Programme de renforcement de la formation « défense » (DEEP)

  • Mis à jour le: 12 Nov. 2024 09:21

Le programme OTAN de renforcement de la formation « défense » (DEEP) est un vecteur de réforme en ce qu’il fournit aux pays participants un soutien pratique sur mesure pour le développement et la réforme de leurs établissements d’enseignement militaire supérieur. Au travers du perfectionnement du corps enseignant, de l’élaboration de programmes d’études ainsi que d’activités et d’échanges entre experts, le DEEP favorise le renforcement des capacités et des institutions de défense. En aidant les pays bénéficiaires à consolider leurs institutions démocratiques, il contribue grandement à l’action de l’OTAN visant à projeter la stabilité dans la zone euro-atlantique et au-delà.

 

  • Les pays qui veulent bénéficier du DEEP doivent en faire la demande. Au travers du DEEP, ils reçoivent l'aide dont ils ont besoin pour atteindre les objectifs définis dans les programmes individuels de partenariat et de coopération conclus entre eux et l'OTAN.
  • Des avis spécialisés sont prodigués au secteur de la défense et aux établissements de formation militaire qui recherchent l'« interopérabilité intellectuelle » avec l'OTAN.
  • Fort du concours de plus de 900 experts actifs dans quelque 75 établissements de formation à la sécurité et à la défense des pays membres et des pays partenaires de l'OTAN, le DEEP aide les pays bénéficiaires à faire face aux besoins les plus urgents en matière de modernisation et de réforme.
  • Des initiatives DEEP sont en cours en Arménie, en Azerbaïdjan, en Bosnie-Herzégovine, en Colombie, en Géorgie, en Iraq (dans le cadre de la mission OTAN en Iraq), en Jordanie, au Kazakhstan, en Mauritanie, en République de Moldova, en Mongolie, au Maroc, en Serbie, en Tunisie et en Ukraine.

 

Qu'est-ce que le DEEP ?

Le programme de renforcement de la formation « défense » (DEEP) aide les pays partenaires à déterminer les besoins et à recenser les lacunes de leurs établissements d'enseignement dans le domaine militaire et en matière de défense. Ses deux principales composantes – l'élaboration de programmes d'études et le perfectionnement du corps enseignant – sont renforcées par un dialogue entre établissements des pays membres et des pays partenaires de l'OTAN ainsi que par des activités et des échanges entre experts.

Réforme des établissements de formation

Le DEEP aide les pays partenaires à moderniser et à professionnaliser la structure organique de leurs établissements d’enseignement militaire supérieur et il apporte des solutions visant à mettre en place des procédures d’assurance qualité au sein du système.

Élaboration de programmes d'études – Contenu de l'enseignement

Mené en étroite coopération avec les établissements d’enseignement militaire supérieur du pays demandeur, le DEEP a pour objet de faciliter l’élaboration de programmes d’études, et ce pour pratiquement n’importe quelle matière. Dans cet esprit, l’OTAN et le Groupement d’institutions d’études de défense et de sécurité du PPP (Groupement PPP) ont élaboré dix programmes de référence, qui portent sur la mise en place d’institutions de défense, les études militaires professionnelles pour les officiers, les études militaires professionnelles pour les sous-officiers, le perfectionnement des instructeurs de l’école de sous-officiers, la cybersécurité, la contre-insurrection, la lutte contre le terrorisme, les menaces hybrides et la guerre hybride, le leadership et l’éthique, et le développement de l’intégrité, ainsi qu’un guide de référence sur le perfectionnement professionnel du corps des sous-officiers et un guide pédagogique sur les enseignements tirés de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.

Perfectionnement du corps enseignant – Méthode d'enseignement

Dans le cadre du DEEP, une attention toute particulière est accordée à la pédagogie, l'idée étant de permettre aux établissements et aux instructeurs d'avoir accès aux méthodes d'enseignement les plus récentes et de les aider à promouvoir la pensée critique dans les salles de classe. Afin de permettre aux établissements de formation militaire de professionnaliser davantage les possibilités de perfectionnement offertes aux équipes enseignantes, l’OTAN et le Groupement PPP ont publié un guide sur l’élaboration de programmes pour le perfectionnement du corps enseignant.

