Le projet de générateur de rayons X renforce le potentiel des jeunes spécialistes du nucléaire en Ukraine
Le projet NESTOR, qui consiste à mettre au point un générateur de rayons X révolutionnaire, a suscité l'adhésion d'une nouvelle génération de spécialistes du nucléaire en Ukraine. Ce projet, qui a été lancé en janvier 2003 et qui est en voie d'achèvement, est l'un des plus anciens réalisés au titre du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS).
Produire à moindre coût des rayons X à haute résolution

Le projet NESTOR (abréviation de « New Electron Storage Ring » – nouvel anneau de stockage d'électrons) vise à construire un générateur de rayons X. La machine comporte deux parties. Dans la première, les électrons sont soumis à une accélération à très grande vitesse. Dans la seconde, un faisceau laser interagit avec les électrons accélérés pour produire des rayons X de haute énergie. Ces rayons X servent à créer les images à haute résolution qui sont nécessaires pour différentes applications (médecine, criminalistique et sécurité environnementale), et aussi pour la détection des trafics illicites et des explosifs.
Construire des générateurs de rayons X de haute énergie peut être très coûteux. Leur prix varie en général de 200 millions à 1 milliard d'euros. Leurs dimensions – de 700 à 1 500 mètres de circonférence – peuvent par ailleurs poser problème en termes d'espace. Mais le générateur de rayons X construit dans le cadre du projet SPS est beaucoup moins encombrant et peut être produit à moindre coût, sans que le spectre ou le niveau d'énergie en soient affectés.
L'utilisation de technologies de pointe – laser et anneau de stockage – « permet de créer l'énergie voulue dans un espace réduit », explique M. Philippe Fougerolle, directeur adjoint de programme SPS. La machine ne mesure que 15 mètres de circonférence environ et coûte moins de 2 millions d'euros. Elle est installée au Centre national de la science de Kharkiv (Institut de physique et de technologie), en Ukraine ; vu ses dimensions, elle peut être placée dans de petits bâtiments, au sous-sol.
Renforcer le potentiel scientifique en Ukraine
Le projet a également un autre avantage : il suscite l'adhésion des spécialistes du nucléaire, tout en encourageant l'investissement dans la recherche et le développement scientifiques en Ukraine, après l'effondrement de l'ex-Union soviétique. Le projet a pour but, notamment, de « retenir les spécialistes du nucléaire, de mettre à leur disposition les outils nécessaires pour qu'ils puissent continuer à travailler, et d'attirer les jeunes scientifiques, » indique M. Fougerolle.
L'une des priorités majeures était de s'attaquer au problème du vieillissement de la communauté scientifique et de renforcer le potentiel d'une nouvelle génération de chercheurs, tout en aidant l'Ukraine à se doter des moyens requis pour les retenir. « De nombreux scientifiques et autres experts ont atteint un âge où leurs collègues d'Europe occidentale seraient déjà retraités depuis des années, » souligne M. Jan Botman, directeur de projet à l'OTAN. « Apparemment, à l'Institut de physique et de technologie de Kharkiv, c'est principalement sur le projet NESTOR que travaillent les jeunes scientifiques, techniciens et étudiants. » L'équipe responsable du projet compte quarante-deux personnes, dont dix-huit jeunes scientifiques.
Un centre de développement technologique moderne à Kharkiv
Le site du projet NESTOR est lui-même une vitrine du développement technologique moderne, et il offre au centre national de la science un accès à des équipements et à des formations. À la faveur de ce projet, Kharkiv est devenu un pôle scientifique en Ukraine, qui a valeur d'exemple pour d'autres universités et instituts scientifiques.
« Avec son équipement perfectionné, acquis en grande partie grâce à l'OTAN, sa conception moderne et sa technologie de pointe, le projet NESTOR est l'un des plus importants de l'Institut », souligne M. Botman.
Soutenu par l'Ukraine, l'Allemagne, la Russie et les Pays-Bas, le projet a été mené par l'Institut de physique et de technologie, avec l'aide de l'Université de technologie d'Eindhoven.