenance préventive de haute qualité pour les équipements et les matériels connexes. Par ailleurs, il est tout aussi fondamental de maintenir des équipements sur le théâtre que de disposer en premier lieu de tels équipements. Ces deux exigences sont indissociables, comme le montre l’exemple des hélicoptères en Afghanistan : le pays disposait d’hélicoptères qu’il pouvait mettre à la disposition d’opérations militaires, mais il n’avait pas les capacités nécessaires pour assurer la maintenance de ces hélicoptères sur le terrain.

    Mouvements et transports

    Il faut pouvoir faire preuve de souplesse pour permettre aux forces de se déplacer rapidement sur les théâtres et entre ceux-ci. Cette exigence vaut également pour le soutien logistique nécessaire à la préparation et au maintien en puissance des opérations menées dans le cadre des différents rôles et missions de l’OTAN.

    Soutien pétrolier

    La chaîne d’approvisionnement pétrolier de l’OTAN doit pouvoir répondre aux besoins opérationnels de l’Alliance, en tenant compte des distances de déploiement et des opérations de dispersion envisagées. Les éléments ayant des incidences sur la capacité de livraison des carburants doivent aussi être pris en considération, ce qui peut exiger de renforcer la coopération entre pays membres de l’OTAN et pays partenaires, d’examiner les aspects financiers et d’accroître l’interopérabilité. Aussi la capacité de livraison des carburants fait‑elle l’objet d’un suivi permanent afin de continuer de trouver des moyens innovants de répondre aux nouveaux besoins.

    Appui général à la force

    Bien que n’étant pas une fonction strictement logistique, l’appui général à la force repose sur une coordination étroite avec la logistique. En effet, cette discipline présente de fortes similitudes avec la logistique en ce sens qu’elle facilite l’ouverture de lignes de communications et la construction d’installations de soutien. L’acquisition, la construction et l’exploitation d’infrastructures sont au cœur du programme OTAN d’investissement au service de la sécurité (NSIP), qui regroupe les projets à long terme destinés à fournir des installations et des infrastructures OTAN à l’appui des forces. Dans l’ensemble, cette fonction d’appui fait le lien entre la logistique et les opérations, et elle détermine fortement le succès final de ces deux éléments.

    Soutien médical

    Il est nécessaire de disposer d’un système de soutien médical efficace pour traiter et évacuer les personnels malades, accidentés et blessés, réduire autant que possible le nombre de jours-personne perdus et permettre aux blessés de reprendre leur poste. On estime qu’un tel système permet de maintenir le moral des troupes et peut agir comme un multiplicateur de forces. Il joue également un rôle essentiel en matière de protection des forces. Étant donné que le soutien médical relève normalement de la responsabilité des pays, sa planification nécessite une certaine souplesse pour que les différents points de vue soient pris en compte. Le nombre de pays impliqués varie en fonction des circonstances de la mission et de la volonté des pays de participer.

    Fonctions facilitatrices

    Un certain nombre de fonctions facilitatrices viennent compléter les fonctions essentielles, notamment :

    • la gestion des informations logistiques : elle permet de combiner les technologies de l’information existantes et les processus et pratiques logistiques pour répondre aux besoins des commandants OTAN et des pays en matière d’informations logistiques ;
    • la réception, le regroupement et l’acheminement vers l’avant : il s’agit de la phase du déploiement qui est consacrée à la transition des unités, du personnel, des équipements et des matériels depuis les ports de débarquement jusqu’à leur destination finale ; bien que cette phase relève du volet opérationnel, elle requiert la fourniture d’un soutien logistique important ;
    • la passation de marchés : cette activité est devenue de plus en plus importante pour la conduite des opérations, en particulier hors du territoire de l’OTAN ; elle permet d’avoir rapidement accès à des ressources disponibles dans le pays, par l’acquisition des biens et des services dont le commandant a besoin ;
    • le soutien fourni par le pays hôte : s’il est assuré, ce soutien peut apporter au commandant OTAN et aux pays contributeurs un appui notamment logistique, conformément aux accords négociés avec le concours du gouvernement du pays hôte ; il peut permettre de réduire le nombre des forces et des matériels logistiques requis pour le déploiement, le maintien en puissance et le redéploiement des forces, dont la mise à disposition devrait autrement être assurée par les pays contributeurs.

