Préparer les primo-intervenants pour les incidents CBRN
Les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN) figurent parmi les plus dangereuses au monde. Plusieurs groupes terroristes cherchent activement à se procurer des armes de destruction massive, car elles sont associées à des taux de mortalité plus élevés que les armes conventionnelles. Il est important de faire en sorte que les primo intervenants soient préparés à réagir à des incidents CBRN et que les décideurs reçoivent, en temps voulu, les informations scientifiques et opérationnelles nécessaires pour protéger les populations.
Pour que les conséquences d'incidents CBRN puissent être gérées efficacement, un stage destiné aux primo-intervenants s'est tenu au Centre d'excellence pour la défense CBRN interarmées de Vyskov (République tchèque), le 12 novembre 2014. Trente militaires et civils venant de structures de gestion des conséquences d'Azerbaïdjan, de République de Moldova, d'Ukraine et de pays de l'OTAN ont participé à ce stage intitulé « Gestion des conséquences après un incident CBRN ».
L’objectif premier de ce stage était de s’assurer que les primo-intervenants tels que les agents de police, les pompiers et le personnel paramédical ont une base commune de connaissances et un niveau basique de préparation pour pouvoir répondre à un incident CBRN. Alliant théorie et pratique, le stage s'est concentré sur l'aide à apporter aux pays pour améliorer leurs plans civils d’urgence, et sur la manière dont l'OTAN, l'Union européenne et les autres organisations internationales organisent leurs systèmes de gestion des conséquences. L'incident survenu en 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima, par exemple, a été examiné de près, et des experts qui ont contribué à la gestion de cet incident participaient également au stage.
Gérer le redressement
« De nombreuses personnes seront touchées, et un grand nombre de disciplines seront associées à la gestion du redressement », a indiqué le capitaine Gorazd Stergar, instructeur de défense CBRN au Centre d'excellence interarmées pour la défense CBRN. « C'est pourquoi nous devons nous tenir prêts. Ce stage a permis de dégager des pistes quant à savoir comment et où trouver des solutions possibles ; chaque incident CBRN est unique », a-t-il ajouté.
La gestion des conséquences est une responsabilité nationale, et il incombe à chaque pays de gérer les urgences qui se produisent sur son propre territoire. Toutefois, réagir à des incidents CBRN implique la participation de nombreuses organisations et agences puisque aucune agence civile ou militaire ne possède les capacités et l'expertise nécessaires pour gérer seule les problèmes multiples et complexes qui peuvent surgir suite à des incidents CBRN.
Promouvoir la sécurité
La codirectrice de ce projet est le colonel Mariana Grama, du ministère de la Défense de la République de Moldova, dont le pays est confronté à des problèmes de sécurité dans ce domaine. « De nombreuses installations CBRN vulnérables ne disposent pas d'une protection physique suffisante et présentent un risque élevé pour notre sécurité nationale, pour la santé publique et pour l'environnement », a affirmé le colonel Grama. « Par ailleurs, de plus en plus d'agents CBRN sont importés dans notre pays ou passent par notre territoire, et nous sommes confrontés à l'instabilité qui règne dans certains pays voisins, et en particulier en Ukraine », a‑t‑elle ajouté.
Le colonel Grama espère qu'elle pourra, à l'avenir, intégrer ce qu'elle a appris dans les plans de gestion de crise de son pays. Il sera plus facile et plus efficient d'améliorer l'interopérabilité entre les équipes d'intervention aux niveaux national et international et de revoir et de renforcer les plans et mesures CBRN opérationnels du pays une fois que les normes et procédures internationales auront été intégrées, et en particulier celles de l'UE et de l'OTAN, a-t-elle expliqué.
Pour ce qui est du renforcement de la coordination, M. Andrii Vasylyshyndu, du Service de sécurité ukrainien, qui participait à ce stage, a déclaré ce qui suit : « Le processus de mondialisation en cours aujourd'hui change la nature de la guerre, à l'instar de l'accroissement de la menace posée par des groupes terroristes internationaux, organisés en réseaux, décentralisés ou délocalisés, qui sont prêts à utiliser des matières CBRN non plus comme moyen d'atteindre des objectifs politiques, mais comme un but en soi ». Il a ajouté : « il est en plus en plus nécessaire de protéger la société contre de futurs scénarios potentiels dans lesquels des matières CBRN pourraient être déployées au moyen de vecteurs non conventionnels. Il faudra pour cela que les gouvernements, les responsables de la lutte contre le terrorisme et les agences de contre-prolifération coopèrent. »
Partage de l'information sur les menaces et risques CBRN
Outre ce stage, le Centre d’excellence pour la défense CBRN a également inauguré le 12 novembre la première capacité de téléexpertise CBRN de l'OTAN. « Il s'agit de fournir, en temps utile, une expertise CBRN, des évaluations et des avis scientifiques et opérationnels aux commandants de l'OTAN et à leur personnel dans toute la gamme des opérations », a expliqué M. Jamie Shea, secrétaire général adjoint délégué de l’OTAN pour les défis de sécurité émergents.
La salle des opérations située au Centre d'excellence interarmées pour la défense CBRN permettra également aux commandants de l'OTAN de protéger les forces déployées et de donner aux experts des avis CBRN, contribuant ainsi à protéger les populations civiles des pays membres. Autrement dit, elle améliorera la capacité de préparation opérationnelle CBRN de l'OTAN et sa capacité de primo-intervenant.
« Un système de récolte de l'information complet et une évaluation étayée sont des éléments essentiels du renseignement et de la défense CBRN », a indiqué le colonel Jiri Gajdos, directeur du centre d’excellence interarmées pour la défense CBRN. C'est essentiel pour une évaluation fiable des activités, comme on l'a constaté avec l'utilisation abusive de matières CBRN par des groupes terroristes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ou les conséquences d'incidents industriels comme ceux de Tchernobyl ou de Fukushima.
La salle des opérations est déjà en mesure de répondre aux demandes d'information des pays et de l'OTAN 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et elle peut passer rapidement en mode opérations en cas de crise. Elle rassemble des autorités de gestion des conséquences aussi bien militaires que civiles.
Le besoin de téléexpertise CBRN est l'un des enseignements tirés des opérations de l'OTAN et il a été recensé en tant que capacité critique pour les opérations futures dans un environnement CBRN potentiel.
Le stage est financé au titre du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), et la salle des opérations est prise en charge par le programme de travail de l'OTAN pour la défense contre le terrorisme, qui vise à pallier les insuffisances capacitaires critiques de l'Alliance.