Le ministre délégué de la Défense nationale de la Grèce, Yiannis Ragoussis, évoque, pour la Revue de l’OTAN, l’importance que l’Alliance revêt pour son pays, ainsi que le rôle actif que celui-ci y joue.
La Grèce occupe une position stratégique dans la région Sud de l’Alliance, à proximité de l’Europe du Sud-Est, de la Méditerranée orientale, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Cette vaste région se caractérise, comme on l’a vu récemment, par une incertitude géopolitique et par des intérêts stratégiques multiples et opposés.
L’appartenance à l’OTAN est un pilier fondamental de l’architecture de défense et de sécurité de la Grèce, de même que son appartenance à l’UE. Depuis son adhésion à l’Alliance, en 1952, le pays contribue à la sécurité euro-atlantique et bénéficie, en même temps, de la protection sécuritaire que l’OTAN offre à ses membres.
La Grèce étant l’un des plus anciens membres de l’Alliance, un large consensus s’est développé parmi ses citoyens à propos du rôle unique et essentiel que cette dernière joue pour assurer la défense et la sécurité communes de ses membres. Ce consensus s’est élaboré progressivement, même si à certains moments, la relation du pays avec l’OTAN a pu susciter de vives préoccupations auprès des Grecs. Aujourd’hui, face aux défis du contexte sécuritaire moderne, les citoyens comme les responsables politiques reconnaissent que l’OTAN a cessé d’être une simple alliance militaire et s’est transformée en une institution politique de plus vaste portée. Par ailleurs, la stabilité du pays s’est considérablement renforcée. Située dans une région stratégiquement importante, la Grèce tire un dividende en matière de sécurité.
La participation de la Grèce s’est avérée bénéfique pour la sécurité et la stabilité du pays comme de ses alliés de l’OTAN. L’importance de sa situation géostratégique a élargi le périmètre de l’Alliance et la zone de stabilité de l’Europe. Il convient de relever que la Grèce contribue activement à toutes les opérations de l’Alliance, et a notamment participé, dans le cadre de la crise libyenne, à l’opération « Protecteur unifié » depuis le tout début, en fournissant des moyens aériens et navals et en mettant à la disposition des forces alliées ses bases de Crète et du Péloponnèse.
L’intégration de la Grèce à l’OTAN a incontestablement eu une incidence positive pour le pays puisqu’elle a permis d’accroître sensiblement les possibilités de redévelopper les capacités de défense et d’assurer la stabilité et la sécurité nécessaires au développement dans le secteur politique, financier et civil. L’adhésion grecque a élargi et renforcé les possibilités offertes aux forces armées s’agissant de tous les aspects de la réforme de la défense, y compris le développement de concepts, les améliorations sur le plan organisationnel, le renforcement des capacités opérationnelles et des infrastructures, la normalisation et l’entraînement.
En tant que membre de l’Alliance, la Grèce a accès à l’expérience et aux enseignements acquis par les autres Alliés. Tirant parti de cela, elle a établi un programme de défense à long terme efficace et efficient qui a permis de mettre en place des forces armées crédibles et efficaces. L’intégration à l’OTAN a permis d’exploiter des doctrines et des concepts innovants au niveau stratégique comme au niveau opérationnel, de développer de nouvelles capacités et d’adopter de nouvelles technologies. Elle a aussi eu une incidence positive sur la réorganisation de la structure de commandement et sur la réforme de la structure des forces, ainsi que sur l’acquisition d’équipements modernes et d’infrastructures adéquates et sur l’adoption d’un système d’entraînement et d’évaluation efficace, qui ont permis aux forces armées d’atteindre le haut niveau opérationnel qui est le leur. Et surtout, elle a modifié la culture militaire du pays.
Depuis de nombreuses années, la Grèce figure dans le petit groupe d’Alliés dont les dépenses de défense sont nettement supérieures au critère de référence de l’Alliance
Dans le même temps, et conformément aux décisions prises lors du sommet de Lisbonne, la Grèce appuie la transformation de l’Alliance. Compte tenu des défis évoqués dans le Concept stratégique 2010, les efforts restent très centrés sur le développement de forces plus souples, plus performantes et d’un meilleur rapport coût-efficacité.
Je voudrais souligner ici que depuis de nombreuses années, la Grèce figure dans le petit groupe d’Alliés dont les dépenses de défense sont nettement supérieures au critère de référence de l’Alliance. À cet égard, je pense que le concept de défense intelligente contribuera à rationaliser les dépenses de défense alliées d’une manière qui sera bénéfique à la fois pour la Grèce et pour l’OTAN. Il convient de noter, par ailleurs, que l’Alliance et la Grèce se trouvent engagées dans les phases les plus critiques d’une vaste réforme. Dans un contexte de crise financière mondiale et d’insécurité stratégique, et en parallèle avec la nouvelle structure de commandement de l’OTAN, la Grèce met en œuvre son propre examen de la défense.
La défense intelligente doit être considérée comme une initiative politique à long terme qui aura des résultats pratiques significatifs et qui vise à optimiser l’efficacité, la synergie et les économies de coût. La Grèce reconnaît les bénéfices et la rentabilité des efforts de coopération menés dans toute une série de domaines tels que les acquisitions, la gestion de la logistique, la maintenance, l’entraînement, la formation, et la recherche-développement.
Il est communément admis qu’aucun des Alliés ne peut mettre en place ou fournir à l’Alliance la gamme complète des capacités nécessaires pour faire face aux défis sécuritaires nouveaux et émergents. Les efforts collectifs et le développement de projets multinationaux sont la seule réponse logique et prometteuse. La Grèce procède à un examen approfondi des projets auxquels elle participera, en veillant à ce qu’ils aient un bon rapport coût-efficacité et à ce qu’ils contribuent, au final, aux efforts visant à rétablir la stabilité financière du pays.
Compte tenu du caractère volontaire de l’engagement des pays et des réalités financières actuelles, la défense intelligente a davantage de chances d’aboutir si nous parvenons à faire coïncider les besoins des pays et les exigences de l’Alliance. Il est clair, en outre, que chaque pays envisage sa participation aux projets multinationaux sur la base de ses propres préoccupations sécuritaires. La Grèce, pour des raisons évidentes, est l’un des pays susceptibles de retirer un avantage d’une telle initiative.
Pour conclure, je voudrais dire que la situation financière difficile que la Grèce connaît actuellement contribue en fait au renforcement moral de ses forces, qui travaillent plus dur que jamais pour maintenir leur niveau élevé et garantir la sécurité de notre peuple et de notre pays. Permettez-moi également de souligner que la Grèce apporte une contribution positive à la création des structures et des politiques appropriées pour la sécurité régionale. Et enfin, le renforcement collectif de la sécurité et de la stabilité par la constitution d’alliances est profondément ancré dans la culture hellénique. Dans la Grèce antique, Athènes a pris l’initiative de la création de la première alliance de longue durée, la Ligue délienne, dont on a souvent souligné les nombreuses similitudes avec l’OTAN moderne. En raison de sa situation géopolitique et de son rôle régional, de sa participation active à toutes les organisations internationales, de ses initiatives, de ses formes de coopération bilatérales et de sa volonté explicite de paix, la Grèce joue un rôle important pour soutenir l’OTAN du XXIème siècle.