NATO Run : des coureurs de 18 pays foulent le pavé à Budapest
Il y a quelques semaines, plus de 3 000 coureurs ont pris le départ du NATO Run à Budapest, un événement qui rassemble chaque année des militaires et des civils venus des pays de l’Alliance et des pays partenaires. Parmi les soldats au top de leur forme et les coureurs expérimentés, deux humbles rédacteurs du site web de l’OTAN ont fait de leur mieux pour suivre le rythme, tout en admirant sur le parcours les plus beaux monuments de la capitale hongroise.
Deux coureuses athlétiques et souriantes (pas nous, donc). (Crédit photo : Budapest Athletics Federation)
Nous attendons le signal du départ, profitant des derniers instants de répit avant que le coup de pistolet retentisse. Pendant ces quelques secondes de tension, les bruits s’estompent. Les cuivres retentissants de la fanfare militaire se sont tus. Les organisateurs ont achevé leurs discours inspirants sur l’effort collectif qui unit les sportifs des différents pays, membres ou partenaires, de l’OTAN. La séance d’échauffement nous a permis de préparer nos muscles et d’élever notre rythme cardiaque. En espérant que les nuages gris retiendront la pluie, nous rêvons déjà aux bains thermaux fumants qui nous attendent après la course.
Et puis bang ! Au coup de pistolet, nous voilà partis.
La ligne de départ des 10 km au NATO Run 2022 de Budapest, quelques secondes après le signal de départ. (Crédit photo : Budapest Athletics Federation)
Nous courons dans les rues désertes, accélérant dans la descente vers le Danube. C’est toujours jubilatoire de dévaler une pente… jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’il y aura forcément une montée avant la ligne d’arrivée.
Nous sommes entourés de centaines de personnes, dans un peloton serré qui se délitera à mesure que certains fileront en avant (ceux qui finiront la course en 32 minutes à peine, monteront sur le podium et revendiqueront leur heure de gloire) et que d’autres se feront semer (nous). Beaucoup ont revêtu le t-shirt officiel du NATO Run, mais certains portent des maillots obtenus à l’issue d’autres courses en Europe et dans le monde. Cette année, les participants viennent de 18 pays différents : de Hongrie, bien sûr, mais aussi d’Allemagne, d’Autriche, du Bangladesh, de Croatie, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, de Lituanie, des Pays-Bas, de Pologne, de République tchèque, de Roumanie, du Royaume-Uni, de Slovaquie, de Slovénie et de Suède – sans oublier au moins deux Canadiens, qui ont pour unique atout la capacité innée de résister à l’air frais du matin.
Les coureurs se différencient également par leur âge. Le plus jeune n’a que huit ans alors que le plus âgé a déjà fêté ses 84 printemps. Tout au long du parcours, nous observons les styles de course les plus divers (impressionnants d’efficacité pour certains et assez déconcertants pour d’autres, avec parfois des mouvements de bras aussi improbables qu’inutiles). Nous constatons aussi que les coureurs ont de multiples façons de passer le temps et de rester concentrés : les uns papotent, les autres calquent leur pas sur le rythme de mélodies entraînantes, d’autres encore courent dans le silence, tandis que certains prennent des photos de plus en plus floues pour l’article qu’ils publieront sur le site de l’OTAN.
Tentative de prendre une photo sur le vif avec des mains moites.
Nous traversons ensuite un long tunnel qui passe sous le château de Buda et qui débouche sur les bords du Danube. Nous courons à présent sur une route délicieusement plate, qui nous emmène devant des sites emblématiques, comme le célèbre pont des Chaînes Széchenyi et le somptueux parlement hongrois.
Le NATO Run ne peut se targuer d’une histoire aussi riche que celle de ces monuments de l’époque des Habsbourg. Mais il est toutefois devenu un incontournable sur le calendrier annuel des coureurs. La course de cette année en est la 17e édition.
Avant de partir pour Budapest, nous avons rencontré au siège de l’OTAN Zsolt Rabai, un ancien membre du personnel de l’Organisation originaire de Hongrie. C’est lui qui a lancé l’idée de la première course en 2006.
