Le commandant suprême des forces alliées en Europe, l’amiral James Stavridis, a pris part à plusieurs événements essentiels pour l’Alliance, dont la rédaction du premier nouvel énoncé de sa mission – le Concept stratégique – depuis dix ans. Il explique ici comment les idées sont mises en pratique.
L’OTAN connaît une période de changements considérables en ce qui concerne tant le contexte historique général que certaines étapes décisives au sein de l’Alliance. Le sommet de Chicago de 2012 permettra à nos pays de dresser le bilan des progrès réalisés et de façonner l’avenir de l’Alliance afin de la doter des capacités militaires adéquates pour le XXIe siècle.
Le nouveau Concept stratégique et la Déclaration du sommet de Lisbonne ont appelé à renforcer et à moderniser les capacités militaires de l’OTAN, tout en continuant à promouvoir la stabilité internationale.
Le défi principal auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est de conserver notre aptitude à faire face à l’apparition des menaces et à leur évolution.
Au cours des dix-huit derniers mois, nous avons mené plusieurs opérations majeures qui ont fait appel à un impressionnant réseau de capacités alliées. Aujourd’hui, quelque 130.000 soldats de l’OTAN sont déployés en Afghanistan. Les Balkans continuent de bénéficier d’un environnement marqué par la sûreté et la sécurité, grâce notamment à la présence de 6000 soldats de l’Alliance. Le taux de réussite des attaques de piraterie maritime a diminué de moitié par rapport aux années précédentes. Et nous continuons d’aller dans le sens d’une «défense intelligente» par le biais de la défense antimissile, de la police du ciel dans les États baltes et d’autres initiatives opérationnelles. Tout cela reflète le travail que nous effectuons pour donner vie au Concept stratégique.
La mission de la FIAS en Afghanistan reste notre engagement opérationnel le plus important. L’an dernier, nous avons entamé le transfert de la sécurité aux autorités afghanes, et nous continuons à former des milliers de policiers et de militaires. La transition continue de reposer sur l’accroissement des capacités des forces de sécurité nationales afghanes (FSNA).
Même si des défis subsistent et si la communauté internationale devra poursuivre son engagement, des progrès considérables ont été enregistrés.
Ailleurs, le Printemps arabe et l’escalade rapide de la violence contre des civils innocents en Libye ont surpris beaucoup de monde.
Notre objectif est de prévenir les crises en "balayant l'horizon" pour y déceler les menances naissantes
Les pays de l’OTAN ont réagi rapidement. Ils ont pris la tête d’une coalition de contributeurs sans précédent, du 24 mars au 31 octobre 2011, en faisant respecter un embargo sur les armes par voie aérienne et maritime ainsi qu’une zone d’interdiction aérienne, et en menant des opérations spécifiques pour protéger les civils et les zones habitées. Au total, quatorze pays membres et quatre pays partenaires ont fourni des forces navales et aériennes pour les trois missions de l’OTAN. Les relations politico-militaires développées de longue date grâce aux opérations, aux exercices et aux partenariats de l’Alliance ont permis de lancer les opérations de façon coordonnée, avec une rapidité sans précédent.
Cela a prouvé la valeur de « l’approche globale ». Nous avons vu des conseillers civils assurer une coordination avec des organisations non gouvernementales et d’autres acteurs internationaux de la gestion des crises, et nous avons ainsi mieux pu développer cette capacité dans le cadre de notre restructuration.
Mais mieux vaut prévenir que guérir. Notre objectif est de prévenir les crises en « balayant l’horizon » pour y déceler les menaces naissantes. Notre Centre de gestion globale des opérations de crise (CCOMC), au SHAPE, fait partie de la façon dont nous comptons procéder à cet égard. Son approche spécialisée d’intégration de moyens politiques et civils internationaux et de moyens militaires renforcera également la sécurité coopérative dans des domaines incluant la défense antimissile et la cyberdéfense.
L’environnement stratégique continue d’évoluer rapidement. Beaucoup de choses se sont passées depuis notre dernier sommet et l’Alliance a été très occupée. Ses opérations et son engagement au niveau mondial prouvent que l’OTAN reste pertinente et qu’elle fait preuve d’une efficacité accrue en tant qu’Alliance mature. L’OTAN travaille comme elle est censée le faire, avec nos alliés et nos partenaires qui partagent les charges et les responsabilités des missions opérationnelles.
Mais l'un des défis principaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui est de conserver notre aptitude à faire face à l’apparition des menaces et à leur évolution –souvent imprévisibles– en appliquant nos instruments de manière plus intelligente et plus précise. Le sommet de Chicago nous offre l’opportunité d’aller dans ce sens, mais aussi de continuer à développer les idées du Concept stratégique et à les rendre opérationnelles. Ce faisant, l’OTAN restera la pierre angulaire de la défense collective et une force qui œuvre pour le bien du monde.