    Domaines connexes

    Plusieurs autres domaines, plus ou moins liés aux fonctions essentielles et facilitatrices, sont aussi suivis dans le cadre de la logistique OTAN. Il s’agit notamment du traitement des dispositifs explosifs, de la protection de l’environnement, de la coopération civilo-militaire et de la normalisation.

    Les travaux effectués dans ces domaines sont importants pour la réussite d’une opération. Par exemple, la normalisation est un outil clé pour la réalisation de l’interopérabilité, laquelle a une incidence directe sur la soutenabilité de la mission et l’efficacité des forces au combat. Pour pouvoir parler d’interopérabilité, il faut au minimum que les concepts, doctrines et procédures associés aient des caractéristiques communes (« communité »), que les équipements soient compatibles et que les stocks de combat soient interchangeables. L’OTAN définit des normes et encourage les différents pays à les adopter, et elle élabore des accords de normalisation OTAN (appelés STANAG) pour les procédures, les systèmes et les composants d’équipement.

    La logistique comprend aussi la fourniture de certains matériels et services, qui n’est pas assurée par l’OTAN actuellement. Les services pour les troupes au combat et les activités logistiques concernent, entre autres, la mise à disposition de personnels et de compétences, le logement/l’hébergement, les inhumations, l’approvisionnement en eau, la cantine, la blanchisserie, les installations sanitaires, la diffusion de produits cartographiques ou les services postaux et d’estafette.

  • Principes, politiques et planification logistiques

    Principes logistiques

    Les principes exposés ci-après concernent l’élaboration de politiques et de doctrines pour toutes les fonctions logistiques, y compris les mouvements et les transports, et le soutien médical (le cas de l’Allemagne est particulier puisque le soutien médical n’y est pas considéré comme une fonction logistique). Ces principes ont volontairement été établis de façon à se chevaucher quelque peu pour que le soutien logistique fourni à une mission de l’Alliance, quelle qu’elle soit, repose sur des bases générales et cohérentes. Les définitions ci-après sont tirées du MC 0319/2 (Définitif), approuvé par le Comité militaire en 2004, qui définit les principes et la politique logistiques de l’OTAN.

    Responsabilité collective

    Ce premier principe est l’élément moteur du soutien logistique à l’OTAN. Les pays et les autorités de l’OTAN ont une responsabilité collective en ce qui concerne le soutien logistique des opérations multinationales de l’OTAN. Cette responsabilité collective incite les pays et l’OTAN à coopérer pour la mise à disposition et l’utilisation des capacités et des ressources logistiques permettant de soutenir les forces efficacement. Dans le domaine de la logistique, la normalisation, la coopération et la multinationalité constituent ensemble les fondements d’une utilisation souple et efficace du soutien logistique, ce qui contribue à la réussite des opérations.

    Autorité

    Il existe un lien essentiel entre responsabilité et autorité. La responsabilité confiée à tout commandant OTAN doit s’accompagner d’une délégation d’autorité de la part des pays et de l’OTAN, afin de permettre aux intéressés de s’acquitter de leurs responsabilités. Le commandant OTAN à l’échelon approprié doit recevoir suffisamment d’autorité sur les ressources logistiques nécessaires, afin de pouvoir recevoir, utiliser, soutenir et redéployer le plus efficacement possible les forces qui lui sont confiées par les pays. Il doit en aller de même pour les commandants non OTAN des forces multinationales participant à une opération dirigée par l’OTAN.

    Primauté des besoins opérationnels

    Toute activité de soutien logistique, qu’elle relève du secteur militaire ou du secteur civil, doit viser en priorité à satisfaire aux besoins opérationnels dont dépend le succès de l'opération.

    Coopération

    La coopération entre les pays et l’OTAN est essentielle. La coopération pour toutes les questions de logistique, y compris entre secteurs civil et militaire au sein des pays et entre ceux-ci, contribue à une utilisation optimale de ressources limitées. Pour les opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5, cette coopération doit être élargie aux pays non membres de l’OTAN, ainsi qu’à d’autres organisations pertinentes, selon les besoins.

    Coordination

    Le soutien logistique doit être coordonné, à tous les niveaux, tant entre les pays qu’entre l’OTAN et ces derniers. Il doit également l’être avec les pays non membres de l’OTAN et avec d’autres organisations pertinentes, selon les besoins. Des accords génériques et permanents établis au préalable facilitent la coordination et la coopération dans le domaine de la logistique. La responsabilité globale de la coordination incombe à l’OTAN, qui doit s’en acquitter dans le cadre de ses fonctions habituelles.