« Il s’agissait de proposer à la population serbe une activité qui véhicule un message positif, qui donne lieu à une coopération fructueuse. À l’époque, je courais des semi-marathons, c’est comme ça que l’idée m’est venue. »
La première course était une édition spéciale. L’intention de départ étant de mettre en lumière le partenariat entre l’OTAN et la Serbie, les organisateurs ont imaginé une course dont le parcours débutait à Horgoš, dans le nord de la Serbie, et traversait la frontière pour se terminer à Szeged, dans le sud de la Hongrie. Plusieurs moments marquants ont ponctué cette première édition. Ainsi, les participants ont reçu la bénédiction d’un prêtre orthodoxe serbe, et, après avoir franchi la ligne d’arrivée, qui se situait dans un aéroport, ils se sont vu remettre leur médaille par un parachutiste.
Deux coureuses traversent la frontière entre la Serbie et la Hongrie lors de la première édition du NATO Run, en 2006. (Crédit photo : OTAN)
L’année suivante, la course a été déplacée à Budapest, où elle se tient depuis. Au fil des ans, l’événement a permis à des dizaines de milliers de personnes de mettre leur condition physique à l’épreuve, d’admirer la ville et de rencontrer d’autres amateurs de course à pied venant de pays membres ou de pays partenaires de l’Alliance.
Certaines éditions ont apporté leur lot de scènes cocasses : on a ainsi vu des généraux d’armée se passer le témoin dans une course de relais, ou encore deux participants profiter de l’occasion pour s’entraîner au secourisme et courir en portant chacun une extrémité d’un brancard. En 2020, en pleine pandémie de COVID-19, les organisateurs ont conçu une course virtuelle, à laquelle les participants pouvaient prendre part de leur côté tout en respectant les mesures de distanciation physique.
Deux coureurs portent un brancard pendant l’édition 2018 du NATO Run. (Crédit photo : Budapest Athletics Federation)
Après un dernier tronçon le long du Danube, nous faisons demi-tour pour nous engager de nouveau dans le tunnel, dans la direction inverse cette fois. Plus que quelques kilomètres !
Quelques gouttes de pluie s’écrasent sur nos t‑shirts déjà mouillés de sueur alors que nous rassemblons nos dernières forces pour gravir la colline vers la ligne d’arrivée. À ce stade, la fine pluie nous apparaît comme un soulagement et nous donne la force d’accélérer le pas pour le sprint final. Nous franchissons la ligne d’arrivée et recevons notre médaille de participation, emplis d’un agréable sentiment d’accomplissement. À la douceur du moment s’ajoute celle du soda à l’orange et des biscuits au chocolat que nous offre alors un volontaire.
Nous nous mêlons à la foule près de la ligne d’arrivée et encourageons les coureurs qui continuent d’affluer, jusqu’au tout dernier, un monsieur d’un certain âge qui parvient à terminer juste avant la limite des 80 minutes. La pluie commence à tomber à flots peu après que la course s’achève, nous poussant à aller nous abriter.
L’un des splendides bassins Art nouveau aux bains thermaux Gellért de Budapest. (Crédit photo : The Better Vacation)
Il serait inconcevable de quitter Budapest sans avoir fait l’expérience des célèbres bains de la capitale hongroise. Alors que nous nous ressourçons dans les eaux thermales, nous repensons à notre expérience de la course.
En quelque sorte, le NATO Run est un microcosme de l’OTAN. Nous venons de pays différents. Nous avons tous des capacités différentes (certains d’entre nous parviennent à courir dix kilomètres en 32 minutes et d’autres … non) et des façons de faire différentes (n’est-ce pas, M. Bras-qui-frétillent ?). En soi, l’OTAN est une alliance militaire défensive dont la vocation première est de protéger ses pays membres. Il s’agit de sa raison d’être, du pilier inébranlable sur lequel elle repose. Mais tout au long des soixante-dix dernières années, l’Alliance est devenue bien plus que cela : une communauté de nations diverses qui partagent les mêmes valeurs et qui s’unissent non seulement pour assurer leur défense collective, mais aussi pour coopérer en toute amitié. Et ce, pas uniquement sur le champ de bataille ou dans les salles de réunion – sur les pistes de course également.