Le DEEP fonctionne au moyen de contributions volontaires. L'OTAN fixe les grandes orientations tandis que le Groupement PPP s'occupe du réseau d'établissements, d'universitaires et de professionnels qui apportent leur soutien par l'intermédiaire du groupe de travail du Groupement PPP sur le développement de la formation.

Orientations Enseignement
Experts DEEP Groupe de travail sur le développement de la formation
Secrétariat international de l'OTAN Perfectionnement du corps enseignant
État-major militaire international de l'OTAN Élaboration de programmes d'études
Commandement allié Transformation Responsables académiques

Pour répondre aux demandes toujours plus nombreuses d'aide en matière de professionnalisation et de formation des sous-officiers, un groupe de travail DEEP spécialisé a été créé, qui a pour mission principale de contribuer au développement de la formation militaire supérieure des sous-officiers des pays demandeurs. Dans ce cadre, il arrive parfois que soient repérées des améliorations qui seraient utiles à la mise en place d’un corps de sous-officiers professionnels mais qui ne relèvent pas directement de la formation (mieux définir les rôles et les responsabilités des sous-officiers ou mettre en place des équipes de commandement à tous les échelons, par exemple). Grâce à ces recommandations complémentaires, le DEEP aide les forces armées à moderniser leur corps de sous-officiers et à obtenir ainsi des capacités qui contribueront à répondre non seulement aux priorités de leur pays mais aussi aux besoins de l’OTAN. Ainsi, l’appui que l’OTAN fournit pour le perfectionnement professionnel du corps de sous-officiers constitue également un vecteur de transformation des institutions militaires, ce qui montre tout l'intérêt pour les pays de disposer d’un corps de sous-officiers professionnels.

Le portail de formation à distance ADL consacré au DEEP doit servir à échanger des connaissances et à faire éclore des idées sur le sujet de la formation à distance, ainsi qu’à populariser, promouvoir ou diffuser des idées. Il s’entend comme une solution complète, permettant non seulement de coopérer plus étroitement dans le cadre du programme mais aussi de faire connaître celui-ci et donc d’en accroître le rayonnement. C’est également un outil de centralisation des connaissances en matière d’utilisation et/ou de mise en œuvre de nouvelles technologies pour l’enseignement et la formation à distance. Dans ce contexte, l’OTAN a mis au point, dans le cadre du DEEP, une stratégie pour le soutien à la formation à distance.

Forum annuel d'échanges sur la formation « défense »

L'OTAN s'appuie sur un réseau informel de contributeurs qui offrent leurs services dans le cadre d’un Forum annuel d'échanges sur la formation « défense », à l’occasion duquel les Alliés et les partenaires coordonnent leurs efforts et informent les établissements et les pays de l'état d'avancement des différents DEEP. Placé sous la conduite de la Division Opérations, au siège de l’OTAN, et avec le soutien du Groupement PPP, ce Forum constitue un outil efficace pour recenser les besoins des partenaires et pour trouver les experts ad hoc.

La pertinence de la formation « défense »

La formation « défense » a clairement un rôle à jouer dans le développement d'institutions militaires et de défense stables. Le secteur de la défense et de la sécurité se rapportant à la défense doit bénéficier d'une approche stratégique intégrée. Les activités d'entraînement et de planification organisées conjointement avec les partenaires et les représentants des organisations internationales et de la société civile revêtent une importance toute particulière à cet égard. La formation « défense » invite à la recherche de l'excellence et contribue à l'action de l'OTAN visant à projeter la stabilité et à renforcer les capacités de défense dans la zone euro-atlantique.