    Mise à disposition garantie

    Les pays et l’OTAN doivent veiller, individuellement ou collectivement, à la mise à disposition des ressources logistiques nécessaires au soutien des forces affectées à l’OTAN en temps de paix, en période de crise ou en cas de conflit.

    Suffisance

    Le soutien logistique doit être fourni en quantité et en qualité suffisantes, moyennant un délai approprié, au moment et à l’endroit voulus, pour l’éventail complet des missions susceptibles d’être confiées à l’Alliance. Il doit être assuré pour toute opération OTAN, quelle que soit sa durée.

    Efficacité

    Les ressources logistiques doivent être utilisées de manière aussi efficace et économique que possible. Les besoins doivent être recensés en temps utile pour une efficacité maximale dans la mise à disposition et l’utilisation de ces ressources.

    Souplesse

    Le soutien logistique doit être proactif, adaptable et suffisamment souple pour pouvoir atteindre l’objectif fixé. Une planification adéquate, prenant en compte les différents scénarios possibles, renforce la souplesse.

    Visibilité et transparence

    La visibilité et la transparence des ressources logistiques sont indissociables d’un soutien logistique efficace. Les commandants OTAN ont besoin d’échanges d’informations rapides et précis entre les pays et l’OTAN pour définir les priorités des expéditions vers la zone d’opérations interarmées (JOA) et à l’intérieur de celle-ci, le but étant de pouvoir réorienter les expéditions conformément aux accords entre le commandant et les éléments de soutien nationaux (NSE), et d’utiliser efficacement les moyens logistiques dans la JOA.

    Politiques logistiques

    Hiérarchie des documents de politique générale

    Il existe une hiérarchie formelle des politiques et doctrines logistiques. Au sommet figurent les politiques logistiques à portée stratégique, qui sont publiées sous la forme de mémorandums du Conseil de l’Atlantique Nord et de documents du Comité militaire. Viennent ensuite la doctrine logistique interarmées, la doctrine relative à la logistique de composante, les tactiques, techniques et procédures logistiques, et les directives logistiques.

    Politique OTAN de coopération logistique

    En 2001, une politique OTAN de coopération logistique a été élaborée afin d’améliorer la coopération multinationale. Le concept de coopération logistique fournit un cadre pour la mise en œuvre de cette politique, et est composé de trois éléments principaux :

    • les documents de politique et d’orientation de l’Alliance, qui, dans leur propre domaine, guident et infléchissent la logistique OTAN ;
    • les mécanismes qui favorisent la coopération logistique (appelés « mécanismes facilitateurs » – politiques, doctrines, activités, systèmes, normes, procédures et capacités) ;
    • le mécanisme formel d’harmonisation, de coordination et de contrôle, qui permet de recenser et de gérer en permanence les objectifs de coopération et les mécanismes facilitateurs, notamment lorsqu’ils sont mis en place et que les objectifs sont atteints.

    Responsabilité et autorité

    Tous les documents de politique générale en matière de logistique fixent les principes dont il est question plus haut : responsabilité collective, autorité, primauté des besoins opérationnels, coopération, coordination, mise à disposition garantie, suffisance, efficacité, souplesse, visibilité et transparence.

    Les principes de responsabilité et d’autorité jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre générale du soutien logistique. C’est aux pays qu’il appartient, en dernier ressort, d’équiper leurs forces et de garantir la fourniture des ressources logistiques permettant d’assurer le soutien des forces affectées à l’OTAN en temps de paix, en période de crise et en cas de conflit. Les pays conservent la responsabilité de leurs ressources jusqu’à ce que celles-ci soient mises à la disposition de l’OTAN par des mécanismes agréés de transfert d’autorité.

    Les pays et les autorités de l’OTAN veillent collectivement à ce que le commandant OTAN ait accès aux informations logistiques dont il a besoin. Le commandant OTAN exerce le contrôle des ressources mises en commun selon les instructions qu’il a reçues, et il est chargé de recenser les besoins logistiques pour toutes les phases d’une opération et d’élaborer un plan de soutien logistique à l’appui du plan d’opération. Il doit également veiller à ce que la structure des forces logistiques et les mécanismes de commandement et de contrôle (C2) soient en place et soient aptes à soutenir l’opération. Il est essentiellement habilité :

    • à exercer, selon les instructions qu’il a reçues, le commandement des ressources logistiques financées en commun ainsi que le contrôle opérationnel des unités de logistiques intégrées multinationales (MILU) et d’autres moyens logistiques mis à disposition ;
    • à redistribuer les moyens logistiques que les pays mettent à disposition à l’appui des forces, conformément aux conditions et modalités approuvées au préalable ;
    • à vérifier la quantité et la qualité des moyens logistiques destinés au soutien des forces qui seront sous son commandement, et à demander l’établissement de rapports à ce sujet.

