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Mise-à-jour: Janvier 2006 | Digithèque de l'OTAN |
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Les origines de la structure militaire de l'OTAN 3. La mise en place de la structure militaire
Le général Eisenhower et son état-major dont le personnel venait de sept autres pays furent alors confrontés au travail considérable consistant à établir une structure de commandement allié qui serait acceptable pour l'ensemble des 12 pays de l'OTAN. Le "groupe de planning du SHAPE [Grand Quartier général des puissances alliées en Europe]" commença rapidement le projet de nouvelle structure d'état-major et de commandement pour l'Europe, en utilisant largement les plans - et plus tard le personnel - que lui avait légués l'Organisation de défense de l'Union occidentale. Afin d'éviter que les efforts de défense des Alliés ne se chevauchent inutilement, l'Union occidentale accepta que l'OTAN assume son rôle et ses responsabilités en matière de défense, lorsque le SHAPE fut activé le 2 avril 1951. Le maréchal Montgomery suivit, exerçant les fonctions de Commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe au cours des sept années qui suivirent, et joua un rôle important dans les débuts du SHAPE. Tandis que la structure militaire commençait à prendre forme, il apparut clairement que les considérations militaires n'étaient pas les seuls facteurs dont il fallait tenir compte et que les questions de personnalité, de politique et de prestige national avaient également leur importance. Eisenhower découvrit rapidement que la tâche consistant à "concevoir une organisation qui réponde aux aspirations de douze nations différentes ou aux ambitions personnelles des individus concernés est une tâche très laborieuse et ingrate." La plus grande controverse fut liée à une nomination sur laquelle il n'avait aucun contrôle, celle du Commandant suprême allié de l'Atlantique (SACLANT). En tant que second haut commandant de l'OTAN, il bénéficierait d'un statut équivalent, et non subordonné, au SACEUR. En décembre 1950, le Conseil décida que les États-Unis pourvoiraient le poste de SACLANT, ce qui signifiait que les Américains occuperaient les deux postes de commandant suprême de l'OTAN. Cela déclencha d'immenses controverses au Royaume-Uni, alimentées par les critiques acerbes formulées contre le gouvernement par le chef de l'Opposition, Winston Churchill. C'est sur cette toile de fond que le groupe de planning du SHAPE se mit au travail afin d'établir, dans son propre domaine de responsabilité, une véritable structure de commandement, dont la mise au point s'avéra lente. En 1951, le Commandement allié en Europe fut divisé en trois régions: la région Nord, qui comprenait la Norvège, le Danemark, la mer du Nord et la Baltique, la région Centre, qui comprenait l'Europe occidentale, et la région Sud, qui comprenait l'Italie et la Méditerranée (la Grèce et la Turquie n'étaient pas encore membres de l'OTAN). La solution des problèmes de commandement dans la région Nord allait demander cinq années de planification et de négociations délicates avant qu'un commandement intégré de l'OTAN - Forces alliées des approches de la Baltique - comprenant du personnel allemand et danois soit finalement créé en 1962. L'organisation de la région Centre subit également des transformations considérables jusqu'en 1953, et resta ensuite à peu près la même jusqu'aux changements qui touchèrent l'ensemble de l'OTAN en 1966-1967. Il s'avéra difficile de concevoir une structure de commandement qui réponde aux intérêts nationaux de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis, de l'Italie, de la Grèce et de la Turquie dans la zone méridionale. Il fallut deux années pour intégrer ces pays au sein d'une structure de commandement de l'OTAN qui ne prenait un sens que si elle était perçue du point de vue politique plutôt que militaire. La difficulté première était de concilier les divergences entre le Royaume-Uni et les États-Unis au sujet des nominations au sein des commandements, les Britanniques étant déterminés à conserver leur prépondérance traditionnelle en Méditerranée. Le souhait des Français de jouer un rôle plus marqué fut exaucé avec la création d'un Commandement de la Méditerranée occidentale, confié à un amiral français en septembre 1951; trois mois après, un Commandement de la Méditerranée centrale dirigé par un Italien fut établi, les forces navales britanniques restant en dehors de la structure de commandement de l'ensemble de la région Sud. Il fut possible de commencer à sortir de l'impasse en janvier 1952 lorsque les Britanniques abandonnèrent leurs objections à la nomination d'un Américain au poste de SACLANT, et ce quartier général devint opérationnel aux États-Unis en avril la même année. Le fait que les États-Unis aient accepté à la fin de l'année 1951 que les limites du commandement du SACLANT soient redessinées afin d'exclure les eaux territoriales britanniques, en particulier les ports vitaux de la Manche, facilita cette mesure. En février 1952, cette zone devint une partie d'un troisième grand quartier général, le Commandement allié de la Manche, confié à l'amiral britannique chargé de la flotte britannique. Le "Commandement de la Manche" avait théoriquement le même statut que le Commandement allié en Europe et que le Commandement allié de l'Atlantique, même si ses forces et, géographiquement, sa zone de responsabilité, étaient beaucoup plus réduites. En mars 1953, l'OTAN créa également une force alliée de la Méditerranée, commandée par l'amiral britannique Mountbatten, comte de Birmanie, relevant du SACEUR.Compte tenu des points de vue et des intérêts divergents, le fait d'être parvenu à une structure de commandement acceptable par toutes les parties constituait un exploit. En fi n de compte, il s'agissait d'une solution temporaire, avec des problèmes de concurrence entre des commandements ayant des responsabilités se chevauchant, et, malgré ses défauts manifestes, personne ne voulut remettre en cause cette solution atteinte laborieusement, du moins pour le moment. ![]()
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