Sécurité énergétique

  • Mis à jour le: 15 Jan. 2024 09:12

La sécurité énergétique joue un rôle important dans la sécurité commune des pays de l’OTAN. La perturbation des approvisionnements énergétiques pourrait avoir des incidences sur le fonctionnement de la société dans les pays membres et les pays partenaires de l’Alliance ainsi que sur la conduite des opérations militaires de l’OTAN. Bien que la sécurité énergétique soit une compétence avant tout nationale, les Alliés continuent de se consulter régulièrement afin de mieux maîtriser cette problématique et d’accroître leur résilience. L’Organisation s’emploie ainsi à mieux comprendre la dimension stratégique des développements en matière d’énergie qui ont une incidence sur la sécurité, à améliorer sa capacité de contribuer à la protection des infrastructures énergétiques critiques, et à rechercher des solutions éco-efficientes pour l’approvisionnement des forces armées.

 

  • Le rôle de l’OTAN en matière de sécurité énergétique a été défini pour la première fois au sommet de Bucarest, en 2008. Il a été renforcé depuis. Le Centre d’excellence OTAN pour la sécurité énergétique, situé à Vilnius (Lituanie), accompagne l’OTAN dans ses travaux sur la sécurité énergétique depuis 2012.
  • La sécurité énergétique est un facteur de résilience capital, qui a pris de l’importance avec l’apparition de défis de sécurité tels que les cybermenaces et les menaces hybrides qui pèsent sur les infrastructures terrestres et maritimes.
  • La Russie a intentionnellement exacerbé la crise énergétique, et la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine a des répercussions sur le paysage énergétique mondial.
  • L’OTAN continuera de développer sa capacité à aider les autorités nationales à protéger les infrastructures énergétiques critiques, notamment en contribuant à la sécurité des infrastructures sous-marines critiques.
  • Les Alliés sont résolus à assurer à leurs forces militaires des approvisionnements énergétiques par des moyens sûrs, résilients et soutenables. Dans le contexte de la transition énergétique en cours, l’OTAN s’emploiera à assurer l’aptitude, l’efficacité et l’interopérabilité des forces militaires.

 

Activités

Mieux comprendre la dimension stratégique des développements en matière d'énergie qui ont une incidence sur la sécurité

L'énergie n'est pas la spécialité de l'OTAN, mais les développements dans ce domaine ont une incidence sur l'environnement de sécurité international et peuvent avoir de lourdes conséquences pour les Alliés en termes de sécurité. Dans le contexte de la transition énergétique qui s'est engagée à l'échelle mondiale, la stabilité et la fiabilité des approvisionnements, la diversification des itinéraires d'acheminement, des fournisseurs et des ressources, et l'interconnexion des réseaux restent d'une importance vitale pour le renforcement de la résilience face aux pressions politiques et économiques.

L'OTAN suit de près la situation et les développements en matière d'énergie et elle s'efforce de mieux comprendre leur dimension stratégique. Pour cela, elle organise des consultations entre Alliés et pays partenaires, elle améliore le partage du renseignement et les évaluations, et elle développe les liens avec les organisations internationales compétentes, comme l'Agence internationale de l'énergie et l'Union européenne. L'OTAN organise par ailleurs toute une série d'activités, telles que des ateliers, des exercices sur table et des exposés donnés par des experts invités. On citera en particulier les réunions que le Conseil de l'Atlantique Nord tient deux fois par an sur l'évolution de la situation énergétique à l'échelle régionale et à l'échelle mondiale, la table ronde annuelle de l'OTAN sur la sécurité énergétique, ainsi que le stage consacré aux enjeux stratégiques liés à la sécurité énergétique, qui a lieu chaque année à l'École de l'OTAN à Oberammergau (Allemagne).

Contribuer à la protection des infrastructures énergétiques critiques

Pour leur sécurité énergétique, les États sont tous tributaires des infrastructures énergétiques. Or celles-ci figurent parmi les infrastructures plus vulnérables, surtout dans les zones de conflit. Et comme les réseaux de transport de l’énergie s’étendent sur plusieurs pays, toute attaque menée contre des infrastructures énergétiques complexes, que ce soit par des pays hostiles, des terroristes ou d’autres acteurs malveillants, peut faire sentir ses effets sur de très vastes régions. L’électricité jouant un rôle clé dans la transition énergétique mondiale, la sécurité de ces infrastructures devient la pierre angulaire de la sécurité énergétique. C’est la raison pour laquelle l’OTAN cherche à améliorer sa capacité de contribuer à la protection des infrastructures énergétiques critiques, principalement par la formation et les exercices.