    En résumé, fort des informations logistiques dont il dispose, le commandant OTAN est l’autorité principale chargée de prendre les dispositions nécessaires pour que ses forces reçoivent un soutien adéquat et de mettre en place une structure de soutien apte à répondre au besoin opérationnel. Les pouvoirs listés ci-avant s’appliquent également aux commandants non OTAN d’une force multinationale participant à une opération dirigée par l’OTAN.

    Planification logistique

    La planification logistique dans le cadre du processus OTAN de planification de défense

    La planification logistique fait partie intégrante du processus OTAN de planification de défense, qui définit les objectifs de l’Alliance. La planification de défense offre un cadre à l’intérieur duquel les plans de défense des pays et de l’OTAN peuvent être harmonisés afin de répondre le plus efficacement possible aux besoins agréés de l’Alliance. En d’autres termes, la planification de défense vise à faire en sorte que l’Alliance dispose des forces, moyens, installations et capacités nécessaires pour qu’elle puisse s’acquitter des tâches découlant de toute la gamme de ses missions, conformément au concept stratégique. À ce titre, la planification de défense concerne à la fois les capacités propres à l’OTAN et celles des pays de l’Alliance.

    Concrètement, la planification logistique s’effectue dans le cadre du processus de planification des forces et du processus de planification et d’examen (PARP) du Partenariat pour la paix (PPP). C’est à ce niveau que les commandants stratégiques déterminent, en consultation avec les pays participants, les capacités logistiques nécessaires au déploiement, au maintien et au redéploiement des forces de l’Alliance. Les commandants OTAN peuvent solliciter des capacités logistiques dans le cadre du processus de planification d’une opération dirigée par l’OTAN. Les modalités relatives aux pouvoirs, responsabilités et questions financières en rapport avec la logistique multinationale sont arrêtées au cours du processus de planification opérationnelle.

    Les commandants stratégiques sont également chargés de fixer les niveaux de stocks nécessaires. À cette fin, les besoins de l’OTAN sont recensés dans la directive OTAN de planification des stocks, qui est revue et communiquée aux pays tous les deux ans. Le stockage est étroitement lié aux principes de préparation et de soutenabilité logistiques. Les plans logistiques des pays et de l’OTAN doivent prévoir des ressources logistiques suffisantes en quantité et en qualité et présentant des niveaux de préparation et de déployabilité identiques afin d’assurer le soutien des forces jusqu’à ce qu’un système de réapprovisionnement soit mis en place. En outre, il faut maintenir la puissance de combat pour la durée prévue des opérations, ce qui nécessite des stocks suffisants, ou du moins un accès garanti aux capacités du secteur industriel, ainsi que des accords, des contrats de services d’urgence et d’autres moyens, y compris la possibilité de recourir à des contractants à l’appui des opérations.

    Vision et objectifs (V&O) logistiques de l’OTAN

    En 1999, la Conférence des hauts responsables de la logistique de l’OTAN (SNLC) –  rebaptisée Comité de la logistique en juin 2010 – a décidé d’établir la vision et les objectifs logistiques de l’OTAN. Le document correspondant est en fait un outil de planification qui offre au Comité de la logistique un mécanisme permettant de coordonner et d’harmoniser, pour le compte du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité militaire, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et initiatives logistiques au sein de l’OTAN. Il garantit également que les préoccupations logistiques plus générales de l’Organisation sont prises en compte lors de l’établissement des plans de défense.

    Le document présente une vision globale de la logistique OTAN pour une période de 10 ans, des objectifs généraux alignés sur des directives de haut niveau, ainsi que des besoins détaillés précisant les mesures à prendre, les organismes responsables et les échéances d’exécution.

    Processus d’élaboration et de mise en œuvre de la vision et des objectifs logistiques de l’OTAN

    Ce processus comprend trois phases :

    • élaboration et approbation de la vision et des objectifs stratégiques ;
    • élaboration et approbation des objectifs et des tâches ;
    • suivi et gestion de la réalisation des objectifs et des tâches.

