Premier exercice aérien réel OTAN-Russie de lutte contre le terrorisme

  • 06 Jun. 2011 - 10 Jun. 2011
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  • Mis à jour le: 24 Jun. 2011 15:33

Des chasseurs polonais, russes et turcs sont intervenus en réponse au détournement simulé d'un avion de transport de passagers par des terroristes au cours de l'exercice de lutte contre le terrorisme « Vigilant Skies 2011 », qui s'est déroulé du 6 au 10 juin. L'exercice était une démonstration conjointe de l'état de préparation opérationnelle de l’Initiative du Conseil OTAN-Russie sur l'espace aérien en coopération (CAI). Il s'agissait du premier système OTAN-Russie de ce type à être mis en service, et du premier exercice aérien conjoint de lutte contre le terrorisme à être mené en temps réel.

« Cet exercice contribuera à l'élaboration de normes de communication entre nos experts civils et militaires russes et leurs collègues de l'OTAN, […] améliorant ainsi les possibilités de protéger les citoyens contre des actes terroristes, » déclare le général de division Evgueni Potapov, directeur russe de l'exercice.

Le développement du système CAI est l'un des domaines prioritaires du programme de travail du Conseil OTAN-Russie (COR). Ce système vise à prévenir des attentats terroristes menés avec des avions civils, comme ceux qui ont frappé le World Trade Center le 11 septembre 2001, grâce à un partage d’informations sur les mouvements dans l’espace aérien des pays de l’OTAN et dans l’espace aérien russe, et à une coordination des interceptions des avions suspects. L'initiative améliorera la sûreté aérienne pour les milliers de passagers empruntant chaque jour des vols internationaux entre l’espace aérien des pays de l’OTAN et celui de la Russie, et pour les millions d’habitants des régions survolées.

Ce nouveau système de sûreté de l’espace aérien donne une image radar commune de la circulation aérienne et permet de donner l’alerte à un stade précoce en cas d’activités aériennes suspectes, suivant des procédures agréées en commun. Dans des situations où un appareil commence à se comporter de manière imprévisible, le système de coordination de la circulation aérienne améliore le partage d’informations et la communication, afin que des réponses conjointes puissent être apportées rapidement aux menaces terroristes.

Le système CAI comporte deux centres de coordination – l’un à Varsovie, l’autre à Moscou – ainsi que des stations de coordination locales à Kaliningrad, Rostov-sur-le-Don, Mourmansk (Russie), Varsovie (Pologne), Bodø (Norvège), et Ankara (Turquie).

Des scénarios spectaculaires aériennes

Le 7 juin, premier jour de la phase de l'exercice consacrée aux opérations aériennes réelles, un avion polonais décollant de Cracovie a joué le rôle d’avion suspect. Une déviation par rapport au plan de vol et une interruption des communications avec cet appareil ayant été observées, celui-ci a été intercepté par des chasseurs polonais, relayés ensuite par des chasseurs russes. Après une altercation dans le poste de pilotage, les terroristes ont été maîtrisés, mais l’équipement de navigation de l’appareil a été endommagé et les chasseurs russes ont dû guider l'avion jusqu’en Pologne, où il a fini par se poser en toute sécurité à Malbork.

Le lendemain, au-dessus de la mer Noire, les communications ont été interrompues avec l'avion suspect turc, qui avait décollé d'Incirlik/Adana (Turquie), mais qui avait dévié de son plan de vol. Les chasseurs turcs et russes ont mené conjointement une mission d'interception et se sont relayés pour escorter l'avion.

Développement du système CAI

Sur la base d'une étude de faisabilité qui s'est achevée en 2005, des besoins détaillés ainsi qu'un plan de projet ont été approuvés dans la perspective de la réalisation d'un système CAI, qui permettra un échange réciproque de données sur la circulation aérienne entre des centres situés dans des pays de l'OTAN et en Russie. La mise en œuvre a commencé en 2006, et le système a atteint sa capacité opérationnelle totale en 2011.

L'Agence OTAN de consultation, de commandement et de contrôle (NC3A) a dirigé la mise en œuvre de la partie OTAN du système, et le logiciel a été acquis auprès d'EUROCONTROL.

La mise en œuvre de la partie russe du système a été dirigée par la société d'État de gestion de la circulation aérienne, sous la direction de l'autorité fédérale chargée de la navigation aérienne. La composante russe du système a été réalisée et fournie par l'entreprise Almaz-Antey.

Au total, dix millions d’euros environ ont été investis dans le projet CAI. Les pays qui ont contribué financièrement au projet sont le Canada, les États-Unis, la France, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, la Pologne, la Russie, le Royaume-Uni et la Turquie.

D'autres pays sont libres de contribuer au système ; en effet, il est évident que plus le nombre de pays participants sera élevé, plus l'espace aérien sera sûr. « Il s’agit d'un système modulaire. Nous pouvons bien entendu l'élargir, » explique Istvan Talla, secrétaire général délégué de l'OTAN pour l'investissement de défense. À ce jour, la Finlande et l'Ukraine ont manifesté leur volonté d'y adhérer, et des consultations sont en cours.