Mettre en place un système de formation « défense » efficace prend du temps. La modernisation des capacités de formation et d’entraînement dans le domaine de la défense constitue une excellente occasion de remédier aux insuffisances constatées dans la gouvernance à tous les échelons. Afin que la formation militaire porte ses fruits, il importe que les forces armées aient une vision claire et complète du système de formation et d'entraînement militaires pour officiers – du programme destiné à aider les élèves officiers à devenir lieutenants au programme destiné à aider les colonels à devenir des stratèges. La recherche et la formation doivent être associées. Dans les forces armées modernes, la formation militaire supérieure est également devenue indispensable pour les sous-officiers, ces derniers étant souvent amenés à exercer des fonctions qui, par le passé, n’étaient confiées qu’à des officiers. Pour que le système de formation soit efficace, il est essentiel que les programmes d’études soient élaborés par des formateurs professionnels en concertation avec les états-majors de la Défense et les institutions concernées.

 

Comment fonctionne le DEEP ?

Le DEEP est ouvert à tout pays partenaire ayant conclu un plan de coopération bilatérale avec l'OTAN. Lorsqu'un pays demande à bénéficier du DEEP, une équipe d'évaluation multinationale se rend d'abord sur place pour délimiter le périmètre de l'éventuel programme avec les responsables locaux. Sur la base de cette visite, l'équipe établit un projet de plan d'action, qui porte généralement sur trois ans. Une fois que le pays partenaire a approuvé le plan d'action et que le financement a été trouvé, le responsable académique du DEEP sélectionne un certain nombre d'experts au sein d'un vaste réseau transatlantique géré conjointement par l'OTAN et par le groupe de travail du Groupement PPP sur le développement de la formation.

Mesure de l'efficacité

L'importance des progrès accomplis et le degré de transformation dépendent de la mesure dans laquelle les établissements d'enseignement mettent en œuvre les changements proposés à l'issue des activités DEEP, en particulier dans les domaines du perfectionnement du corps enseignant et de l'élaboration de programmes d'études. Les critères de mesure de l'efficacité varient d'un pays à l'autre, mais ceux qui suivent sont considérés comme les plus pertinents :

  • la mise en place de structures d’enseignement modernes et d’exigences en matière de diplômes pour la formation militaire supérieure ;
  • l’adoption de méthodes d'enseignement modernes par le corps enseignant des établissements de formation militaire supérieure ;
  • l’ajout de nouvelles matières dans les programmes existants et l’élaboration de nouveaux cours ;
  • la mise en place d'une formation pour les sous-officiers ;
  • le soutien dont bénéficie le DEEP auprès des hauts responsables du pays partenaire et des établissements de formation à la défense ;
  • les contributions au DEEP des formateurs et des experts en formation des sous-officiers (militaires ou civils) du pays partenaire.

Les objectifs du DEEP sont considérés comme atteints lorsque l’établissement d’enseignement militaire supérieur est autonome et qu’il n’a plus besoin d’aide extérieure, que ses programmes d’études couvrent tous les besoins de formation et qu’un processus de réexamen permanent des programmes est en place. Le corps enseignant de l’établissement d’enseignement militaire supérieur doit être en mesure d’enseigner toutes les matières en se servant de techniques modernes et l’établissement doit disposer en interne d'une capacité de consolidation en vue de former les nouveaux enseignants aux méthodes d’enseignement modernes.

Le DEEP en chiffres

2013 : 85 activités, 162 experts et 245 enseignants (dans les pays partenaires)
2014 : 165 activités, 309 experts et 352 enseignants (dans les pays partenaires)
2015 : 186 activités, 324 experts et 566 enseignants (dans les pays partenaires)
2016 : 211 activités, 389 experts et 357 enseignants (dans les pays partenaires)
2017 : 198 activités, 426 experts et 331 enseignants (dans les pays partenaires)
2018 : 218 activités, 473 experts et 372 enseignants (dans les pays partenaires)
2019 : 315 activités, 658 experts et 613 enseignants (dans les pays partenaires)
2020 : 204 activités (en ligne ou en présentiel), 774 experts et 558 enseignants (dans les pays partenaires)
2021 : 308 activités (en ligne ou en présentiel), 1 172 experts et 724 enseignants (dans les pays partenaires)
2022 : 355 activités (en ligne ou en présentiel), 1 621 experts et 1 280 enseignants (dans les pays partenaires)
2023 : 493 activités (en ligne ou en présentiel), 2 732 experts et 1 062 enseignants (dans les pays partenaires)

