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Mise jour: 04-Feb-2003 | Publications OTAN |
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Depuis la fin de la Guerre froide, l'Alliance a pris des mesures d'une grande portée en vue d'adapter l'ensemble de sa politique et de son dispositif de défense au nouvel environnement de sécurité. En concrétisant leur nouvelle approche large de la sécurité, qui tient compte de l'importance des facteurs politiques, économiques, sociaux et environnementaux, en plus de l'indispensable dimension de la défense, les pays membres de l'OTAN ont tiré pleinement parti des possibilités offertes par l'amélioration considérable de l'environnement de sécurité. La stratégie et le dispositif de forces nucléaires de l'OTAN figurent parmi les premiers domaines soumis à un réexamen et faisant l'objet de certains des changements les plus radicaux. Les plus importants d'entre eux sont décrits plus loin. Pendant la Guerre froide, les forces nucléaires de l'OTAN ont joué un rôle central dans la stratégie de riposte graduée de l'Alliance. Afin d'empêcher, par la dissuasion, une guerre de grande ampleur en Europe, l'OTAN a intégré les armes nucléaires dans l'ensemble de sa structure de forces, et l'Alliance a maintenu une série de plans de désignation d'objectifs pouvant être mis en uvre sur court préavis. Ce rôle impliquait des niveaux de préparation élevés et des états d'alerte de réaction rapide pour des parties importantes des forces nucléaires de l'OTAN. Dans le nouvel environnement de sécurité, l'OTAN a réduit de façon radicale sa dépendance vis-à-vis des forces nucléaires. Sa stratégie reste axée sur la prévention de la guerre, mais elle n'est plus dominée par la possibilité d'une escalade nucléaire. Ses forces nucléaires n'ont plus pour cible aucun pays en particulier, et les circonstances dans lesquelles leur utilisation pourrait devoir être envisagée ne constituent plus que des perspectives très lointaines. Les forces nucléaires de l'OTAN continuent de contribuer, de façon essentielle, à la prévention de la guerre. Leur rôle est aujourd'hui plus fondamentalement politique, et elles ne sont plus dirigées contre une menace spécifique. Elles sont maintenues au niveau minimum suffisant à préserver la paix et la stabilité. Parallèlement à la réduction du rôle des armes nucléaires dans la stratégie de l'Alliance, le dispositif nucléaire de l'OTAN a été considérablement allégé. Au moment où la Guerre froide se terminait, les puissances nucléaires de l'OTAN ont pris des mesures unilatérales pour annuler des programmes de modernisation de leurs forces nucléaires. La France a annoncé qu'elle mettait un terme anticipé à la fabrication des missiles Hadès. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont tous deux annulé des plans relatifs à un missile tactique nucléaire air-surface. Annonçant les décisions ultérieures d'élimination des systèmes nucléaires à lanceur terrestre, les Etats-Unis ont également annulé des plans portant sur un système à capacité nucléaire devant succéder au missile surface-surface LANCE, et sur la production d'un nouvel obus d'artillerie nucléaire de 155 mm. Depuis 1991, la France a ramené ses types de vecteurs nucléaires de 6 à 2. Aujourd'hui, les forces nucléaires françaises, indépendantes, ne comprennent plus que 4 sous-marins lanceurs de missiles balistiques (SLBM) et des avions Mirage 2000N lanceurs de missiles ASMP. Depuis 1992, le Royaume-Uni a abandonné le rôle nucléaire des missiles Lance et de son artillerie à tubes, sa capacité nucléaire tactique maritime, qui reposait précédemment sur les bâtiments de surface, et toutes ses armes nucléaires à lanceur aérien, éliminant ainsi le rôle nucléaire de ses aéronefs à double capacité. Les sous-marins Trident sont désormais le seul système d'arme nucléaire de la Grande-Bretagne. En octobre 1991, comme suite à une initiative du président américain George Bush, l'OTAN a décidé de réduire de plus de 85% le nombre d'armes disponibles pour ses forces substratégiques en Europe. La réalisation de cette mesure s'est achevée en 1993. Dans le cadre de ces réductions, toutes les têtes nucléaires destinées aux forces substratégiques à lanceur terrestre de l'OTAN (y compris l'artillerie nucléaire et les missiles surface-surface) ont été éliminées et le nombre de bombes à gravité larguées à partir d'avions a été réduit de nettement plus de 50%. En outre, la totalité des armes nucléaires destinées aux forces maritimes de surface ont été retirées. Le processus d'élimination a aussi porté sur environ 1 300 armes d'artillerie nucléaires et 850 têtes de missile LANCE. Toutes les têtes nucléaires qui avaient été affectées à ces forces ont été retirées de l'arsenal de l'OTAN. La plupart d'entre elles ont déjà été éliminées, les autres seront éliminées dans le proche avenir et remises aux Etats-Unis. Les Etats-Unis ont aussi tout à fait éliminé l'ensemble des systèmes non stratégiques/substratégiques navals, à l'exception des missiles de croisière nucléaires lancés à partir de sous-marins, qui ne sont plus déployés en mer en temps de paix. En outre, ils ont aussi complètement supprimé le rôle nucléaire de leurs appareils à double capacité embarqués sur porte-avions. Aujourd'hui, les seules armes nucléaires basées à terre dont dispose l'OTAN sont les bombes nucléaires américaines qui peuvent être larguées par des avions à double capacité de plusieurs Alliés. Les dépôts nucléaires de l'OTAN ont également fait l'objet d'une réduction massive (environ 80%), avec l'élimination de systèmes d'armes et la réduction du nombre des armes. En même temps a été mis en place un nouveau système de stockage d'armes plus sûr et plus apte à la survie. Autre changement significatif, avec la fin de la Guerre froide, l'OTAN a cessé de maintenir des plans de circonstance nucléaires permanents du temps de paix et des objectifs correspondants pour ses forces nucléaires substratégiques. En conséquence, les forces nucléaires de l'OTAN n'ont plus pour cible aucun pays en particulier. Profitant encore davantage de l'amélioration de l'environnement de sécurité, l'OTAN a pris un certain nombre de mesures afin de diminuer le nombre et le niveau de préparation de ses avions à double capacité. Prenant une nouvelle initiative unilatérale en décembre
1996, les Ministres des affaires étrangères et les Ministres
de la défense des pays de l'OTAN ont annoncé
que l'élargissement de l'Alliance ne rendrait pas nécessaire
une modification de son dispositif nucléaire sensiblement réduit
et que l'OTAN n'a "aucune intention, aucun projet et aucune raison
de déployer des armes nucléaires sur le territoire de nouveaux
pays membres, n'a aucunement besoin de modifier un quelconque aspect de
son dispositif ou de sa politique nucléaires, et n'en prévoit
nullement le besoin pour l'avenir". Les forces substratégiques
beaucoup plus réduites de l'OTAN qui subsistent continueront, pour
l'avenir prévisible, à répondre aux besoins de l'Alliance
en matière de dissuasion.
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