    Les V&O logistiques de l’OTAN portent sur une période de dix ans et sont actualisés tous les quatre ans, un réexamen étant possible après deux ans, si nécessaire. Ils sont approuvés par le Comité de la logistique, et les comités traitant de logistique ou de questions connexes sont invités à contribuer à leur réalisation. Un point sur l’état d’avancement des objectifs est présenté au Comité de la logistique dans le rapport annuel sur la logistique, qui est également communiqué aux ministres de la Défense afin qu’ils en prennent note.

    La planification logistique dans le cadre de la planification opérationnelle

    La planification logistique opérationnelle s’inscrit dans le cadre du processus OTAN de planification opérationnelle. Il s’agit d’obtenir les ressources logistiques réellement nécessaires pour une opération donnée, tandis que la planification logistique vise à garantir la disponibilité des moyens logistiques en général. Trois documents clés sont établis dans le cadre de la planification opérationnelle :

    • le concept d’opérations (CONOPS) ;
    • le plan d’opération (OPLAN) ;
    • le plan de circonstance (COP).

    En plus de ces trois documents, des lignes directrices relatives au soutien logistique sont établies. Elles prennent en considération des éléments comme la géographie du théâtre et la situation politique et militaire, mais aussi le recours à la logistique multinationale, la planification des mouvements, la planification médicale, le rôle du pays hôte et la coordination avec les organisations internationales et les organisations non gouvernementales.

  • Les organismes concernés

    Un certain nombre de comités, organisations et agences chargés de l’élaboration de politiques jouent un rôle ou apportent un soutien en matière de logistique, notamment :

    • le Comité de la logistique ;
    • le Comité des produits pétroliers ;
    • le Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN (COMEDS) ;
    • le Comité des plans d’urgence dans le domaine civil (CEPC) ;
    • le Comité de normalisation ;
    • l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) ;
    • le Forum Mouvements et transports des deux SC* ;
    • le Groupe consultatif médical des deux SC*.

    * Ces organes relèvent des deux commandements stratégiques (SC).

    Comité de la logistique

    Le Comité de la logistique est le principal comité OTAN traitant de logistique. Son mandat général comporte deux volets : traiter les questions de logistique dans le but d’améliorer les performances, l’efficacité générale, la soutenabilité et l’efficacité au combat des forces de l’Alliance, et exercer, au nom du Conseil de l’Atlantique Nord, une autorité globale de coordination pour l’ensemble des fonctions logistiques au sein de l’OTAN.

    Il mène ses travaux au travers de quatre organes subordonnés, dont les principaux sont le Groupe exécutif du Comité de la logistique et le Groupe Mouvements et transports. Le Comité de la logistique rend compte à la fois au Comité militaire et au Conseil de l’Atlantique Nord ou, le cas échéant, au Comité de la politique et des plans de défense, la logistique dépendant de facteurs à la fois civils et militaires.

    Comité des produits pétroliers

    Le Comité des produits pétroliers est l’organisme consultatif de haut niveau de l’OTAN chargé du soutien logistique des forces de l’Alliance pour toute question concernant les produits pétroliers, notamment le réseau de pipelines de l’OTAN (NPS), les autres installations pétrolières et le matériel de manutention. Le Comité des produits pétroliers est l’organisme spécialisé qui, sous l’autorité du Comité de la logistique, est chargé de s’assurer que l’OTAN peut répondre à ses propres besoins en produits pétroliers en temps de paix, en période de crise et en cas de conflit, y compris lors d’opérations expéditionnaires.

    Il a été initialement créé en 1956 en tant que Comité OTAN des pipelines, puis il a changé de nom à deux reprises : la première fois en mars 2008, lorsqu’il a été rebaptisé Comité OTAN des produits pétroliers afin de mieux refléter l’élargissement de son rôle et de ses responsabilités, et la seconde fois en juin 2010, dans le cadre d’une revue approfondie de la structure des comités, lorsqu’il a été renommé Comité des produits pétroliers et a été placé sous l’autorité du Comité de la logistique.

    Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN

    Le Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN (COMEDS) est l’organe de référence pour l’étude et la coordination des questions relevant de la médecine militaire et pour la formulation d’avis d’ordre médical à l’intention du Comité militaire de l’OTAN.

