La sécurité transatlantique vue par les femmes

  • 30 Jun. 2011 -
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  • Mis à jour le: 14 Jul. 2011 16:45

Plus de cent jeunes candidates qui travaillent ou étudient dans le secteur de la sécurité internationale ont participé à un concours qui visait à encourager les femmes à faire entendre leur voix dans le débat sur les questions touchant à la sécurité transatlantique.

English / Anglais<br> AR2007-M004-00XX<br> 6 Jan 07<br> Kandahar, Afghanistan<p>  Kandahar Provincial Reconstruction Team medical outreach patrol at the Ministry of Women's Affairs for burned and battered women in Kandahar City. <p>  The Kandahar PRT consists of Canadian Forces members, a civilian police contingent led by the RCMP, representatives of the Department of Foreign Affairs and International Trade and the Canadian International Development Agency. The PRT conducts coordinated interdepartmental operations to promote good governance and assist the Government of Afghanistan to extend its authority in the province of Kandahar, to facilitate the development of a stable, secure and self-sustaining environment for the Afghan people. <br> Photo WO Sean Chase<p>  French / Français<br> AR2007-M004-00XX<br> Le 6 janvier 2007<br> Kandahar, Afghanistan <p> FRENCH TRANSLATION TO FOLLOW
Plus de cent jeunes candidates qui travaillent ou étudient dans le secteur de la sécurité internationale ont participé à un concours qui visait à encourager les femmes à faire entendre leur voix dans le débat sur les questions touchant à la sécurité transatlantique.

Cent six candidates, originaires de trente‑quatre pays différents, ont pris part à ce concours, organisé à l'occasion du dixième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui reconnaît l'effet disproportionné que les guerres et les conflits ont sur les femmes et les enfants.

« Les articles, très intéressants, abordaient de nombreux thèmes non traditionnels en rapport avec la sécurité, comme le commerce des armes, le changement climatique, la diplomatie culturelle, la cybersécurité, l'immigration, les questions de genre, et l'interdépendance entre développement durable et sécurité », explique Joerg Wolf, rédacteur en chef du site web atlantic‑community.org, le groupe de réflexion en ligne qui a organisé le concours, sous le parrainage conjoint de l'OTAN et de la mission des États‑Unis auprès de l'OTAN.

Les lauréates, dont les noms ont été dévoilés en mai, travaillent ou étudient toutes les trois dans le domaine de la sécurité internationale. Joerg Wolf s'est dit surpris par le niveau global des candidates, et ravi de constater que, suite au lancement du concours, le site s'est enrichi de près de 400 inscriptions féminines entre octobre et mars.

Au‑delà de la résolution 1325 proprement dite, les participantes ont débattu de thèmes allant des armes de petit calibre à la gestion des ressources et de l'énergie, en passant par les révolutions arabes et l'avenir de l'Afghanistan.

Donner voix au chapitre aux femmes

Pour la gagnante, Rebecca Gerome (24 ans), le concours a été l'occasion de publier son travail consacré aux armes légères et de petit calibre et à leurs effets sur les femmes, un sujet qu'elle étudie pour le compte du réseau féminin du International Action Network on Small Arms (IANSA).

« Trop souvent, la communauté du désarmement ignore les questions de genre », explique Rebecca Gerome. « Ces questions doivent être prises en considération dans les discussions concernant le Traité sur le commerce des armes, dans la mesure où l'emploi des armes et leur impact revêtent une dimension hommes‑femmes. En particulier, il faudrait éviter tout transfert d'armes s'il existe un risque important que ces armes facilitent la violence de genre, et notamment le viol et les autres formes de violences sexuelles. »

Tout en reconnaissant que les hommes peuvent, eux aussi, être victimes de la violence des armes à feu, la gagnante du concours précise que la prolifération des armes de petit calibre touche les femmes de manière disproportionnée, même si elles utilisent rarement ces armes elles‑mêmes. « Étant donné que ce problème les concerne, les femmes devraient elles aussi être associées au débat », explique Rebecca, ajoutant que ces femmes, et celles qui se sont déjà exprimées contre la violence, ont un vécu très important à partager, et qu'elles ne sont pas encore représentées de façon adéquate dans les discussions.

Natasha Lamoreux, qui a fini deuxième du concours, acquiesce. « Exclure les femmes des différentes phases d'un processus de paix – de la stratégie de prévention en amont à la résolution du conflit et à la réconciliation –, signifie perdre un point de vue unique et précieux », explique‑t‑elle.

Le concours a touché la corde sensible de cette jeune femme de 35 ans, étudiante de troisième cycle au Center for Global Affairs de l'Université de New York. Après avoir écouté un agent de l'ONU s'exprimer sur la question des femmes, de la paix et de la sécurité, elle a commencé à utiliser le forum du site Atlantic Community pour faire des recherches plus approfondies sur le sujet, et c'est là qu'elle a vu une publicité pour le concours.

Générer une volonté politique en faisant participer les femmes

S'agissant de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU, Natasha Lamoreux estime que les résultats obtenus ne sont pas suffisants, faute de volonté politique, et elle est convaincue que renforcer la participation des femmes dans le secteur de la sécurité permettrait de remédier à la situation. Elle explique pourquoi elle pense que les organisations internationales devraient établir des systèmes de quotas pour faire en sorte qu'un plus grand nombre de femmes soient associées au processus de résolution des conflits.

« Si elles prennent part au processus à l'échelle internationale, en tant que personnel ONU de maintien de la paix ou personnel OTAN, des femmes vulnérables, qui ont été victimes de combats ou de déplacements forcés à la suite d'un conflit, peuvent réellement commencer à se sentir davantage en sécurité. […] En politique, vouloir c'est pouvoir, » explique Natasha.

Tout en reconnaissant que l'OTAN ne dispose pas de forces armées en propre, elle ne voit pas en quoi ceci devrait « empêcher l'Alliance d'instaurer un système de quotas prévoyant un pourcentage minimum d'effectifs féminins parmi les forces. Un plus grand nombre de femmes choisiraient de s'engager dans l'armée si elles mesuraient l'impact qu'elles pourraient avoir sur les conditions de vie de la population féminine locale. »

Natasha Lamoreux ajoute : « l'OTAN pourrait servir de catalyseur pour générer la volonté politique qui amènera les chefs d'État [et de gouvernement] à œuvrer à la mise en application sur le terrain de la résolution 1325 de l'ONU, et des résolutions qui suivront. »

Rachel Posner est un peu plus optimiste en ce qui concerne la participation des femmes dans les relations internationales. Cette candidate, qui travaille au département de la Défense des États‑Unis, a terminé troisième du concours en ayant rédigé un essai dont l'objectif était de contribuer à promouvoir la stabilité et la sécurité en Afghanistan au travers d'une collaboration dans le domaine de la gestion de l'énergie et des ressources.

« C'est très stimulant d'être une femme dans le secteur de la sécurité internationale », explique Rachel. Les femmes qui y occupent des postes élevés n'ont jamais été aussi nombreuses, et ces responsables féminines donnent des conseils et assurent un encadrement pour la génération suivante.