La protection de ces infrastructures est une compétence relevant avant tout des pays. Cela dit, comme les forces nationales qui sont affectées à l’OTAN sont tributaires des infrastructures énergétiques civiles, il est important que les Alliés renforcent leurs infrastructures en tenant compte des exigences de base de l’Organisation en matière de résilience. Par ailleurs, l’OTAN organise des exercices et procède à des échanges de bonnes pratiques avec les pays partenaires – dont beaucoup sont d’importants producteurs d’énergie ou des pays de transit –, avec d’autres organisations internationales et avec le secteur privé. Depuis 2018, le Centre régional OTAN-Initiative de coopération d’Istanbul (ICI) accueille un stage de formation consacré à la protection des infrastructures énergétiques critiques.

L’OTAN aide les autorités nationales à accroître leur résilience s’agissant de faire face à des perturbations des approvisionnements en énergie susceptibles d’impacter la défense nationale ou la défense collective.

Assurer l'approvisionnement des forces armées en énergie

L'approvisionnement en énergie des forces armées doit pouvoir être garanti en permanence. Comme les forces armées sont tributaires des réseaux d'énergie civils, il est important d'assurer la sécurité des infrastructures énergétiques critiques et des chaînes d'approvisionnement et de développer des solutions énergétiques novatrices, résilientes, efficientes et autonomes pour les armées, par exemple des micro-réseaux dotés d'une capacité de production d'énergie hybride.

Par ailleurs, les forces de combat ont des besoins importants en carburant, et cette dépendance peut nuire à leurs performances, accroître leur vulnérabilité et les contraindre à réaffecter une partie de leurs effectifs à la protection des lignes d'approvisionnement. L'amélioration de l'efficacité énergétique pourrait dès lors avoir des effets bénéfiques sur la puissance de combat et l'agilité de ces forces. Dans le contexte de la transition énergétique mondiale, l'OTAN cherche à faire en sorte que les forces armées utilisent l'énergie de manière plus efficiente et plus responsable tout en maintenant leur efficacité opérationnelle.

Le programme Énergie intelligente qu'a lancé l'OTAN est axé sur la réduction de la consommation de combustibles fossiles dans les infrastructures déployées (c'est-à-dire les camps militaires), l'objectif étant d'accroître l'autonomie des forces, d'alléger la charge logistique et de réduire l'empreinte environnementale de ces infrastructures.

Par ailleurs, dans un contexte de sécurité plus difficile, les Alliés entendent faire en sorte que l'approvisionnement énergétique des forces affectées à l'OTAN soit garanti sur l'ensemble du territoire de l'Alliance et, à cet effet, revoient actuellement la chaîne d'approvisionnement en carburant, et notamment le réseau d'oléoducs en Centre-Europe.

 

Évolution

Au sommet de Bucarest, en 2008, les Alliés ont approuvé un rapport intitulé « Le rôle de l'OTAN en matière de sécurité énergétique », contenant une série de principes et d'orientations ainsi que des recommandations sur la voie à suivre. Ces différents éléments ont été réaffirmés lors des sommets suivants et le rôle de l'OTAN en la matière a été précisé.

L'adoption du concept stratégique de 2010, la création, la même année, au siège de l'Organisation, de la Section Sécurité énergétique, au sein de la Division Défis de sécurité émergents (qui s’appelle désormais la Division Innovation, hybride et cyber), et l'accréditation, en 2012, du Centre d'excellence OTAN pour la sécurité énergétique (Lituanie) ont été des étapes importantes de ce processus.

La décision des Alliés d'« [intégrer] […] les considérations de sécurité énergétique dans les politiques et les activités de l'OTAN » (déclaration du sommet de Lisbonne, 2010) supposait également de la part de l'Organisation qu'elle tienne compte de la sécurité énergétique dans ses activités de formation et d'entraînement et dans les scénarios de ses exercices. Depuis, plusieurs exercices comportant des éléments liés à l'énergie ont été menés et des stages de formation spécialisés ont été mis en place, tant dans les pays qu'à l'École de l'OTAN d'Oberammergau.