    Comité des plans d’urgence dans le domaine civil

    Le Comité des plans d’urgence dans le domaine civil (CEPC) est chargé, au niveau de l’OTAN, de donner des orientations générales concernant les plans civils d’urgence et l’état de préparation du secteur civil et de coordonner les travaux en la matière. Il facilite l’intégration, dans les plans opérationnels de l’Alliance, du soutien et des avis émanant du secteur civil sur les questions civiles, y compris la possibilité d’utiliser des ressources logistiques militaires lors de situations d’urgence dans le domaine civil. Le CEPC travaille en étroite coordination avec le Comité de la logistique.

    Comité de normalisation

    Le Comité de normalisation est la haute autorité de l’Alliance chargée de remettre au Conseil de l’Atlantique Nord des avis coordonnés sur les questions générales de normalisation. Étant donné que la normalisation OTAN a pour but d’accroître l’efficacité opérationnelle de l’Alliance grâce à la réalisation de l’interopérabilité entre les forces de l’OTAN ainsi qu’entre celles-ci et les forces de pays partenaires ou d’autres États, le Comité de normalisation travaille en coordination avec le Comité de la logistique.

    Agence OTAN de soutien et d’acquisition

    L’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) est l’organe exécutif de l’Organisation OTAN de soutien et d’acquisition (NSPO). Créée en juillet 2012, la NSPA regroupe les activités de soutien logistique et d’acquisition de l’OTAN et propose des produits et des services en rapport avec ses cinq domaines d’activité essentiels, à savoir :

    • la gestion des carburants, notamment au travers du programme du réseau d’oléoducs en Centre-Europe (CEPS) ;
    • le transport et le stockage stratégiques, notamment au travers du programme OTAN de gestion du transport aérien (NAM) ;
    • l’acquisition de systèmes et la gestion de leur cycle de vie ;
    • les services logistiques et la gestion de projets ;
    • le soutien aux opérations et aux exercices.

    Forum Mouvements et transports des deux commandements stratégiques

    Créé en 1996, le Forum Mouvements et transports des deux SC est l’instance de haut niveau chargée de coordonner la gestion, entre les commandements stratégiques, les pays membres de l’OTAN et les agences désignées, des questions relatives à la planification des politiques en matière de mouvements et de transports à l’échelle de l’Alliance. Les questions relatives aux mouvements et aux transports qui présentent un intérêt pour le Forum sont celles qui découlent des responsabilités des commandants OTAN dans ces matières, et des concepts et politiques élaborés au siège de l’OTAN.

    Groupe consultatif médical des deux commandements stratégiques

    Le Groupe consultatif médical des deux SC est l’enceinte au sein de laquelle les commandants stratégiques s’entretiennent de questions d’ordre médical. Les questions médicales qui présentent un intérêt pour le Groupe sont celles qui découlent des responsabilités des commandants OTAN dans le domaine médical et des concepts et politiques élaborés au siège de l’OTAN.

  • L'évolution de la logistique

    Pendant la Guerre froide

    Pendant la Guerre froide, l’OTAN adhérait au principe selon lequel la logistique était un domaine de compétence national. Par conséquent, son action se limitait exclusivement, à l’époque, à définir des besoins globaux en matière de logistique et à s’assurer de leur prise en compte. Ce principe a continué de régir les plans et actions de l’OTAN jusqu’au début des années 1990, quand il fallut reconnaître et accepter que la donne stratégique sous-jacente à cette approche avait fondamentalement changé.

    Avant les années 1990, la logistique de l’OTAN se limitait à la zone de l’Atlantique Nord. L’Alliance prévoyait une défense linéaire de l’Europe occidentale avec des corps nationaux appuyés par des éléments de soutien nationaux. Les lignes de communication en Europe s’étendaient vers l’ouest et vers le nord jusqu’aux ports de la Manche et de la mer du Nord. La planification prévoyait que les renforts et les approvisionnements seraient acheminés par mer depuis les États-Unis et le Canada jusqu’à ces ports et transportés par voie aérienne jusqu’aux bases européennes, en vue de l’enlèvement d’équipements prépositionnés.

    Au fil des ans, le réseau de pipelines de l’OTAN s’est étendu de manière à pouvoir approvisionner en carburant les forces de l’OTAN en Europe. L’Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement (NAMSA), qui allait par la suite être intégrée à l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA), a été créée au Luxembourg, initialement pour aider les pays européens à acheter, dans les années 1950, des avions de combat américains relevant du programme américain de ventes militaires à l’étranger.