 

 

L'évolution du DEEP

Au sommet d'Istanbul, en 2004, les Alliés ont lancé le plan d'action du Partenariat pour l'établissement d'institutions de défense (PAP-DIB), que les dirigeants des pays partenaires ont entériné lors d'une réunion du Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA). Le PAP-DIB reflète la conception communément admise d'institutions de défense modernes et démocratiquement responsables. Il définit ce que l'on entend par « réforme de la défense » et il offre un cadre de réflexion commune et d'échange d'expériences sur les problèmes dans ce domaine. Il vise à aider les pays partenaires intéressés à réformer et à restructurer leurs institutions de défense afin qu'ils puissent répondre à leurs besoins et honorer leurs engagements internationaux.

Pour aider à la mise en œuvre du volet relatif à la formation « défense » du PAP-DIB, les Alliés ont lancé, en février 2006, une initiative intitulée « La formation et l'entraînement pour la réforme de la défense ». Celle-ci visait à créer, à l'échelle du CPEA, un mécanisme de coopération et des outils d'aide à la mise en œuvre du PAP-DIB qui contribueraient à la formation du personnel civil et militaire afin que celui-ci soit en mesure d'assurer une gestion efficiente et efficace des institutions de défense soumises à un contrôle civil et démocratique. Cette initiative a jeté les bases du DEEP, qui a été créé en 2007 par l'OTAN et le Groupement PPP.

La volonté de soutenir la formation, l'entraînement et le renforcement des capacités en matière de défense a été réaffirmée dans le document intitulé « Engagement actif dans la sécurité coopérative : une politique de partenariat plus efficace et plus souple », qui a été entériné en avril 2011 par les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN.

Lors des sommets que l'OTAN a tenus par la suite, les Alliés se sont dits déterminés à renforcer leur coopération avec les partenaires intéressés afin de les aider, sur demande, à mettre en place des institutions de défense plus solides, à améliorer la bonne gouvernance, à développer leur résilience, à assurer leur propre sécurité et à contribuer plus efficacement à la lutte contre le terrorisme. Cet investissement dans la sécurité des partenaires contribue à la sécurité de l'Alliance.

DEEP de l'Afghanistan

De 2010 à 2021, le DEEP de l’Afghanistan a servi à développer la capacité des établissements nationaux de formation pour la défense et la sécurité. Il était axé sur l’enseignement militaire supérieur et le perfectionnement, avec pour principal interlocuteur l’Université nationale de défense Maréchal Fahim (MFNDU). Les grandes priorités du programme étaient la formation professionnelle de hauts responsables, le perfectionnement du corps enseignant et l’élaboration de programmes d'études, et le soutien aux établissements d’enseignement militaire supérieur.

Durant cette période, la MFNDU a réalisé des avancées concrètes, s'impliquant largement dans le processus et mettant en application les recommandations et retours d'expérience établis à l'occasion de différentes activités DEEP (ateliers, séminaires, revue annuelle du programme, etc.). Une attention particulière a également été accordée à la parité hommes-femmes et aux approches interinstitutionnelles.

L'opération de l'OTAN en Afghanistan ayant pris fin en août 2021, le DEEP de l'Afghanistan a été suspendu. Quoi qu'il en soit, ces dix années ont montré qu'investissements et patience étaient des éléments stratégiques indispensables et qu'il fallait investir sur le long terme dans la formation et le renforcement des capacités pour assurer la pérennité et l'autonomie des établissements.