Au sommet de Bruxelles, en 2018, les Alliés ont souligné le rôle important que la sécurité énergétique jouait dans leur sécurité commune et ont estimé qu'il était essentiel de veiller à ce qu'ils ne soient pas vulnérables à la manipulation dans ce domaine, que celle-ci soit exercée à des fins politiques ou à des fins économiques. En novembre 2019, les Alliés ont approuvé un ensemble de recommandations visant à renforcer le rôle de l'OTAN en matière de sécurité énergétique et prévoyant en particulier de mettre davantage l'accent sur les moyens d'assurer la viabilité de l'approvisionnement en carburant des forces armées sur l'ensemble du territoire de l'Alliance.

En mars 2021, les Alliés ont entériné un agenda sur le changement climatique et la sécurité puis, à l’occasion du sommet qui s’est tenu à Bruxelles en juin de cette année-là, ils ont approuvé un plan d’action pour sa mise en œuvre. Ce plan doit permettre à l’OTAN d’intensifier son action en faveur d’une utilisation plus efficiente de l’énergie par les forces armées sans perte d’efficacité opérationnelle.

Au sommet de Madrid, en 2022, l’OTAN a adopté le concept stratégique actuel, qui tient compte du rôle que joue la sécurité énergétique dans un environnement stratégique plus difficile, dans lequel des acteurs autoritaires et des compétiteurs stratégiques commettent des actes de malveillance dans le cyberespace, jouent sur le levier de l’énergie et usent de la coercition économique. Les Alliés sont ainsi convenus de renforcer leur sécurité énergétique en investissant pour la stabilité et la fiabilité des approvisionnements, des fournisseurs et des sources d’énergie. Ils s’attacheront par ailleurs à déceler et à atténuer les vulnérabilités et dépendances stratégiques, notamment celles qui touchent leurs infrastructures critiques et leurs chaînes d’approvisionnement.

Dans le concept stratégique de 2022, les Alliés sont également convenus de se doter des moyens d'assurer la dissuasion, de se prémunir et de se défendre face à tout procédé à caractère politique, économique ou énergétique ou tout autre procédé hybride qui serait utilisé à des fins coercitives par des acteurs étatiques ou non étatiques. Au sommet de Madrid, les Alliés ont par ailleurs indiqué qu'ils renforceraient leur sécurité énergétique et garantiraient la fiabilité des approvisionnements énergétiques destinés à leurs forces armées.

Au sommet de Vilnius, en 2023, les Alliés ont décidé de développer la capacité de l’OTAN à aider les autorités nationales à protéger les infrastructures énergétiques critiques. Dans un contexte de crise énergétique intentionnellement exacerbée par la Russie, les Alliés ont redit qu’ils étaient résolus à garantir à leurs forces militaires des approvisionnements énergétiques par des moyens sûrs, résilients et soutenables. Tout en s’adaptant à la transition énergétique en cours, les pays de l’OTAN assureront l’aptitude, l’efficacité et l’interopérabilité des forces militaires.

À Vilnius, les Alliés ont également souligné que les infrastructures sous-marines critiques, qui jouent un rôle important s’agissant de garantir les approvisionnements énergétiques, sont soumises à une menace croissante et bien réelle. Ainsi, ils ont décidé d’établir, au Commandement maritime allié (MARCOM), le Centre maritime OTAN pour la sécurité des infrastructures sous-marines critiques. Ils ont également décidé de créer un réseau rassemblant l’OTAN, les Alliés, le secteur privé et d’autres acteurs concernés qui permettra d’améliorer le partage de l’information et l’échange de bonnes pratiques.

Dans les années à venir, l’OTAN poursuivra son travail d’évaluation des risques pesant sur la sécurité énergétique des Alliés et continuera d’approfondir ses liens avec d’autres organisations internationales dans ce domaine. Les Alliés procéderont régulièrement à des consultations sur les développements dans le secteur énergétique qui ont des conséquences pour l’Alliance en termes de sécurité, ils appuieront les initiatives en faveur de la protection et de la résilience des infrastructures énergétiques critiques, ils s’intéresseront aux technologies novatrices, comme les micro-réseaux et les carburants synthétiques, ils continueront de développer la chaîne d’approvisionnement des forces armées en carburant, et ils feront en sorte que celles-ci procèdent aux adaptations nécessaires dans le contexte de la transition énergétique.