    Dans les années 1990, l’OTAN a reconnu que l’environnement de sécurité dans lequel elle opérait avait changé en raison de l’élargissement de l’Organisation, de la mise en place du Partenariat pour la paix (PPP) et d’autres programmes de coopération avec l’Europe centrale et orientale, de la coopération avec d’autres organisations internationales, et des opérations de soutien de la paix menées dans les Balkans. Ces développements constituaient des défis importants pour les services logistiques de l’OTAN.

    L’expérience des Balkans

    Le déploiement par l’OTAN de la Force de mise en œuvre (IFOR) en Bosnie-Herzégovine en décembre 1995 a mis en évidence des insuffisances dans le soutien logistique apporté par l’Alliance aux opérations de soutien de la paix. L’empreinte logistique, qui se caractérisait par des structures logistiques nationales redondantes et inefficaces, était très importante. Les expériences tirées de l’IFOR ont abouti à des révisions majeures des politiques et procédures logistiques de l’OTAN et du PPP, et elles ont mis en évidence la nécessité d’une plus grande multinationalité dans le domaine logistique.

    Le déploiement et l’approvisionnement des 60 000 hommes composant l’IFOR en Bosnie‑Herzégovine incombaient aux pays et se faisaient par route, rail, mer et air, via des voies de communication relativement courtes. Alors que l’IFOR pouvait compter sur un certain soutien du pays hôte – assistance civile et militaire des pays voisins et même de la Bosnie-Herzégovine –, elle était largement dépendante des éléments de soutien nationaux et des capacités de soutien logistiques redondantes dont ceux-ci disposaient, ce qui réduisait l’efficience et l’efficacité globales de la Force dans son ensemble.

    La Force de stabilisation (SFOR), qui a remplacé l’IFOR, et la Force pour le Kosovo (KFOR), qui a été déployée dans la province serbe en juin 1999, ont souffert du même cloisonnement entre soutiens logistiques nationaux que celui dont avait pâti l’IFOR. La KFOR disposait ainsi de cinq hôpitaux de campagne, un par brigade, alors que la Force n’en avait pas besoin d’autant.

    Renforcement de la coopération et de la multinationalité

    Dès janvier 1996, les logisticiens de l’OTAN ont pris acte des nouveaux défis auxquels l’Alliance se trouvait confrontée, au nombre desquels figuraient notamment la réduction des ressources militaires, et donc la nécessité de renforcer la coopération et la multinationalité en matière de soutien logistique. Ces nouveaux défis exigeaient de l’Alliance qu’elle soit en mesure d’assurer le soutien logistique d’opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5, éventuellement dans des régions très éloignées des bases logistiques et industrielles des pays et en dehors du territoire des pays membres de l’OTAN, où l’on ne peut compter sur un pays hôte disposé à fournir un soutien ou possédant les ressources nécessaires. Les opérations correspondant à cette description devaient pouvoir être menées dans un cadre juridique du temps de paix, c’est-à-dire en l’absence de mobilisation et/ou d’une législation d’urgence.

    Le concept stratégique de 1999

    La Conférence des hauts responsables de la logistique de l’OTAN (SNLC), à l’époque la plus haute instance dans le domaine de la logistique, s’est alors employée à traduire le concept stratégique de 1999 de l’Alliance en principes et dispositions logistiques adaptés, souples et interopérables. Elle a commencé par élaborer une vision de la logistique OTAN devant permettre de relever le défi d’une responsabilité logistique exercée à titre collectif par l’OTAN et les pays concernés.

    Cette responsabilité collective, qui résulte d’une coordination et d’une coopération étroites entre autorités des pays et de l’OTAN au cours des phases de planification et d’exécution, accorde également plus de place à une utilisation efficace des ressources civiles. Avec l’expérience acquise lors d’opérations dirigées par l’OTAN, les pays ont pu apprécier l’intérêt d’une approche collective du soutien logistique, notamment dans le cas de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan.

    L’expérience afghane

    Après les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre les États-Unis, l’OTAN ne pouvait plus se permettre de mettre en œuvre la logistique de la même façon qu’elle l’avait fait dans les Balkans. L’OTAN, dans le cadre de la FIAS, a commencé à faire face à certaines limites en Afghanistan, pays enclavé et éloigné de l’Europe.

    Le relief accidenté, l’absence de revêtement routier et les menaces pour la sécurité ne favorisent pas les déplacements sur les longues lignes de communication qui traversent le pays. La Force était donc largement dépendante des transports aériens pour ce qui est des mouvements, des renforts et des approvisionnements. La plupart de ses besoins en transport aérien étaient satisfaits grâce à la mise à disposition d’avions américains ou russes, affrétés par le Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe (SHAPE) par l’intermédiaire de la NAMSA, située au Luxembourg.

    Des aéronefs tactiques à voilure fixe et à voilure tournante étaient indispensables pour l’élargissement de la mission de la FIAS au-delà de Kaboul, car par route, le voyage entre la capitale et les provinces pouvait prendre des jours, voire devenir impossible en hiver à cause de la neige. L’élargissement a commencé en janvier 2005 par la création d’équipes de reconstruction provinciales (PRT) au nord de la capitale afghane, puis à l’ouest, au sud et à l’est.

    Le concept stratégique de 2010

    À l’occasion du sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Lisbonne en novembre 2010, les chefs d’État et de gouvernement ont adopté un nouveau concept stratégique pour la défense et la sécurité des membres de l’OTAN. Consciente que l’environnement de sécurité contemporain recèle des défis changeants pour la sécurité du territoire et des populations des pays de l’OTAN, l’Alliance a réaffirmé son attachement à la défense collective, à la gestion de crise et à la sécurité coopérative. Concernant notamment l’ensemble du spectre de la gestion de crise, l’accent a été mis sur la nécessité de renforcer le partage du renseignement au sein de l’OTAN et d’interagir plus efficacement avec les partenaires civils en formant une structure civile de gestion de crise appropriée. 

    Compte tenu de l’actualisation du concept stratégique et des modifications supplémentaires apportées à la directive politique comme au plan d’action « réactivité », une version révisée du document sur la vision et les objectifs logistiques de l’OTAN a été élaborée et approuvée en août 2015.

    Vision et objectifs logistiques de l’OTAN pour 2015-2024

    Les V&O logistiques de l’OTAN constituent un programme de travail sous forme de tableau, qui a pour objet d’aider l’Organisation et les pays membres à remédier aux lacunes en matière de capacités logistiques. Suite au conflit entre la Russie et l’Ukraine qui a éclaté en 2014, le plan d’action « réactivité » a été approuvé par les chefs d’État et de gouvernement au sommet du pays de Galles, en 2014, en réponse aux défis posés par la Russie ainsi qu’à leurs incidences stratégiques. Il vise également à répondre aux risques et aux menaces émanant de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Avec le plan d’action « réactivité », les dirigeants des 28 pays membres de l’Alliance se sont engagés à inverser la tendance au déclin que connaissaient les budgets de défense et à augmenter ces budgets dans les dix années à venir.

    Par ailleurs, la directive politique 2015 explicite plus avant la direction stratégique fixée dans le concept stratégique de 2010 et les mesures prises en application du plan d’action « réactivité ». Elle définit le niveau d’ambition de l’OTAN et les autres objectifs agréés devant guider le prochain cycle du processus OTAN de planification de défense (NDPP). Elle énonce également des orientations particulières pour chacun des différents domaines de planification, au nombre desquels figure la logistique. Ce faisant, elle vient élargir la portée de l’engagement au titre du soutien opérationnel et du développement capacitaire à long terme, et l’exigence d’un engagement plus vaste de manière à maximiser la cohérence et l’efficacité de l’action logistique.

    Le nouvel énoncé de la vision, qui sert désormais d’orientations stratégiques applicables à la logistique, met l’accent sur la logistique collective et élargit les perspectives en stipulant que les commandants de l’OTAN doivent pouvoir compter sur un soutien logistique efficace et efficient qui leur donne le plus de souplesse possible dans le cadre des missions actuelles et futures. Cette vision actualisée ne se limite pas aux commandants de forces interarmées mais est également censée, avec l’adoption d’une approche plus globale, s’étendre plus largement aux responsabilités relevant du domaine civil.

    Dans l’environnement stratégique actuel, où le déploiement de forces de l’OTAN peut nécessiter l’acheminement rapide de personnel, d’équipements et de matériel sur le territoire de l’ensemble des pays membres de l’OTAN, la nouvelle vision logistique de l’OTAN repose sur des orientations descendantes formulées par les représentants principaux et privilégie l’efficacité opérationnelle tout en tenant compte des paramètres d’efficience.